Votre Gazette m’a enchantée, pleine d’ironie, de pertinence, avec une petite saveur de café du commerce et un fonds culturel très fin. Elle m’est parvenue comme un billet érudit glissé par un ami. Les commentaires et analyses des lecteurs sont succulents et sentent bon le terroir. A mon tour je vous transmets un petit billet qui s’intitule « Traces de papillons et de chasseurs à Bali ». Comme des papillons ils sont superbes, paisibles, gracieux et paraissent fragiles. Doucement et à petits vols, ils se déplacent en solitaires dans les rizières ou en essaim sur la route très étroite. Quand ils s’arrêtent, ils se posent doucement et replient leurs ailes pour s’effacer. Sachant la vie trop courte, les papillons la consacrent à l’essentiel, au sacré et à la spiritualité. La nuit, point de papillon, ils s’endorment et attendent patiemment la rosée du matin pour s’abreuver d’une nouvelle journée et éviter la suée. Ils ne butinent pas les fleurs mais les sucs des petits bosquets de l’existence. Les rizières ne fleurissent jamais, elles rythment le temps qui s’y écoule comme l’eau si lentement. Sont-ils si inoffensifs ? Cachent-ils leur sensualité ? S’adonnent-ils à des plaisirs charnels ? Ce sont des secrets de papillon. Ils semblent exister par un rituel mystérieux. De grands chasseurs blancs sont venus les admirer, sans la volonté de les prendre dans leurs filets. Ils profitent de la volupté de la vie à Bali et des bienfaits généreux des papillons. Troublant le silence des rizières, les chasseurs blancs croassent comme les grenouilles qui sont avalées par les canards qui sont mangés par les Balinais. Même les plus ardents n’osent courtiser les gracieuses balinaises. Elle cheminent vers le temple, majestueuses et déployant vers le ciel leurs offrandes fruitées et colorées. Elles avancent par petits pas hiératiques dans une cérémonie permanente que nul ne saurait perturber. Même un char d’assaut ne peut tuer un papillon. Les chasseurs laissent des traces comme des chenilles métalliques. Les papillons ne deviennent-ils pas chenilles. Les battements d’ailes de papillons de Bali ne provoquent pas de tempête mais le souffle de l’harmonie.
Fabrice Fourmanoir
faaturuma@mail.pf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire