Sous le titre « Workshop avec gourou filou», ce compte-rendu d’un stage d’un weekend avec un guide spirituel, la preuve que les Occidentaux qui se rendent à Ubud ne sont pas forcément tous des déboussolés prêts à gober n’importe quoi. Certains, comme Sébastien, ont su garder leurs sens critique, ouf !




Il est difficile de vivre à Bali de nombreuses années sans être titillé par toute cette énergie spirituelle… Cérémonies, offrandes quotidiennes, le son des cloches et le chant des prêtres du temple voisin, tous ces beautiful people qui s’adonnent au yoga, pilates et autres détox sont autant d’inspirations et les stages de développement personnel ne manquent pas. Je me suis laissé tenter il y a quelque temps, moi le rationnel terre-à-terre, et l’expérience de ces quelques workshops avec un guide australien avait été si concluante, à la fois utile et fun, que, le weekend dernier, je me suis jeté à l’eau… Allez, hop, tentons un guru de chez guru, le vrai de vrai, le grand manitou bule d’Ubud !

Vous êtes-vous déjà retrouvés dans une pièce fermée, avec une vingtaine de parfaits inconnus avec qui vous êtes censés partager vos blessures les plus secrètes, vos larmes et les tréfonds de votre âme meurtrie ? Non ? Ce n’est jamais facile, vous l’imaginez bien. Mais quand, par-dessus le marché, le guru est un être humain suffisant, autocentré et catégoriquement directif, alors-là, croyez-moi, l’expérience se transforme en sport de combat ! Toutes les techniques d’hypnose et de Programmation Neuro-Linguistique y sont passées. A commencer par sa voix lénifiante qui nous a tous rapidement placés dans un état de relaxation intense, proche du sommeil, dans lequel notre inconscient plus que réceptif a pu absorber chaque goutte de son discours d’intention politiquement correct.

Ce monsieur sanctifié d’un nom indien est tellement imbu de sa personne qu’il s’imagine être le sauveur universel. Sur son site Internet, il n’a pas hésité à se présenter comme un des guides spirituels et guérisseurs les plus doués de la planète. Et pourtant, ses manquements n’ont cessé de compromettre son travail tout au long du weekend avec un manque de professionnalisme déconcertant. Tout d’abord, notre disciple de Krishna est si certain de détenir toutes les vérités, qu’il balayait la moindre contradiction du revers de ses petits doigts boudinés. Il détournait sans cesse notre attention en posant des questions qui contenaient déjà la réponse qu’il voulait entendre. Gare à celui qui ne s’y laissait pas prendre.

Ensuite, il est tellement autocentré, qu’il ne cessait de comparer le vécu de ses patients au sien, mélangeant ses émotions personnelles aux nôtres avec un amateurisme étonnant. Enfin, notre sommité spirituelle est misogyne. Toutes les femmes sont des pécheresses à ses yeux et toutes les mères y sont passées, les célibataires et les mariées, les froides comme les chaleureuses… Aucune n’a trouvé grâce à ses yeux et j’étais bien triste de voir les réactions de toutes ces pauvres femmes qui essaient d’élever leurs progénitures du mieux qu’elles peuvent et qui se sont vues piétiner tout au long de ce stage. Il a été jusqu’à affirmer que le plus grand nombre d’abus sexuels jamais perpétrés l’ont été par des femmes !!!

A la fin du stage, une des participantes a avoué avoir coupé tout lien avec sa famille pour des histoires de religion, et là nous apprenons que notre guru vient d’une famille de témoins de Jehova qui l’a ostracisé lorsqu’il a fait son coming out ! A ben voilà, tout s’explique ! Notre grand ponte des âmes a été biberonné depuis sa plus tendre enfance aux techniques de modification des états de conscience et seuls ses choix sexuels ont pu le libérer d’une telle emprise. Pas étonnant qu’il ait réussi à endormir la vigilance de la majeure partie des participants.

Pourquoi suis-je resté ? Je me le demande encore. Une certaine fascination je dois dire. Comme un éthologue qui observe une nouvelle espèce animale ou un ethnologue qui découvre une nouvelle tribu, ces « disciples » admiratifs et aveugles ont chaviré toute ma logique.

Sébastien

Aucun commentaire:

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar