Ces quelques mots vont à ces indonésiennes qui encaissent à longueur de journée des propos blessants, humiliants et qui souffrent de préjugés. « Sale pute ». Voilà ce que j'entends à longueur de temps quand je marche dans la rue avec mon ami français. Ma couleur de peau et mes yeux ronds me trahissent, je suis bien née ici, indonésienne et fière de l'être, même dans les bras de cet homme blanc. Et pourtant, les regards mi-jaloux mi-répugnants, les sourires mesquins et les rires à peine étouffés, je les ressens, ils me collent à la peau. Une pute, une fille qui fait le tapin, une fille de plaisir, un objet sexuel pour riche expatrié en manque de chair fraîche, jusqu'où vont les allusions ! Pourtant, je ne l'ai pas rencontré en Indonésie, mais bien en Europe, et je ne l'ai pas forcé à venir, je ne lui demande pas de me ramener des bijoux ni des parfums Dior et des sacs Louis Vuitton pour impressionner mes voisines, je ne suis pas son objet sexuel, son amante du bout du monde qu'il aime à montrer dans les bars chics de Seminyak.
Chaque apparition en publique devient une torture durant laquelle il faut affronter une pluie de remarques blessantes. Dans les galeries commerciales, les vendeuses à chaque rayon nous dévisagent et ne cessent même pas quand je me retourne vers elles. Elles m'adressent la parole en anglais, comme si j'avais définitivement perdu mon identité. A Kuta, marcher le long de la plage devient un véritable enfer quand on passe devant les vendeurs de souvenirs : « T'aimes les grosses bites », « Alors il fait bien l'amour, lui ? ». Bien sûr, lui ne comprend pas, sauf quand je me sens obligée de lui traduire, toujours 20 mn après. On ne s'adresse plus à moi, mais à lui qui a l'argent. Les couples mixtes ne sont pourtant pas rares sur Bali et les mariages toujours aussi nombreux.
Ama
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