Comme promis, la suite de la découverte du site de Gunung Padang par notre contributeur Laurent Volk, sous la forme d’un journal. Après le topo d’introduction publié en août dernier, il nous livre ses premières impressions à la vision de ce qui pourrait constituer le plus grand site de l’histoire mégalithique de Java et par conséquent de l’humanité toute entière…

Première nuit passée à Bandung, une ville qui me charme par ses insolites édifices d’architecture Art-Déco et Bauhaus qui lui valent d’être surnommée « Paris van Java », après avoir volé une heure et demie au départ de Bali.
Déroutant a minima : ne se sont jamais rendus à Gunung Padang ni les réceptionnistes de l’élégant hôtel Savoy Homann dont le port altier me laissait pourtant entendre qu’ils avaient déjà tout vu et tout connu, ni mon ancienne et brillante élève Tanti devenue pétillante professeure au Centre Culturel Français avec laquelle je viens de sortir de bonne table sundanaise, ni même les deux jeunes et sympathiques guides francophones rencontrés hier soir par son canal, un comble ! Le plus grand site mégalithique d’Asie et plausiblement le plus vieux temple au monde n’est pourtant situé qu’à 70 kilomètres au sud-ouest de Bandung et ce n’est pas comme si cette région de Java pouvait déjà s’enorgueillir d’une montagne d’attractions touristiques, bien au contraire. Mes interlocuteurs ont toutefois reconnu être au courant des remous générés par les fouilles, « lagi ramai » (ça fait du bruit), mais avec gêne et en prenant grand soin de ne pas s’appesantir. Je n’ai pas insisté, en tout cas pas très fortement.
Je me mordille la barbichette d’avoir manqué moi-même de visiter Gunung Padang quand il m’arriva d’enseigner littérature et langue françaises dans une université de Bandung. Mais je peux me défendre sans peine de ce que Gunung Padang n’était alors l’objet de nuls articles dans la presse indonésienne, reportages télévisés, encore moins de mentions dans les guides de voyage, et de ce que la crise monétaire asiatique acculant l’Indonésie, les incessantes manifestations étudiantes, la mise à feu et à sac de plusieurs grandes villes de Java et la chute du dictateur Suharto qui s’en suivirent, eurent raison de mes désirs de découverte approfondie de l’ouest de Java en plongeant mon jeune esprit dans le cambouis des mécaniques de l’Histoire.


Quinze années plus tard, le vieux quartier continue de se visiter à pied en profitant du doux climat de moyenne montagne, l’emblématique rue Braga est toujours aussi animée et se cherche encore rivale, le somptueux bâtiment Asia-Afrika n’a rien perdu de sa splendeur et rappelle par ses innombrables drapeaux nationaux que la célèbre conférence de 1955 qui s’y tint fit de Bandung pour quelques jours le centre du monde. Mais, c’est pour le nouveau centre du monde que représente pour moi Gunung Padang que je suis de retour en pays Sunda et un autocar « ekonomik » - comprenez cinq sièges par rangée et karaoké de rigueur - me secoue le corps et les souvenirs en route vers Cianjur, bourgade pourvue d’un seul point de chute : un hôtel délabré de ceux qui ne se recommandent pas pour autre raison que le tournage d’un film policier. Peu importe, je me trouve désormais à moins d’une heure et demie du présumé plus vieux vestige de l’humanité, une voiture avec chauffeur m’attend demain huit heures, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, je n’ai plus qu’à m’endormir en comptant les camions et bus de nuit déboulant dans l’avenue, en moyenne deux par minute.


Jeudi 26 septembre 2013. J’ai dû m’endormir vraiment très tard car il m’a fallu longtemps pour réaliser qu’une main inconnue cognait la porte de ma chambre. Le soleil s’est levé sur la plaine de Cianjur, le ciel est bleu, le jour que j’attends depuis des mois, c’est aujourd’hui ! J’engloutis un mangeable riz frit assorti de légumes avec, posé à côté de mon assiette, le Cianjur Expres qui titre en une, ô surprise, « Warga Gunung Padang jangan Terprovokasi » (La population de Gunung Padang doit éviter de réagir aux provocations). Tiens, tiens, en voilà un décor bien planté ! Je monte dans la voiture où m’attend, les deux mains sur le volant, Mas Reda, un Sundanais peu volubile mais qui s’avèrera très dévoué. Il lui est arrivé une seule fois d’amener des touristes domestiques à Gunung Padang, ils semblaient très satisfaits de leur visite mais lui-même s’était abstenu de gravir la colline pour visiter le site archéologique, jugé « angker » (effrayant).
Nous avons suivi la départementale en direction de Sukabumi pendant une vingtaine de minutes avant de prendre un chemin de terre indiqué par une pancarte métallique mentionnant « Situs Megalit 20 km ». Nous passons par des champs de cacahuètes et des rizières en terrasses qui ont peu à envier à celles de Bali, traversons des villages de moins d’une dizaine de maisonnées, puis, gagnant en altitude, d’immenses champs de thé qui recouvrent entièrement les vallons. Notre voiture de ville est à la peine mais la frappante beauté des paysages l’emporte nettement sur l’inconfort du trajet. Une ligne de train reliait jusque six ans en arrière cette région reculée et Mas Reda me raconte qu’il est prévu qu’elle soit remise en fonction pour transporter les touristes quand ils afflueront en très grand nombre… Quand ? Il s’avance dans la presse que la restauration totale du monument, de deux cent mètres de haut et étendu sur une surface de vingt-cinq hectares, soit dix fois la taille de Borobudur, nécessiterait près de dix ans. Quel long chemin de patience, semé d’embûches de surcroît.


Nous venons de nous garer devant l’entrée du site, il n’y a pas foule. Les quelques warung en bois servant des soupes et des nouilles contrastent avec le centre d’informations en dur dont la construction vient de s’achever, aux panneaux explicatifs bien conçus, partiellement traduits en anglais. Les tickets d’entrée - 40 centimes d’euro pour les étrangers et 15 centimes d’euro pour les autochtones - sont ridiculement bas, même pour l’Indonésie. Je suis approché par Pak Alek, un villageois faisant partie du service d’accueil qui me confirme que les fouilles ont malheureusement été interrompues, une fois encore, l’usage de dynamite nécessaire à l’étude tomographique ayant soulevé des protestations des habitants. Je fais comme si je ne savais pas que quatre chercheurs ont été passés à tabac par des inconnus le 5 septembre dernier, un incident détestable qui a été étouffé mais dont j’ai pris connaissance directement par Andi Arief, le chef de l’équipe de scientifiques tentant de redonner vie à Gunung Padang, avec le soutien du président de la république indonésienne mais sans financement gouvernemental.
Pak Alek commence par me montrer une source d’eau à usage purificateur dont je m’asperge abondamment et que je bois, avant d’entamer la montée par le chemin ancestral constitué de blocs de pierre d’environ un mètre vingt de long posés en travers. La pente est très raide et il me faut retrouver du souffle à mi-parcours. Un nouveau chemin en béton a été construit pour rendre la montée moins difficile aux visiteurs mais je suis heureux de souffrir un peu. Comme j’aperçois maintenant le bout de ce vertigineux escalier de 370 marches, mon impatience augmente et j’accélère le pas. Oh la ! Je viens d’atteindre la première terrasse et je suis estomaqué par ce que je vois. Cela ne ressemble à rien de ce que j’ai vu jusqu’à ce jour, l’amas de mégalithes est gigantesque ! Pak Alek m’avait prévenu, « ils sont encore là » et j’ai effectivement l’impression d’entrer dans une demeure, sensations étranges dans mes jambes… C’est Gunung Padang ! Littéralement « montagne-lumière » ou « montagne pour Dieu », enfin ! Et quelle merveille ! Nous atteignons un endroit où des menhirs forment un enclos où gît une grande pierre, la seule du site à être plate, de forme ronde et de couleur ocre, vraisemblablement servait-elle comme autel pour les offrandes. Voisins d’une dizaine de mètres, Pak Alek m’indique deux blocs d’andésite qui ont la rarissime propriété de sonner toutes les notes du gamelan sur leur longueur. Il me fait une démonstration et sourit, satisfait. Il me raconte que souvent des visiteurs s’évanouissent ou tombent en transe ici. « Il ne faut pas avoir l’esprit vide ou mal intentionné », me dit-il. « C’est un lieu sacré où traditionnellement l’on vient pour prier les ancêtres. Pas seulement nos ancêtres mais les ancêtres de tous les êtres humains, ce site est universel », conclut-il avec conviction. Je demande à Pak Alek de me montrer l’excavation partielle du deuxième niveau de construction du monument, de deux à quatre mètres sous terre et carbodaté à 4500 ans av JC. Il m’y emmène avec enthousiasme et c’est là que je regrette vraiment que les fouilles n’aient cours, quel plaisir cela aurait été d’assister en direct à la renaissance de Gunung Padang, d’aider à porter quelques sacs, que sais-je. Car voilà, le monument ne se limite pas aux cinq terrasses supérieures, vieilles d’environ 2500 ans, que je viens de visiter et dont la configuration est assez similaire à Machu Picchu au Pérou, elles n’en sont en vérité que le toit ! A suivre.

Laurent Volk, le 15 octobre 2013
Une réaction négative à notre dossier « spécial entrepreneurs » de Sumba du mois d’août dernier…


Messieurs, en archivant le n° d’août de la Gazette, j’ai relu votre article sur l’après Bali à Sumba. A la première lecture, j’avais été choqué par ce que vous aviez écrit ou non écrit, ma relecture n’a fait qu’augmenter mon mécontentement. Je ne conçois pas que le rôle de la Gazette soit de faire de la retape pour des investisseurs ou spéculateurs immobiliers, de la publicité pour des activités commerciales tout en critiquant ce qui a fait évoluer Bali vers cet « enfer d’urbanisation ». J’espère qu’en se présentant avec un exemplaire de la Gazette, ces commerces font un discount car vous avez oublié de joindre des coupons de réduction. Sumba a d’énormes problèmes d’infrastructures, routes, approvisionnements, eau, santé... Et la venue  de touristes n’est pas ce dont ils ont besoin actuellement car, comme vous le dites, le tourisme n’apporte rien de bon dans ses valises. Enfin, parler de Sumba et de son développement sans faire référence ou même allusion à André Graff me semble relativement malhonnête ou imbécile mais il est vrai qu’il n’a rien à vendre.

Jean Marie Fillon

La réponse de la rédaction…

Monsieur Fillon, je suis bien désolé que vous ayez interprété notre dossier Sumba du mois d’août d’une manière aussi erronée. Notre mission est d’informer et de rendre compte de l’actualité de l’Indonésie. Nous avons noté depuis plusieurs années que Sumba fait rêver, en particulier des gens qui ne trouvent plus à Bali ce qu’ils sont venus y chercher, c’était le sens de mon édito et de l’introduction que nous avons consacrée à ce dossier sur trois pages.

Il y a mille manières d’aborder Sumba. On peut le faire en parlant des acteurs sociaux comme l’article que nous avions consacré il y a 6 ans à André Graff et ses puits (cf. La Gazette de Bali n°28 - septembre 2007). Il ne s’agissait pas cette fois-ci d’écrire un papier sur le sous-développement de cette île et ses famines récurrentes ou sa sécheresse dont nous avons cependant touché un mot. Il rentrait dans la catégorie « spécial entrepreneurs », comme le mentionnait le titre de page, parce que des gens ont le dessein de s’y installer pas seulement pour vivre mais aussi pour y mener des activités commerciales, certains comme Ali Derdouri y gèrent déjà un hôtel depuis plusieurs années avec d’ailleurs beaucoup de respect et de compréhension pour leur environnement socio-culturel.

Votre réaction urticante et disproportionnée vous range-t-elle dans la catégorie de ceux pour qui le commerce est un gros mot ? Vous pouvez sans doute avoir mille bonnes raisons de critiquer la manière dont les autorités indonésiennes entendent développer Sumba mais c’est un fait indéniable et c’est notre métier d’en parler. Nous n’avons rien à vendre même si le journal que vous tenez en mains est entièrement financé par les annonceurs. Enfin par souci de vérité et contrairement aux propos que vous nous prêtez dans votre courrier, nous ne disons pas que « le tourisme n’apporte rien de bon dans ses valises », une remarque par trop simpliste à notre sens.
Salutations.

Socrate Georgiades
Enième épisode des aventures médicales qu’on peut vivre en Indonésie, celle-ci, un accouchement, se termine heureusement bien pour tout le monde avec même un coupon massage et des soins pour les cheveux…


Je vous écris pour vous faire part de l’aventure de la grossesse de ma femme et de son accouchement, heureusement avec un happy end puisque mon fils est en pleine forme. Je passe sur le difficile choix des packages pour les accouchements à Bali, entre 3 et 98 millions, jacuzzi, massage et brushing compris. Je passe aussi sur le fait que les médecins conseillent fortement l’accouchement par césarienne quand il s’agit d’un enfant mixte parce qu’ils ont peur qu’une Indonésienne ne puisse pas accoucher d’un enfant de plus de 3 kg à moins qu’une césarienne ne soit bien plus lucrative… Nous avons refusé la césarienne, moi par principe et ma femme indonésienne parce qu’elle ne voulait pas de cicatrice. Notre choix s’est porté sur la maternité de XXXX, non loin de Sanglah à Denpasar pour un package à 17 millions avec suite de luxe. Autre particularité d’une grossesse à Bali, en guise de préambule, le fait que les médecins conditionnent les femmes enceintes pour qu’elles prennent des vitamines (500 000 Rp/mois) et du lait en poudre spécial femme enceinte tout au long de leur grossesse, ma femme y croyait tellement dur comme fer qu’il n’y avait aucun moyen de lui faire entendre raison… Jusque-là, on est OK, la médecine, c’est du business, à Bali et ailleurs, on est d’accord. Là où ça se complique, c’est au moment tant attendu de l’accouchement.

On se présente à 1h du matin à la maternité, ma femme commençait à perdre ses eaux. On nous fait entrer dans ce que je croyais être une salle d’attente, il y avait des traînées rosâtres sur les murs et beaucoup de bruit. Comme le col de ma femme n’était encore dilaté qu’à 2 et que de toute façon, le médecin n’arrivait pas avant 10h du matin, on nous a fait monter dans notre chambre. La suite en question est vieillotte, les meubles sont écaillés, la clim pue, le rideau menace de tomber, c’est sale mais on ferme les yeux. Enfin, pas tout à fait, j’appelle en vain les aides-soignantes pour qu’on lui change son alèse, j’insiste, je vais me placer auprès du poste de garde et enfin, quelqu’un daigne se déplacer. A midi dix, ma femme descend en salle d’accouchement, en fait la même pièce que la veille. A la lumière du jour, je me rends compte qu’elle est traversée par les fourmis, envahie par les mouches et que nous devons lutter contre les moustiques, toutes ces bestioles certainement attirées par l’autel et ses offrandes dans un coin de cette salle nullement aseptisée. Il y a du bruit dans cette pièce qui comporte 5 alcôves, on entend les femmes accoucher, la famille commenter, on se croirait dans un warung…

Nous sommes dans un isoloir, séparé par un rideau sauf que notre alcôve est la seule à comporter un lavabo alors tout le monde débarque à l’improviste pour s’y laver les mains, visiteurs et personnel soignant… Ah oui j’oubliais, notre alcôve comporte aussi une porte par laquelle le personnel passe pour évacuer les déchets !

On avait pris un package avec péridurale qui doit se faire normalement à 4 de dilatation mais l’anesthésiste est arrivée alors que ma femme se tordait de douleur, elle était déjà à 8. J’avais certifié à ma femme qu’elle ne sentirait rien, mon ex-femme française avait accouché avec le sourire sous péridurale… J’ai dû leur prêter main forte pour poser cette aiguille mais ça n’a pas fonctionné et ce malgré la deuxième dose injectée 45mn plus tard.

A 14h, alors que ma femme hurle de douleur parce que la péridurale n’a pas fait son effet, le personnel soignant déserte tout à coup et 4 personnes de l’administration font leur apparition. On me fait signer des paperasses, je ne comprends rien, du genre une décharge parce que nous avons refusé la césarienne et surtout on me demande de verser de l’argent, davantage que l’acompte de 5 millions déjà payé la veille. Je me fâche, leur fais remarquer qu’il y a des moments plus appropriés pour parler d’argent mais je finis par obtempérer, j’ai envie de tout casser, je vais payer et l’équipe soignante revient.

Finalement, ma femme accouche deux heures plus tard, jusqu’à la fin, elle s’est tordue de douleur. Le lendemain matin, au moment de payer le solde, je remets une lettre au directeur en demandant des explications et aussi un dédommagement à hauteur du surcoût entraîné par la péridurale ratée. Une heure plus tard, cinq personnes débarquent dans la chambre, les mains jointes pour s’excuser du préjudice causé, en remerciant des informations fournies sur la maternité parce qu’ils ne savent pas comment elle fonctionne… J’apprécie leurs excuses, je suis encore sous le choc de cette expérience de la veille mais je réitère ma demande de dédommagement. On me sort finalement une enveloppe de 8 millions en cash accompagnée d’un voucher soins pour les cheveux, d’un massage et du taxi de retour jusque chez nous.

Olivier
Nous n’avons pas l’habitude de publier les messages de félicitations que nous recevons mais pour fêter le numéro 100 de la Gazette, nous passons celui-ci qui nous va droit au cœur. Au nom de toute l’équipe, merci Cédric !

Toutes mes félicitations à La Gazette de Bali ! Fraîchement débarqué,
j’ai ramassé votre canard en pensant : « Ah, voilà la feuille de choux des Français ! Bon, il faut que je voie un peu comment ça se passe ici ; il faut que je me colle les usuels potins sans intérêt, bourrés de fautes et imprimés de travers. »
J’avais tort de médire ! Loin du gribouillis-fouillis que l’on rencontre dans toutes les grandes villes remplies d’expatriés français et que l’on parcourt en cinq minutes, j’ai été ravi de ma lecture de votre mensuel. Merci et bon courage pour votre continuation.

L’aspect, c’est la première impression : merci pour ce beau papier et cette belle présentation. Même les publicités sont chouettes ! Merci pour le tableau de marée pour aller courir sur la plage à marée basse. Et surtout merci pour ce petit humour qui m’a fait souvent sourire :
- la tante Yvonne et les waka-bâfreries de Socrate ;
- les bedaines atrocement découvertes de Didier ;
- les conseils taquins de Stéphanie (à l’heure de la découverte, je chasse justement les marchés de fruits) ;
- l’agacement d’Eric et son admiration des kriss (que je vais aller voir dans les prochains jours) ;
- les petites aventures de Ron (qui résonnent dans ma tête – courant, plongée, lamantins) ;
- les mots sages de Lidia (j’ai l’impression de passer mon temps à dire aux enthousiasmés du polyglottisme ce qu’elle écrit-là ; et je me sens donc moins seul) ;
- les petits soucis quotidiens de Nancy (qui me rappellent que chaque installation dans un autre pays est plein de détails à maîtriser ; et je pense : « surtout ne pas m’installer avant d’avoir un vrai projet ») ;
Merci aussi pour les deux articles avec un peu de recul de Jean-Baptiste et Eric et l’interview peu enthousiasmante de Corinne. Ça me donne justement quelques perspectives. Merci aussi de m’avoir fait rêver sans le savoir puisque les éditions Kailash de Pondicherry me ramènent à ma vie en Inde et les Gili devenus saturés à ma première visite en Indonésie il y a douze ans. Je suis arrivé à Bali en tant que marin en escale. Si je reste quelques mois comme entrepreneur qui se remet au travail, je serai ravi de faire votre connaissance. Bon courage à toute l’équipe et surtout : continuez !

Cédric Holtz

L'Archipel en modèle réduit

Une lectrice qui écrit au sujet de l’ouverture du Taman Nusa à Gianyar nous fait part de son enthousiasme après l’avoir visité. Basé sur le même principe que le Taman Mini de Jakarta, ce parc propose donc une visite de l’Archipel en modèle réduit comme son célèbre prédécesseur créé par Ibu Tien, l’épouse Suharto, en 1975. Une visite qui s’impose pour tous les inconditionnels de l’Indonésie que nous sommes…

J’ai eu envie de partager avec les lecteurs de la Gazette une nouvelle attraction culturelle passionnante qui vient d’ouvrir à Bali. Le Taman Nusa est à découvrir en famille, entre amis, en touristes, ou avec l’école dans un endroit splendide chargé d’histoire, de valeurs et de très belles maisons traditionnelles indonésiennes. Le nouveau parc de Gianyar est en construction depuis plus de 7 ans par la volonté et la passion d’un seul homme, un Sino-indonésien de Jambi qui partage, avec toute sa famille, une belle vision de son pays et un concept primordial : la préservation de la culture indonésienne et de son unité. Le parc est magnifique, la visite a été superbe, on y retrouve la beauté de toute l’Indonésie en seulement quelques heures de visite.
Le parc, ouvert depuis le 10 Juillet, n’est pas encore totalement terminé, mais le sera d’ici moins de 2 mois avec une miniature de Borobudur, des maisons traditionnelles de chaque région d’Indonésie, une librairie interactive, un musée, des restaurants et bien d’autres choses. Les visites sont menées par des guides balinais vraiment accueillants et disponibles, qui expliquent parfaitement la vision du parc, le concept et l’amour de la culture indonésienne que le créateur du parc a transmis à l’ensemble du personnel. Nous leur souhaitons sincèrement que le Taman Nusa soit bientôt un endroit incontournable pour tous, locaux, expatriés et touristes.
Les enfants de tous âges doivent aller découvrir cet endroit qui est un parfait lieu d’apprentissage consacré au pays dans lequel ils sont nés ou dans lequel ils vivent (Taman Nusa propose des packages « journée culturelle et éducative » pour les écoles, groupes, entreprises. Contacter la marketing manager qui est très sympathique). Mon mari, en tant qu’Indonésien balinais a beaucoup apprécié cet endroit et surtout a été très touché par les paroles du patron pour la préservation de cette unité indonésienne si précieuse malgré la diversité et l’étendue du pays. Bref, j’espère que cela pourra intéresser un maximum de personnes…Visitez cet endroit qui devrait être inscrit dans le programme scolaire de chaque enfant né ou vivant en Indonésie !
Magali Sukanta

www.taman-nusa.com

Le site de Gunung Padang

Intitulé « Cela se passe maintenant à l’ouest de Java : excavation de la merveille des merveilles du monde ! », ce courrier enthousiaste de notre contributeur Laurent Volk qui nous alerte au sujet de fouilles à Java sur le site du plus grand temple javanais de l’histoire, celui de Gunung Padang. Ne doutons pas que cela fera l’objet d’un article détaillé de la Gazette dans les mois prochains…

L’île de Java au centre de l’archipel indonésien, entre Asie et Pacifique. Imaginez un temple de plus de dix fois la taille de Borobudur - lui-même considéré comme le plus grand temple bouddhique au monde - dont la construction a débuté il y a au moins 15 000 ans (!!!), composé de 100 terrasses, sur une surface au sol de 25 hectares et haut de 200 mètres dont la moitié supérieure est entièrement une structure créée par la main de l’homme. Un temple ayant survécu à ces grands tremblements de terre de Java rarement espacés de plus de deux siècles - et qui rebattent à chaque fois à Java les cartes du pouvoir politique - parce que les techniques utilisées sont d’une brillance inouïe. Un temple remettant complètement en question les théories sur la « révolution néolithique » et confirmant l’hypothèse d’une super-civilisation dont le cœur aurait été l’archipel indonésien et en particulier l’île de Java. Imaginez… que c’est la réalité et ouvrez tout simplement les yeux pour vous emplir d’une joie qui n’a nulle égale, parce qu’elle a puissance d’illumination.

Gunung Padang (Gunung « pada Hyang »), littéralement la « Montagne pour Dieu », est en train de ressusciter, de sortir de terre, et contrairement au plus grand temple de Bali dont seules les fondations ont survécu (voir mon article dans la Gazette du mois d’avril 2013), il est indémolissable et c’est pourquoi il n’a pas été démoli car la hargne des humains à effacer les grandeurs du passé qui font de l’ombre à leur présent est la maléfique ligne force de l’Histoire, menant inexorablement aux plus effroyables ténèbres, les systèmes de surveillance et de terreur révélées par Edward Snowden étant le dernier avancement de cette infernale logique.

Sur Wikipedia on peut lire à propos de Gunung Padang dans un anglais souvent approximatif prouvant que la plume est certainement indonésienne que les cinq terrasses supérieures recouvertes de mégalithes ont été redécouvertes par les Hollandais en 1914 et qu’elle figurent dans un rapport du Département des Antiquités du gouvernement colonial d’alors. En 1949, c’est un historien Hollandais, N.J Krom, qui mentionne le site et en 1979 une mission du Centre National d’Archéologie indonésien s’est pour la première fois rendue sur les lieux pour y mener une étude archéologique, historique et géologique. Il faudra attendre 2011 pour que commencent enfin des travaux d’excavation menée par une équipe d’archéologues et de géologues réunie sous une bannière associative et financée uniquement par des donateurs privés. Ces fouilles mettent à contribution les habitants de la région qui sont majoritaires à s’enthousiasmer, au point d’organiser des festivités à coloration hindouiste au sommet de la Montagne pour Dieu. Cette émulation, comme les travaux d’excavation, ne plaisent pas à tout le monde, c’est le moins que l’on puisse dire, et diverses formes d’opposition, voire de sabotage, s’expriment et se font même actes (plusieurs article de presse indonésiens les évoquent avec courage), parfois interrompant totalement les fouilles, et sans cesse les faisant se dérouler dans une lourde ambiance... La très bonne nouvelle, c’est que Susilo Bambang Yudhoyono soutient ces travaux d’excavation malgré un soutien très mitigé des institutions étatiques, tant au niveau national que régional. Et le souhait du président de la République d’Indonésie est clair : qu’au plus vite le site soit entièrement sorti de terre et si possible avant fin septembre 2013 !

Je ne peux, dans cet article qui se veut court, relater l’ensemble des informations données sur Wikipedia et sur la précieuse page Facebook intitulée « Situs Megalitikum Gunung Padang » ni leurs liens vers des articles de presse sur lesquels reposent mes déclarations plus haut, déclarations qui vont je le pense à l’essentiel, comme un kriss pandawa pointant la Terre. La publication la plus importante étant sans doute celle d’une note officielle du Cabinet du Secrétariat de la République Indonésienne que l’on peut consulter par ce lien : http://setkab.go.id/en/news-8100-the-site-of-mount-padang-is-the-evidence-of-architectural-masterpieces-of-ancient.html

Sachez en tous les cas qu’à ma connaissance nul organe de presse occidental n’évoque la découverte de Gunung Padang, la « Montagne pour Dieu », bizarre, vous avez dit bizarre ?
Laurent Volk

Article extrait du site web www.baliauthentique.com
P.S : je profite de cet article pour donner un lien vers une chanson et un clip, Ice Cube, d’un grand auteur-compositeur-chanteur en herbe, Jamie, cette chanson n’étant pas sans correspondances avec les sujets de mon article : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=ITMPvRIEsuw
Intitulé « Waisak 2013 à la plage de Saba », ce texte de notre collaborateur Laurent Volk, spécialiste des cultures traditionnelles dans La Gazette et qui a failli mourir noyé lors d’une baignade en mer. En cette saison touristique, un rappel bien utile à tous nos vacanciers car la mer à Bali peut être très dangereuse et la prudence s’impose en toute occasion…


La mer cache donc d’horribles mâchoires - je ne le savais pas, en tout cas je n’y avais jamais assez pensé - des courants qui, longues langues invisibles, agrippent les malheureux à une distance où la méfiance est encore endormie, où brasses gaies et fragiles sont comme bébés tortues passant sous des becs longs et pointus.

Nulle bravade, non, nulle démarche qui pourrait un tant soit peu être expression de l’égo. La très simple envie de nager dans le grand bleu-vert-gris-noir comme je le fais plusieurs fois par semaine à cette plage sombre volcanique de Saba qui court en arabesques à 150 mètres de ma maison, que je vois depuis le deuxième étage, et que j’entends jour et nuit. L’Océan Indien. Des cocotiers, le volcan Agung qui semble proche, parfois aussi le volcan Rinjani, à presque 100 kilomètres à l’est, sur Lombok, qui s’invite après une pluie ayant nettoyé le ciel à très grandes eaux. Une plage où les étrangers sont une rareté, mais seulement pour quelques mois encore... Deux adresses de charme trépignent de pouvoir ouvrir leurs portes et de rattacher ce morceau du littoral resté confidentiel au Bali touristique.

Heureusement mes ainés, Putu et Made, qui me suivent souvent loin quand les eaux sont calmes, sont restés là, où ils ont pied. Je leur aurais de toute manière interdit de me suivre. Je les entends encore m’appeler : « Papa, ke sini » (Papa, par ici), je ne le savais pas encore mais j’étais déjà collé à la langue de la mâchoire prête à m’engloutir un peu plus loin, là où les vagues s’écrasent sur les massifs coralliens. Je n’ai rien vu venir, et je n’estime pas avoir commis d’autre erreur que de chercher suffisamment de profondeur d’eau pour pouvoir nager confortablement, et cette profondeur d’eau était plus distante que d’habitude en raison d’une marée basse exceptionnelle. C’était le destin. J’écris donc j’ai survécu, contrairement à trois Javanais disparus dans la mâchoire il y a de cela presque un an jour pour jour, cette mâchoire qui vient pour la première fois de claquer les dents dans un intense bruit de roches qui roulent, d’acier qui se déchire. Un bruit qui me fait interrompre, barbotant, la contemplation sereine des montagnes de l’est de Bali dont la silhouette se détache de manière captivante sur un ciel orageux qui commence de saigner de la nuit approchante. Je tourne enfin la tête vers le large et suis effrayé par ce que je vois.
Bon ! Laurent ! Il faut nager vers la côte, te rapprocher de tes enfants, là tu es vraiment trop loin. Qu’est-ce qu’il se passe ?... C’est quoi ça ?... Je n’avance pas là… C’est quoi ?... Non, c’est pas vrai… Si, c’est vrai… Tu y es, là où étaient les trois Javanais…

Comme la côte semble loin tout d’un coup, comme à des centaines de mètres… Elle n’est pas si loin, mais la plupart du temps, je ne vois plus que l’eau sombre et le ciel sombre, car les vagues sont hautes et me cachent maintenant la vue des promeneurs à terre et même des cocotiers. Je ne vois de toute façon plus grand-chose et d’ailleurs il n’y a plus que la taille des vagues qui excitent mon attention, le déploiement de leurs dents blanches déroulantes. Je bois la tasse pour la deuxième fois, ça ne va pas, ça ne va plus du tout. Je comprends. Ca ne s’appelle plus nager ce que je fais, c’est tenter de ne pas être englouti par la mer devenue trou noir, couloir pour une autre dimension. Est-ce-que je suis déjà passé de l’autre côté ? Non non non, mais là il faut que tu acceptes, que tu acceptes de le faire, de le crier, ce premier « Tolong ! » (Au secours ! en indonésien), accepter l’idée folle que oui, Laurent, tu es, maintenant, entre la vie et la mort.

Je tiens, j’attends, je fais même un peu la planche pour détendre mes muscles, je limite autant que possible l’ingurgitation d’eau salée en usant de toute ma concentration… Il y a deux trois minutes, j’avais encore eu la poitrine suffisamment libérée pour crier « Tolong ! » une vingtaine de fois et de presque toute ma voix, qui est forte, il n’est pas possible que je n’ai pas été entendu. J’ai même réussi à surfer une vague pour hisser au plus haut mon bras droit que j’ai pu agiter presque cinq secondes. Je ne pouvais pas faire plus et maintenant je sens bien que de crier où d’agiter un bras hors de la masse liquide consommerait trop de cette énergie qu’il me reste désormais en très petite quantité. Il me faut maintenant aussi accepter que personne ne viendra à mon secours.
Je commence à avoir des visions de moi-même n’étant plus de ce monde. Des blancheurs se pressent sur mes yeux. Je perçois très distinctement une immense douceur. La mâchoire ne possède pas qu’une langue, mais aussi des bras qui vous tirent tendrement vers elle, en elle. Je suis réveillé de ma léthargie par le souvenir de ma femme, de mes enfants et par une pensée absolument intime qui n’a de sens que pour moi. Laurent, il ne faut pas accepter de mourir maintenant. N’oublie pas qui tu es… Pensée magique ?

En tout cas, j’ai l’impression qu’à ce moment précis je tourne le dos aux séductions morbides de la mer et me sens traversé d’une poussée d’énergie qui en partie n’est pas la mienne. Pour la première fois depuis de longues minutes, je parviens à nager avec détermination en direction de la rive de sable noir plutôt que de subir, je réussis à gagner une dizaine de mètres, suffisamment pour que mon champ de vision me fasse renouer contact avec les humains. Ils sont une douzaine à se tenir debout sur des rochers, habituellement entièrement immergés, formant un petit cap d’où personne ne penserait jamais à partir à la mer et encore moins d’en revenir. Ils me font des signes de la main que j’ai grand peine à interpréter. Ne réussissant plus à avancer vers la côte et continuant d’observer leurs gesticulations, je devine enfin qu’ils m’indiquent de les rejoindre en bravant les vagues s’écrasant violemment entre eux et moi sur le parterre de massifs coralliens qui n’affleure que durant un très court temps à chaque fois que la mer se retire, plutôt que de persévérer à revenir par le chemin d’eau propice à la nage. Ce chemin est celui du courant maléfique, la langue de la mâchoire, je réussis enfin à rationaliser la situation. Ayant repris confiance en mes moyens, je décide de temporiser, de reprendre des forces, de me rapprocher de mes sauveurs en économisant mes gestes, en faisant lecture méticuleuse des vagues et en améliorant autant que possible mon niveau de respiration dangereusement affaibli. Je vois maintenant qu’un tronc de bambou m’est tendu et j’entends les cris d’encouragement : « Ya ya ya ! » (Oui oui oui !). A force d’étrange patience, je parviens à saisir la chance d’une salutaire accalmie de l’océan, jette mes dernières forces en nage libre, libératrice, ne butant sur aucune vague traitresse, ni sur aucun rocher, et m’accroche moins d’une minute plus tard au tronc de bambou, mon graal… Mes sauveurs ont le geste sûr et je me retrouve immédiatement couché sur les coraux, jouissant comme en rêve de ce lit de pierres. J’entends « Aduh, berat sekali dia ! » (Ce qu’il est lourd !), je ne me suis en effet jamais senti aussi pesant et il me semble impossible de pouvoir tenir sur mes jambes. Je cherche mes enfants des yeux sans les trouver, car les Balinais, s’ils ne se sont pas mis à l’eau, ont néanmoins pris des risques en s’avançant aussi loin. Je dois encore traverser plusieurs trous et rivières d’eau de mer, heureusement peu profonds, parfois soutenu, parfois rampant à quatre pattes, avant de fouler le sable, doux comme jamais sous mes pieds.

Une cinquantaine de Balinais sont attroupés, je lis dans leurs regards effrayés que je reviens de très loin et qu’il n’y en avait pas beaucoup qui auraient parié sur mes chances de survie. Maintenant je marche, je marche même à pas pressés, car ils sont là mes enfants, la vie dans le monde des Hommes continue !

M’asseyant sur mon sarong étendu sur le sable, comme une heure auparavant, je suis en vérité incapable de me remémorer précisément ce que je viens de vivre, et il me faudra attendre le lendemain pour y réussir. Mais j’ai la révélation de la raison pour laquelle j’avais cessé de fumer, complètement, une dizaine de jours plus tôt sur injonction de ma voix intérieure, sans en parler à personne et encore moins en l’annonçant comme un vœu. Sans la capacité respiratoire augmentée par le sevrage total - je n’envisageais pas de renoncer à mes deux paquets journaliers de kretek avant bien longtemps - je n’aurais très certainement pas réussi à m’échapper de la mâchoire, même en le voulant de toutes mes forces, de toute mon âme. On  m’avait préparé.

Le même jour, soit le 25 mai 2013, un Balinais, pratiquant de haut niveau de pencasilat, l’art martial indonésien, âgé de 19 ans, a disparu dans les vagues de la plage de Lepang, à une quinzaine de kilomètres à l’est de celle de Saba. Le 2 juin, c’était au tour d’un Javanais de 17 ans, travaillant sur le chantier d’une villa, de connaitre le même sort, à la plage de Purnama, distante elle, de moins d’un kilomètre. Que leur âme repose en paix où qu’elle soit. Leurs corps, au 4 juin où je finis d’écrire ces lignes, n’ont toujours pas été retrouvés.

La croyance locale dit que Nyai Roro Kidul, la gouvernante et l’alter ego diabolique de Kanjang Ratu Kidul, la déesse-reine des mers du Sud, recrute de temps en temps des gardiens pour son palais subaquatique parmi les nageurs, de préférence jeunes et beaux. Il était trop tard pour que cela soit moi, avec ma calvitie bien avancée et mes kilos en trop. Pour une fois, il valait mieux être un peu moche. Qu’on me pardonne cette note d’humour finale, elle sert à cacher ce que je ressens maintenant pour tous ceux qui se sont vu mourir dans les vagues sans avoir la chance, inouïe, de pouvoir le raconter… et d’avertir.

Laurent Volk
Un courrier sur le lynchage par la foule (main hakim sendiri en indonésien) qui est la règle le plus souvent ici pour les voleurs qui se font attraper sur le fait…

Jeudi 16 mai 2013 entre 19h30 et 20h. Je rentrais chez moi en scooter en passant par jalan Petitenget. Devant moi se trouvaient deux autres scooters, des Australiennes, l’un avec deux filles dessus, l’autre avec une fille seule. Après un gros bruit de klaxon, je sentis un scooter me frôler pour passer devant moi et se retrouver entre les deux autres. Deux Indonésiens étaient dessus, le conducteur a mis un coup de pied dans le scooter des deux Australiennes de gauche qui ont volé dans les rizières pendant que le passager arrachait le sac de l’autre Australienne sur la droite. La conductrice australienne, prise de panique, se retrouva en face d’un taxi qui pour l’éviter, percuta les braqueurs. En 30 secondes, une dizaine d’Indonésiens qui avaient tout vu se jetèrent sur eux pendant que je relevais les deux Australiennes tombées dans le fossé. Certains Indonésiens nous ont alors demandé de circuler en disant « Jalan-jalan » pendant que d’autres frappaient les voleurs à terre. Ca ressemblait à un vrai lynchage en pleine fin de journée.

Greg
Avec le titre « Commentaires sur le courrier de Benjamin Casteillo » du mois dernier, cette lettre d’une habituée de la page Forum…

Concernant la pollution par les déchets liés aux modes de consommations occidentales, on oublie souvent de parler des pollutions sonore et visuelle. Là où nous avions le chant de la mer et le souffle d’une brise légère, nous avons du « beat » à tous décibels. Là où nous avions les sonnettes des bicyclettes, c’est les klaxons des irrités-embouteillés et les rugissements des motos aux pots Harley-bobo qui grondent à des kilométres à la ronde. Là où nous avions le chant des oiseaux et des grillons, c’est la rage d’une tronçonneuse, d’une scie à carrelage, d’une bétonneuse, d’un marteau ou d’un avion. Quant aux plages de sable fin, elles sont pleines de fauteuils saucisses plastiques fluo et de parasols publicitaires, les rizières sculpturales sont envahies de villas et apparts bloc-bloc. Les paysages et arbres de bords de routes deviennent des shops flop ou des publicités géantes vantant les seuls bonheurs possibles de l’homme moderne : profit et consommation. Oui, mais il suffit d’aller un peu plus loin pour être tranquille. Oui, mais jusqu’où ?

Lola
Ultime vague concernant l’« affaire Pierre Monégier », ce journaliste qui a présenté le reportage à sensation « Bali, l’île poubelle » lors d’une édition du JT de France 2 le 9 janvier dernier, la réaction d’un lecteur qui souhaite tourner la page et l’oublier. Le meilleur sort qu’on puisse espérer pour ce déplorable reportage !

Socrate, laisse tomber ! Oublions ce déplorable reportage très orienté qui fait l’amalgame entre Bali, les poubelles et le tourisme. L’objectif de ce journaliste était très certainement de réaliser un « scoop », il a réussi ! Bravo pour lui, il est seulement surprenant que la rédaction de France 2 l’ait programmé à un JT de 20h ; sans doute un manque d’informations spectaculaires pour ce soir là. François Mans a très bien analysé et décrit la situation, il n’y a rien à retirer ou à ajouter ; Bali à connu des situations oh combien plus difficiles voire dramatiques (tremblements de terre, éruptions, et même bombes) et se remettra de cette nouvelle atteinte à son image. Bali, à côté de ses charmes, connait des problèmes de toute nature, dépensons plutôt une partie de notre énergie à œuvrer pour les minimiser. Les téléspectateurs aujourd’hui troublés se feront très vite leur propre opinion et nous oublierons aussi qui est l’auteur de ce regrettable « scoop ». Nous n’oublions pas les vrais grands journalistes qui offrent de l’espoir et du rêve, pour ma part, Pierre Bonte et ses reportages sur la France profonde restent toujours dans ma mémoire. Socrate, laisse tomber ! Passe à autre chose !

Francis Couturier
Sur un tout autre sujet, on nous envoie cette photo en faisant la suggestion suivante…
Si ça vous intéresse aussi, j’aimerai bien un article sur les élections de Bali à la prochaine parution, il semble qu’il y ait encore des perles à en tirer.
Benjamin Casteillo



La réponse de la rédaction…
Nous nous intéressons de très près aux élections du gouverneur de Bali comme à tout ce qui touche de près ou de loin l’actu socio-politique de l’Archipel mais ce qui nous passionne ne suscitera peut-être qu’un bâillement ennuyé de nos lecteurs. Nous espérons pouvoir publier un article en juin pour rendre compte de l’élection du mois de mai. Concernant les perles que vous mentionnez, dont la présence des Laskar Bali sur l’affiche de l’actuel gouverneur, nous vous renvoyons à l’excellent article qu’a écrit notre collaborateur Jean-Baptiste Chauvin dans notre précédente édition en page 31. Nous nous sommes étonnés aussi d’avoir vu en 2012 à chaque coin de rue, pendant des mois, les présidents et vice-présidents des Laskar Bali s’afficher comme s’ils étaient en campagne électorale ou revendiquer le fait qu’ils avaient participé à la sécurité de Bali au moment de la venue du président Obama. Pas un mot ou une trace dans la presse locale, ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi et si vous cherchez vraiment une explication noir sur blanc, nous vous renvoyons au livre
« Snowing In Bali » de Kathryn Bonella dont j’ai fait un compte rendu le mois dernier, il y a une interview d’un patron de presse locale sur le sujet.
Socrate Georgiades
En anglais et volontairement laissé ainsi afin que ce courrier soit lu par le plus grand nombre, l’interpellation d’un jeune issu d’un couple mixte sur la difficulté d’avoir à choisir sa nationalité à 21 ans comme le requiert la loi indonésienne et les obstacles administratifs qui accompagnent ce choix…

Coming at the age of 21, a French dad and a Balinese mum, I had the tough decision of choosing one nationality. Indonesia, like many Asian countries, has lagged behind, disallowing two citizenships. The decision of choosing a nationality is personally tough, understanding Indonesian nationality law is tougher.

On the Indonesian side, though only accepting one nationality, thanks to the undang undang Rakyat Indonesia 6, passed in 2011, children that were below the age of 21 of mixed parents were given the right to a double citizenship. Having to choose their permanent citizenship before turning 21, only requiring a letter stating which nationality they would like to keep and a seal from the foreign consulate.

On the French side, dual citizenship is accepted and in principle poses no problem. However what they don’t tell you is that after choosing a second nationality and in the case that you want to leave your French citizenship, under article 18-1 of the French Civil Code, that you must declare it at least 12 months after.

Here’s the dilemma, on the Indonesian side, I needed a letter stating that I have left my French citizenship. Since my family and I was not told to declare 12 months after attaining two nationalities, the French side would not give me a letter stating that I let go of my French citizenship.

Now here’s the main question, how many out there are in the same situation? What did they do about it? Isn’t it time Indonesia should push for dual citizenship?
Gede Krishna Marco Chieppa
Preuve que le poisson d’avril de notre dernière édition a bien fonctionné, ce courrier d’un lecteur qui, beau joueur, nous autorise à le publier après coup. Précisons enfin que nous avons beaucoup de sympathie pour Gérard Depardieu, ce personnage hors norme qui rentre décidément bien mal dans les cases toutes faites de la France d’aujourd’hui. En tout cas, vous êtes nombreux à avoir mordu à l’hameçon et nous en sommes ravis !

Expatrié vivant et travaillant à Jogja,  je viens de lire le Bloc Notes du dernier N° de La Gazette et je suis atterré de voir que ce journal a consacré une page entière de torchon à Depardieu. Le personnage en lui même est loin d’être ragoutant, un amalgame de gras et de transpiration alcoolisée. Comment votre journal a-t-il perdu autant de temps à interviewer cette personne qui prône, sous le manteau, la prostitution via les massages et les karaokés ? Bali n’a franchement pas besoin de cela, son déclin se fait sans Depardieu. Inutile d’enfoncer le bouchon... N’y a-t-il pas des célébrités plus intègres et cultivées pour célébrer l’île des Dieux ? Quel gâchis, je ne me félicite pas d’avoir lu cet article nauséabond et ne vais certainement pas le recommander. Je ne vous félicite pas, vous faites mieux d’habitude... Pourquoi ce racolage avec un people quasi has been et cette photo immonde ?
Eric Maillard
En relation avec le droit de réponse de Pierre Monégier (France 2) que nous publions ci-contre, ce courrier de l’association des guides francophones de Bali (Himpunan Pramuwisata Indonesia Bali, Divisi Prancis) sur leurs actions pour le nettoyage des déchets en plastique…

Bali Jolie sans déchets en plastique

Allez, on doit réagir... Bali, c’est une île poubelle ? Non, Bali reste toujours une île paradisiaque, une des destinations favorites des visiteurs du monde entier. Nous avons sûrement des problèmes avec des déchets en plastique comme dans les autres pays. Alors, nous ne devons pas laisser notre île envahie par cette mauvaise habitude de jeter des ordures non décomposables directement dans la nature.

L’Association des Guides indonésiens section Francophone de Bali a réagi contre ce problème. En fait, nous avions discuté de ce projet depuis décembre 2012 dans le but de rappeler aux gens que la protection de la nature est de la responsabilité de tout le monde.

Engagés sur cette idée-là, nous avons décidé de commencer par un petit pas en faisant un projet de nettoyage des déchets en plastique au village de Gumung à Karangasem. Ce n’est sûrement pas suffisant mais comme ce problème nous paraît très important, notre but est plutôt d’éduquer les gens sur la préservation de la nature qui nous appartient. Et il faut réagir ensemble.

Nous avons réalisé le projet de nettoyage le 22 février. Ce petit pas est devenu une action importante, car le gouvernement de Karangasem nous a montré aussi qu’il était conscient du problème. En effet, il a racheté tous les ordures en plastiques et nous a informés qu’un tel programme avait déjà été créé depuis quelques années. Il manque juste d’en faire la promotion.

Voilà, nous ne voulons pas que notre belle île, Bali, se transforme en enfer. C’est un paradis et ça restera toujours un paradis.

Nyoman Astina
En relation avec le droit de réponse de Pierre Monégier (France 2) que nous publions ci-contre, ce courrier de l’association des guides francophones de Bali (Himpunan Pramuwisata Indonesia Bali, Divisi Prancis) sur leurs actions pour le nettoyage des déchets en plastique…

Bali Jolie sans déchets en plastique

Allez, on doit réagir... Bali, c’est une île poubelle ? Non, Bali reste toujours une île paradisiaque, une des destinations favorites des visiteurs du monde entier. Nous avons sûrement des problèmes avec des déchets en plastique comme dans les autres pays. Alors, nous ne devons pas laisser notre île envahie par cette mauvaise habitude de jeter des ordures non décomposables directement dans la nature.

L’Association des Guides indonésiens section Francophone de Bali a réagi contre ce problème. En fait, nous avions discuté de ce projet depuis décembre 2012 dans le but de rappeler aux gens que la protection de la nature est de la responsabilité de tout le monde.

Engagés sur cette idée-là, nous avons décidé de commencer par un petit pas en faisant un projet de nettoyage des déchets en plastique au village de Gumung à Karangasem. Ce n’est sûrement pas suffisant mais comme ce problème nous paraît très important, notre but est plutôt d’éduquer les gens sur la préservation de la nature qui nous appartient. Et il faut réagir ensemble.

Nous avons réalisé le projet de nettoyage le 22 février. Ce petit pas est devenu une action importante, car le gouvernement de Karangasem nous a montré aussi qu’il était conscient du problème. En effet, il a racheté tous les ordures en plastiques et nous a informés qu’un tel programme avait déjà été créé depuis quelques années. Il manque juste d’en faire la promotion.

Voilà, nous ne voulons pas que notre belle île, Bali, se transforme en enfer. C’est un paradis et ça restera toujours un paradis.

Nyoman Astina
DROIT DE REPONSE

Pollution à Bali, reportage de France 2

Le lecteur de « La Gazette de Bali » aura peut-être aperçu dans l’édition papier de février 2013 et encore aujourd’hui sur le site lagazettedebali.info un échange entre le rédacteur en chef du magazine Socrate Georgiades et moi-même Pierre Monégier, correspondant de France 2 en Asie du sud basé à New Delhi (Inde). L’objet de cet échange était le reportage que j’ai réalisé avec mon équipe sur la pollution à Bali, diffusé dans le journal télévisé de 20h de France 2 le 9 janvier 2013.

Le caractère de cet échange était privé - envoi d’emails - et à aucun moment le rédacteur en chef de « La Gazette de Bali » ne m’a fait part de son intention de le rendre public, ni avant ni après publication. Ce n’est qu’alerté par une lectrice téléspectatrice que j’ai découvert que cet échange avait été publié, accompagné de ma photo tirée d’une capture d’écran de notre reportage - le tout sans avertissement, sans demande d’autorisation et sans invitation à un débat public.

Ce faisant « La Gazette de Bali » a enfreint la législation concernant le droit à la vie privée (publication d’un email personnel), le droit à l’image (publication d’une photo d’un individu), et le droit de propriété intellectuelle (publication d’une image tirée d’un reportage appartenant à France 2). « La Gazette de Bali » a également commis un acte de diffamation en permettant à deux individus (M. Georgiadès et un certain M. Mans, dans deux tribunes distinctes) de mettre en cause publiquement mon éthique journalistique sans m’inviter à me défendre.

Je n’ai pas l’habitude de me dérober aux attaques, fussent-elle menées à deux contre un et sur des bases tronquées - encore faut-il que ses instigateurs aient la décence (ou le courage) de me prévenir. En tant que journaliste j’accepte le débat et les critiques et répond systématiquement aux demandes, remarques et attaques - pour peu qu’elles soient argumentées. Je n’ai jamais eu la prétention de livrer un reportage parfait et suis toujours désireux d’entendre ce que les téléspectateurs ont à en dire.

En revanche je refuse l’anathème. Pour cette raison, je ne me donnerai pas la peine de répondre aux propos outranciers de M. Mans - les insultes dénotent à mon sens une faillite de la raison et salissent davantage celui qui les emploie, à court d’arguments, que celui qui en est la cible. M. Georgiadès en revanche, malgré les procédés injustifiables décrits plus hauts, aborde des points intéressants que partagent peut-être certains lecteurs de « La Gazette de Bali » - et c’est à eux que je veux répondre.

Bali est confrontée à un sérieux problème de pollution. C’est un fait. Faute de le reconnaître, inutile de poursuivre la lecture : les images n’ont pas été retouchées, les réactions de touristes choqués n’ont pas été mises en scène, le montage n’a pas été excessif - au contraire : des photos plus « trash » encore ont été coupées au montage. Faut-il en parler ? Du point de vue d’un professionnel vivant de près ou de loin du tourisme, c’est néfaste. Du point de vue d’un simple téléspectateur vivant à Bali, c’est inutile. Du point de vue d’un téléspectateur neutre, c’est nécessaire - or c’est ce point de vue (neutre) que doit avoir à l’esprit le journaliste.

Le lecteur de « La Gazette de Bali » vit sur place et connaît donc le problème. Le reste de la planète ne connaît Bali qu’au travers des dépliants publicitaires vantant ses plages paradisiaques à force de photos retouchées. La réalité est différente. C’est notre rôle de le rappeler. Ayant tourné des reportages similaires dans d’autres lieux connaissant les mêmes problèmes (notamment les îles Andaman), je sais que ce sujet est par ailleurs souvent une pomme de discorde... entre les locaux et les personnes arrivées plus récemment.

Qui est responsable ? Dans notre reportage nous prenons garde de souligner « les effets néfastes du tourisme et du développement ». Que certains entendent « touristes » là où nous disons « tourisme », ou « développeurs » là où nous disons « développement », ce n’est pas de notre ressort. Nous donnons la parole à des touristes et des personnes installées à Bali qui critiquent eux-mêmes cette situation, ainsi qu’à un Australien qui tente de remédier au problème. Certains accuseront les autorités, d’autres les hôtels, d’autres les touristes, d’autres encore les locaux.

Cette querelle ne concerne pas notre reportage, qui ne fait que pointer le problème. Pour avancer dans le débat je reste disponible sur Twitter pour échanger avec ceux qui le souhaiteront, dans le calme et le respect des arguments de chacun.

Pierre Monégier
Retour sur le détestable reportage de Pierre Monégier « Bali, l’île poubelle » diffusé il y a quelque semaines au journal du soir de France 2 (YouTube: bali ile poubelles) et qui en a étonné plus d’un par son amalgame tourisme-pollution par les ordures. Un raccourci facile et politiquement correct vu d’un certain angle, mais avant tout fallacieux, et qui dénote surtout le manque de sérieux avec lequel le sujet a été réalisé. Un lecteur nous donne son point de vue…

Bonjour à tous,

je séjourne à Bali un tiers de l’année depuis 25 ans. J’ai vu en France le document de France 2, ma position est intermédiaire entre les « deux camps ». Le reportage a le mérite de mettre au grand jour un problème qui devient effectivement critique à Bali. Il suffit de se promener un peu à l’arrière des jardins, des villages et de ce qui reste de bois et forêts dans le sud-Bali pour voir des décharges par milliers, souvent même dans la mangrove soi-disant protégée. Il est évident que l’immense majorité de ces ordures vient des autochtones, faute d’éducation dans ce domaine ou de service de ramassage public des ordures. Le tourisme pèse certainement pour très peu face à cela, en ce sens le reportage de France 2 a été démagogique en « chargeant » l’activité touristique - même s’il y avait quand même un expat sur un pont pour dénoncer les décharges créées par les habitants. La présence de milliers de sacs plastiques dans l’eau de mer est aussi une réalité, il suffit de monter sur une falaise du sud-Bali pour s’en apercevoir.

Espérons que ce reportage fondé mais trop caricatural servira, avec les autres sur le même thème, à faire prendre conscience aux acteurs du tourisme à Bali qu’ils doivent prendre à bras le corps le problème, avant que l’image de l’île soit durablement détériorée dans le monde.

B. Durand
L’écrivaine Nancy Causse Yoga nous livre également son sentiment sur le sujet de Pierre Monégier pour France 2…

Je voulais revenir sur ce sujet à sensation qui est passé aux infos françaises sur « Bali, île poubelle » (ça devait faire cet effet là étant donné les réactions de mon entourage en France). J’ai trouvé injuste la réaction de Pierre Monégier face au courrier de Socrate qui se faisait le porte-parole de ceux à qui ce sujet fait du tort, à commencer par les Indonésiens. De plus, même s’il y a de gros progrès à faire, le problème de la saleté n’a rien de balinais. Je me souviens encore de ce Mexicain qui m’a balancé sa canette de coca vide quasi sur le pied. 

Nancy Causse Yoga
Et puis, bien sûr, encore une fois la rédaction de la Gazette qui interpelle Pierre Monégier et France 2 sur le bien-fondé d’un tel reportage. A la suite des remarques publiées dans cette page Forum le mois dernier, Pierre Monégier nous a demandé de publier un droit de réponse, mais nous l’attendons encore…

Pierre,

Nous acceptons bien volontiers de publier un droit de réponse du service juridique de France 2, merci de nous le faire parvenir avant le 20 février. J’espère qu’il répondra avec précision et bonne foi à toutes les interrogations soulevées par ton reportage, entre autres :
Pourquoi ce sujet hors actu a-t-il été diffusé dans un journal d’actualités ?
Pourquoi avoir choisi Bali pour parler de pollution plutôt que n’importe quelle autre île de l’hémisphère sud, n’importe quelle autre ville d’Asie du Sud ?
Pourquoi l’amalgame a-t-il été fait entre croissance du tourisme et pollution par les sacs plastiques ?
Pourquoi avoir choisi d’intituler ce reportage « Bali, l’île poubelles » ?

Je voudrais te rappeler une fois de plus que tu m’as sollicité à titre gracieux et à plusieurs reprises pendant de nombreux mois pour préparer un sujet à Bali sur les entrepreneurs français, que jamais il n’a été question de ce sujet sur la pollution, j’ai donc estimé ma confiance trahie.

Si tu m’avais demandé des infos sur ce sujet de la pollution par les plastiques et des pistes pour prendre des images frappantes et sensationnelles, je t’aurais sans doute conseillé de quitter le « camp retranché des expats » pour aller à Serangan, la grande décharge de Bali qui s’étend sur des hectares et sur laquelle vivent de nombreuses familles de chiffonniers, ça se trouve à 20 mn de l’endroit où tu as enregistré ton plateau sur la plage. Je t’aurais aussi sans doute conseillé d’aller interviewer le gouverneur ou le bupati de Badung pour leur demander pourquoi il n’y a toujours pas d’incinérateur à Bali. Si tu m’avais demandé en quoi le tourisme a un impact négatif sur Bali, je t’aurais répondu sans hésiter la circulation, la ressource en eau (non-traitement des eaux usées, captages nécessaires, pollution de la nappe phréatique, surconsommation liée aux hôtels et aux piscines), le développement immobilier déjà désastreux...

Dans un autre registre plus positif, si tu m’avais demandé qui œuvre à Bali pour réduire la pollution, et les initiatives sont innombrables, je t’aurais mis en rapport avec Yuyun de WWF qui a monté une énorme opération en juin dernier de sensibilisation à la biodiversité marine, avec Charlotte Fredouille de Peduli Alam qui tend des filets à travers les rivières, avec les gamins de la Bali Eco Patrol qui tournent en ce moment des clips pour sensibiliser les enfants des écoles à la réduction des plastiques utilisés pour le lunch et les snacks.
Jamais personne ne niera qu’il y a des problèmes de pollution par les plastiques à Bali, nous y sommes confrontés tous les jours et ça nous chavire le cœur. Nous savons aussi qu’il y a moins de plastiques à Bali que dans toutes les autres villes d’Indonésie, ça ne change rien à l’image désastreuse que les plages de Bali offrent aux touristes mais c’est une réalité d’un pays qui s’enrichit et dont les habitants n’ont pas conscience de la nuisance que ça crée pour l’environnement. Il y a encore quelques décennies, ils n’avaient pour emballage que des feuilles de bananier biodégradables. Tu sais très bien tout ça parce que tu vis en Inde et que ce pays ne gère pas non plus les déchets comme le fait la Suède !

« Bali, l’île poubelles », c’est un titre qui nous a tous choqués et qui a des répercussions désastreuses sur l’image de Bali, non pas parce qu’il montrait des plastiques mais parce qu’il énonçait une contre-vérité en faisant l’amalgame entre plastiques et tourisme. Si tu avais pris le temps de rencontrer des spécialistes du sujet, tout le monde t’aurait dit que tu faisais fausse route. A présent, tu te réfugies derrière le service juridique de ton employeur et ta propre avocate, tu parles de diffamation mais pour ma part, je trouve bien étrange que tu puisses en toute impunité réaliser un sujet aussi agressif et caricatural et que tu ne supportes pas qu’on le critique. Nous nous nous estimons bafoués par ton reportage, nous francophones balinophiles et aussi tous nos amis balinais et indonésiens. A bon entendeur,

Socrate Georgiades
De nombreux guides balinais francophones se sont émus des conséquences de ce reportage, de l’annulation de quelques réservations pour les mois à venir et ont tenu à rendre visite à notre rédaction pour s’exprimer sur ce sujet de la gestion des ordures à Bali.

Nous sommes la section francophone des guides de Bali (page FaceBook : guides francophones de Bali) et désirons vous informer de certaines actions que nous menons pour lutter contre la pollution à Bali dans le cadre de notre campagne « Bali cantik tanpa plastik ». Ce à quoi nous sommes confrontés à Bali, ce sont avant tout trois difficultés culturelles : la première, se débarrasser de l’habitude de jeter nos ordures par terre ; la seconde, de payer pour gérer les ordures ; la troisième, de convaincre la population que les ordures du monde moderne sont plus dangereuses pour la santé que les feuilles de bananier que nous utilisions traditionnellement et qu’elles n’ont pas la même durée de vie. Il y a une volonté politique de lutter contre la dissémination des plastiques dans Bali mais la difficulté est la mise en œuvre de la gestion des déchets qui ne peut se faire sans l’assentiment des populations. Voilà pourquoi nous avons monté par exemple avec les autorités de la région de Karangasem une bank sampah (banque publique d’ordures) où nous achetons les ordures aux habitants. Ces ordures sont ensuite envoyées à Java pour y être recyclées. Nous en avons aussi profité pour nettoyer avec les banjar concernés les villages touristiques de Kastala, Gumung et Tenganan où nous emmenons nos touristes faire de beaux trekkings dans les rizières. Nous espérons organiser pour le Jour de la Terre au mois d’avril une grande action de nettoyage, peut-être qu’il y aura des gens intéressés dans votre communauté pour vous joindre à nous, la Gazette de Bali nous a promis de vous tenir informés de nos actions.

Himpunan Pramuwisata Indonesia (HPI) Bali divisi Prancis

Contre-vérités et sensationalisme au JT de France 2

A la suite d’un énième sujet sur les ordures à Bali dans la presse occidentale, cette fois en France sur la chaîne France 2, voici le courrier de la Gazette au journaliste qui avait contacté notre parution pour quelques aides et contacts en préalable à la réalisation de son sujet…

Salut Pierre, j’ai été un peu étonné d’apprendre que tu avais réalisé un sujet sur la pollution à Bali (JT du 9 janvier que l’on peut revoir sur le site de France 2 sous le titre : Bali, l’île poubelle), je ne sais pas pourquoi tu ne m’en as pas parlé. Nous avions échangé à plusieurs reprises sur les entrepreneurs dont tu avais trouvé les coordonnées sur le journal, tu m’as ensuite demandé des contacts sur des sujets que tu prévoyais de tourner sur les palmiers à huile et les travailleurs du soufre sur les volcans quand nous nous sommes rencontrés au JP’s.
Les journalistes sont en quête de vérité et c’est une vérité de dire qu’il y a des soucis de management des ordures à Bali.  Mais on ne peut pas traiter de ce sujet sensible ici en ayant passé à peine trois jours sur place. Tu n’as fait de ce sujet qu’une grosse caricature en en rajoutant dans le mélodramatique avec ton plateau sur la plage à la fin.
Beaucoup de gens nous ont contactés de France pour nous dire qu’ils s’inquiétaient qu’on vive sur un pareil tas d’ordures. Alors nous les avons rassurés et nous les avons plaints aussi d’avoir à regarder des journaux télévisés aussi anxiogènes. C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que la grand-messe du 20h est un spectacle pour maintenir les masses sous pression. Vous commencez votre journal télévisé par un sujet sur les soldes, le seul moment de l’année où les pauvres Français qui subissent de plein fouet la crise peuvent acheter à leurs enfants quelques vêtements. Et puis, pour enfoncer encore un peu le clou, des fois qu’il y aurait un peu d’espoir ailleurs, vous diffusez un sujet sur un endroit de l’autre bout du monde qui les fait rêver et vous cassez leur rêve en leur disant que c’est un immense tas d’ordures. Tout ça, c’est la société du spectacle dont tu es un rouage très actif. Fais de la fiction, lance-toi dans le cinéma mais ne manipule pas le réel pour angoisser les gens, ça manque cruellement d’éthique et c’est ce qui fait défaut à beaucoup de journalistes. Bien à toi.

Socrate Georgiades

www.francetvinfo.fr/jt-20-heures-9-janvier-2013_196677.html
La réponse de l’intéressé, qui accuse entre autres la Gazette de « faire la com’ » de l’office du tourisme de Bali, au mépris de la longue histoire du journal de traiter les sujets difficiles dans ses colonnes. Mais il est vrai qu’en ne passant que 6 jours à Bali, il est difficile de se rendre compte de ce qui s’y passe…


Du calme.

1/ je ne t’ai jamais caché qu’outre le business des Français et les deux autres sujets (palme et soufre) j’avais lors de ce premier passage en Indonésie un autre sujet à réaliser.

2/ nous avons délibérément évacué les «pires» images de pollution de Bali (photos beaucoup plus choc) et donné la parole à certaines personnes qui luttent pour changer la situation.

3/ si tu penses qu’il n’y a pas de souci de pollution à Bali je ne peux que t’enjoindre à sortir un peu de Seminyak et du camp retranché des expats. On l’a fait pendant 6 jours mais tu as raison, 3 auraient suffi.

Qu’il soit désagréable et lassant de voir encore une fois à l’antenne un sujet traité x fois quand on vit sur place, j’en conviens. J’ai le même problème avec les sujets faits sur la pauvreté ou les bidonvilles en Inde. Mais nos états d’âmes ne concernent que nous. La seule question que doit se poser un journaliste c’est : y a-t-il un problème de pauvreté en Inde ? De pollution à Bali ? Soit tu réponds «non» et tu te mens à toi-même, soit tu réponds «oui» et tu fais le sujet. Ce n’est pas une leçon d’éthique que je te donne à mon tour (je n’ai pas ta prétention), juste de journalisme - tu me prouves hélas que c’est nécessaire. Je ne fais pas de la fiction, mais je ne travaille pas non plus (directement ou indirectement) pour le service de com’ de l’office de tourisme balinais. Demande-toi à ton tour où ta réaction aveugle et tes déplorables insultes masquées te placent. Quant à l’éternelle complainte sur les JT, je te conseille de l’adresser au courrier des téléspectateurs et au rédacteur en chef du 20h. 

Je te laisse, j’ai un sujet à réaliser pour la grand-messe (satanique) du 20h sur le travail des enfants et c’est pas facile car tout le monde sait que ça n’existe pas, donc je dois embaucher une centaine d’acteurs. En plus je dois me dépêcher car les Français ont un peu le moral là et il faut vite qu’on maintienne « la pression sur les masses » dans notre but diabolique de pousser toute une civilisation au suicide (j’imagine). En toutes choses, garde tes certitudes - elles te sont précieuses.


Pierre Monégier
South Asia Correspondent
France 2 New Delhi

Le sujet au 20 heures de France 2 n’a pas échappé à un des lecteurs de la Gazette par ailleurs professeur d’Histoire spécialisé sur l’Indonésie depuis les années 80 et également président de l’Association franco-indonésienne de Lyon. Habitant à Vienne mais résidant deux mois par an à Lodtunduh d’où son épouse balinaise est originaire, il s’en indigne et nous envoie une longue lettre dont nous publions des extraits…


[...] Il y a eu sur France 2 un reportage sur Bali, il y a environ une semaine intitulé « Bali envahie par les ordures », bien comme information... Juste un constat sur cette invasion aggravée par les pluies et débordements. Je suis intervenu sur plusieurs forums en expliquant que cela était vrai mais pas lié (qu’) aux touristes. Je parlais du Brunei que j’ai visité et où il n’y a pas de touristes (j’étais le 4ème de l’année en août !) et où les ordures dépassaient l’entendement ! J’ai surtout mis l’accent sur le manque de prise de conscience de la part des habitants et les types d’ordures (petits gobelets, tongs, sac en plastiques noirs...) résultaient plus d’une consommation locale. Les touristes interrogés à Kuta ou Jimbaran se plaignaient de la présence insoutenable de déchets dans l’eau. Le thème du reportage était clair : avec 4 millions de touristes, Bali est au bord du gouffre. Dans mes arguments, je citais Anak, Peduli Alam, Adedvi, Sourires d’Indonésie mais aussi l’Ecole française de Bali ou La Gazette de Bali qui œuvrent tous pour cette prise de conscience en éduquant les habitants. Les hôtels à touristes internationaux (je ne parle donc pas pour les Javanais), les boutiques pour touristes... sensibilisent énormément leurs clients au recyclage, aux produits sans effet sur la nature (Ganesha, Bali Buddha...). Des villes indonésiennes comme Jakarta, Bandung, Cirebon, Medan, Makassar, et on pourrait en citer des centaines, croulent sous les ordures sans que le touriste y soit impliqué, les parcs nationaux dans toute l’Indonésie sont envahis de déchets... On s’en rend vite compte lorsque l’on les visite avec une classe indonésienne. Le directeur et ses instits sont les premiers à jeter paquets de cigarettes et ces maudits gobelets devant les élèves qui font de même... Bref, il y a beaucoup à faire mais il est triste que l’exemple vienne souvent de bule... injustement accusés dans ce reportage débile.

[...] Immédiatement le reportage diffusé, alors que le JT continuait, de nombreux appels et des emails m’ont été adressés. Certains se demandaient où était l’information, l’actualité au quotidien dans ce sujet. Il n’y avait pas eu un évènement marquant ce jour-là à Bali: c’était donc plutôt du domaine du reportage, à diffuser dans une thématique, en tout cas pas du tout à sa place dans un journal de l’actualité du jour... Le résultat a été réussi de la part de ce monsieur. Son idée préconçue, base de son scénario : touristes = pollution, a bien fonctionné car le nombre de touristes, les touristes filmés, rendaient parfait l’amalgame.
[...] Beaucoup de mes contacts, connaissant Bali, m’ont répété qu’ils n’ont pas été choqués par les ordures dans le Bali traditionnel, comme à Munduk, Taro, Blimbing... La raison en est, selon moi, l’éducation, la responsabilisation des banjar et autres structures 100% balinaises même si il y a parfois un coup de pouce occidental. Cet amalgame touristes = pollution les a donc blessés car ils ne se sentent pas du tout concernés par ce reportage qui les vise. [...] A Bali, il s’agit de personnes capables de dépenser au moins 1000 Euros pour faire le déplacement. Un ami m’a fait le parallèle avec les ordures «abandonnées par les alpinistes» dans l’Himalaya... Bien de les culpabiliser alors que celles-ci proviennent des sherpas et autres auxiliaires locaux qui profitent de ces produits de consommation et les laissent se «recycler» en plein air comme ils le faisaient jadis avec des produits biodégradables ! C’est exactement ce que je dis pour Bali et le reste du monde : manque d’éducation face à l’invasion de ces nouveaux déchets que le reportage montre pourtant très bien. Il ne s’agit pas de déchets laissés par des
touristes : tongs pourries, sacs en plastiques des vendeurs de rues (le touriste aura un sac plus envahi de pub !) et surtout ces petits gobelets que tout Balinais reçoit lorsqu’il part en excursion scolaire ou en pèlerinage (on voyait aussi des monticules biodégradables d’offrandes ayant servi). Un regard un peu plus éclairé aurait fait comprendre sa confusion des genres à ce «journaliste» même sans être accompagné par un avis sensé...
[...] Beaucoup d’autres réactions sur ma page Facebook venaient de personnes ne connaissant pas Bali et là, cela a été le dégoût. Inutile d’imaginer aller à Bali, quel masochisme j’avais d’habiter à Bali etc. Il a fallu que j’explique, réexplique encore et encore. Cependant les premiers propos «quel horreur», «c’est vraiment dégoûtant» et j’en passe et des plus orduriers m’ont montré que ce journaliste, encore une fois, avait atteint son objectif.

[...] C’est la seconde fois que je reçois autant de réactions suite à un reportage (mal)traitant Bali en reposant sur des angles orientés comme s’il y avait un règlement de compte. [...] L’autre reportage scandaleux que j’avais dénoncé y compris dans mes cours sur Bali à l’Ecole Supérieure de Commerce de Grenoble ou dans des interventions sur la manipulation par les médias, c’était il y a deux ans. Il s’agissait d’un reportage sur France 5, si j’ai bonne mémoire. J’avais été suivi, quelques mois plus tard par La Gazette de Bali lors de la diffusion (suicidaire) sur une chaîne française diffusée sur Bali... J’avais éclaté de rire en voyant les réactions des dindons de la farce ! Là aussi, quelques images furtives de Peduli Alam car tel n’était pas le sujet qui visait à détruire l’image paradisiaque...

François Mans
Un nouveau texte de notre chère écrivaine Papaya intitulé « Mes 5 prières ? Euh… maybe later ? »

Hier soir, Deni recevait quelques amis dans le jardin, j’ai vu qu’il avait fait un peu de cuisine. J’étais sur Internet. Mais au bout d’un moment je me suis dit : « Allons dire un petit bonjour, ils seront aux anges et Deni aussi. » Car à chaque fois des mecs nous demandent si on ne peut pas leur trouver une nana belle et chouette comme moi (et riche mais ça c’est pas dit). J’ai enfilé une robe un peu moins déshabillée et j’ouvre la porte. Surprise ! Dehors, il y avait une bonne dizaine de sauterelles de mosquée et une voiture garée dans le jardin. J’avais rien entendu ! Ce doit être vrai que je suis une Internet addict !  Alors je m’exclame en sortant « Banyak laki2! », feignant d’être effrayée de ne voir que des mecs. Ils rigolent.

Un vieux barbu portant un foulard palestinien s’approche de moi et me baragouine je ne sais quoi, sans doute en javanais. Il voulait savoir s’il y avait la paix dans mon foyer avec Salman (nom religieux de Deni). J’ai dit que oui. Alors le vieux barbu de hululer « I love youuu! », bref le style bon enfant habituel. Puis il me demande si je suis musulmane, je réponds « Nanti, mungkin! » avec mon plus grand sourire. Puis Deni arrive précipitamment avec un foulard pour cacher mes cheveux car, soi disant, il va s’évanouir ou, en tout cas, il ne pourra plus se concentrer sur rien jusqu’à la fin de ses jours. Le vieux monsieur lui demande si on s’est mariés à la « muslim ». Deni acquiesce.

« Et ta femme fait ses 5 prières par jour ? » « Belum », répond Deni en baissant la tête d’un air penaud et moi de claironner « nanti mungkin! » Il a fait semblant de ne pas entendre. Puis il est reparti dans sa voiture avec quelques unes des sauterelles, les autres se sont envolées un peu plus tard.

Il s’avère qu’il est l’imam n°2 de Java je-sais-plus-quoi, qu’il est super sibuk, très sélectif, et qu’il a décidé de venir chez nous à l’improviste ! Deni en était un peu retourné ! Bon, en tout cas, il n’est pas fâché contre moi, je les ai encore bien amusés ! Mais bon, c’était notre répétition générale pour le Jour du Jugement Dernier. Si Allah tire l’oreille à Deni, je prendrai sa défense : « Sa Sainteté, je vous jure que mon mari a tout fait pour me convertir. Il a vraiment fait de son mieux. Non, ce n’est vraiment pas sa faute, c’est juste moi qui suis une tête de bourrique ! »

Nancy Causse, dite Papaya

A la suite au courriel de l’ambassade de France envoyé le 19 décembre dernier aux inscrits par le chargé d’affaires Stéphane Baumgarth sur le changement d’adresse à cette date du consulat de Bali, un courrier d’une lectrice qui précise que l’info est arrivée juste un jour trop tard…


Merci de ces bonnes nouvelles. Toutefois, le déménagement a eu lieu non pas aujourd’hui mais hier date à laquelle je me suis rendue à l’agence consulaire à Sanur suite à l’invitation que j’avais reçue pour retirer ma nouvelle carte d’identité. Depuis Seminyak, cela prend à peu près 1h30 à l’aller. A ma grande surprise, j’ai pu constater que les bureaux étaient vides, mais j’y ai heureusement retrouvé quelques amis pour partager mon étonnement. Joyeuses fêtes. Bien cordialement.
Laurence Barrault


Le courriel en question…

Message : Jakarta    7 / 2012 / 19 décembre 2012 /  Consule honoraire et déménagement de l’Agence consulaire de Bali.

 Chers compatriotes,

J’ai le plaisir de vous annoncer que le Gouvernement indonésien a accepté officiellement la candidature de Madame Geneviève FAMY comme Consule honoraire à Bali et que l’Agence consulaire de Bali, jusqu’ici située à Sanur, déménage ce jour. Les coordonnées de Mme FAMY et de l’agence consulaire sont dorénavant les suivantes :
Jalan Umalas 1 n° 80
Kerobokan, Kuta 80117
(à côté de l’Ecole française)
Téléphone / Télécopie : 0361 473 0834
Je profite de l’occasion pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année.

Bien cordialement,

Stéphane BAUMGARTH
Chargé d’affaires a. i.

motard dans la cendre

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merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar