Bravo d’abord pour votre travail et la qualité de vos informations. Avant d’aborder le sujet de mon courrier, je voudrais faire une digression sur l’article du mois de mars concernant les Balinais qui trouvent qu’il y a trop d’étrangers installés à Bali qui leur volent le riz de la bouche. Deux remarques : 1) si les Balinais et les Indonésiens étaient mieux formés, les entrepreneurs, qu’ils soient Indonésiens ou étrangers, éviteraient ainsi la coûteuse embauche de salariés expatriés (Kitas de 1200 USD + salaire multiplié au minimum par 2, 3, 5, 10, 20 + avantages tels que assurance et billet d’avion). C’est une remarque de bon sens qui malheureusement ne pèse jamais lourd face aux arguments des xénophobes et racistes de tous les pays y compris les nôtres en Europe (vous vous souvenez de Le Pen, de la Ligue Lombarde ou du Vlam Block, ça ne vole pas plus haut !). 2) 711 Kitas sur un peu plus de 3 millions d’habitants, soit 0,02%, ça ne pèse vraiment pas lourd. Que se passera-t-il quand nous atteindrons 1% ? Je n’ose y songer.
Je voulais donc vous faire part de mes expériences de gestion du personnel et mettre en garde les entrepreneurs contre certaines pratiques. C’est un sujet à ma connaissance qui n’a encore jamais été abordé dans la Gazette peut-être parce qu’il semble tabou, que nous sommes de gentils tamu, qu’il vaut mieux rester low profile et ne pas la ramener ! Beaucoup d’entrepreneurs ici sont confrontés au vol de la part de leurs employés.,. peut-être pas plus que dans d’autres pays sauf qu’ici, les employés jouissent d’une certaine impunité. Contrairement à ce qui se passe dans nos pays d’origine, ils savent que leur employeur ne pourra jamais faire appel à la police. Le bapak polisi qui débarquera dans votre boutique vous rappellera que vous n’êtes pas ici chez vous… Il semble bien sûr que le problème soit plus accru avec des natifs de Bali qu’avec du personnel des autres îles, vous vous demandez pourquoi ?
Les pratiques sont multiples. Bien sûr, le double carnet de commande. La commande est ainsi réalisée à l’insu du boss. Ou encore pour la vente au détail, l’employé vend votre produit qui disparaît donc de votre stock. Avec la complicité d’ouvrier dans votre usine ou dans un atelier complice, il fait fabriquer la pièce manquante et elle retrouve sa place dans votre stock trois jours plus tard. Seul moyen de s’en rendre compte : faire un inventaire surprise ! Parfois, le montage est encore plus ambitieux (c’est arrivé à une de mes connaissances) : des grossistes passent commande à votre employé qui les envoie directement sur une autre boutique qui lui appartient et qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de son employeur !
Ce à quoi j’ai été confronté dernièrement, c’est le système des pubs à coupons. Vous avez sans doute déjà été tenté de mesurer l’impact d’un magazine, carnet de coupons ou autre support de pub… le coupon de réduction vous a semblé un moyen fiable. Plus on aura de retour, plus on pourra estimer que le support média est efficace. Et pour moi, il l’a été de manière tellement étonnante… que j’ai dû me séparer de mon staff au bout du deuxième mois de ces coupons miraculeux. Mon employé réalisait une vente, remettait une fausse facture au client avec le montant payé, puis enregistrait la vente après coup avec la réduction du coupon miraculeux, en se mettant la différence dans la poche. Je m’en suis rendu compte parce que ça représentait 30 % des ventes au bout du deuxième mois sans que le chiffre d’affaire ait augmenté, en l’occurrence il baissait à cause de la réduction. J’ai donc envoyé un client ami à qui il a remis une fausse facture (presque parfaite, à la différence d’une faute d’orthographe !). Même si je m’en suis séparé, je ne lui jette pas totalement la pierre, j’avoue que c’était très tentant, je lui ai tendu le bâton pour me faire battre mais on ne m’y reprendra plus.
Voilà, je pense qu’il ne serait pas inutile que les entrepreneurs étrangers puissent se rencontrer dans un cadre professionnel pour échanger leurs expériences sur ces différents sujets, trouver des parades et peut-être un jour créer une structure pour revendiquer quelques droits, au moins celui d’être entendus contre des employés indélicats. En attendant j’écris à La Gazette de bali qui j’espère me publiera…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire