Suite du courrier de notre stagiaire du mois dernier… qui n’est plus stagiaire.
Dans la dernière édition, je vous avais parlé de la dure vie des stagiaires à Bali. En tant qu’ancienne stagiaire, je ne dénierais pas qu’il y a des aspects négatifs. Moi aussi, j’ai subi le patron misogyne, les payes minimalistes, la surexploitation et les horaires improbables… Mais je ne regrette rien. C’était une expérience incomparable.
Effectivement, le cadre, les soirées et le coût de la vie, compensent pour beaucoup. Mais ce n’est pas seulement ça. Il y a à Bali une atmosphère toute particulière qui donne à chacun l’impression que le monde est plein de possibilités. Les carcans administratifs, les règles de bienséance, toutes ces barrières, qui ralentissent notre épanouissement professionnel et notre capacité à saisir des opportunités en France, sont inexistantes à Bali. Ici, plus de politesse ni de poème de courtoisie à la fin de chacun de vos emails. On ne perd plus de temps à franchir des frontières de secrétaires pour atteindre le patron. Tout semble plus accessible, plus disponible. Le « Boss » ça peut être n’importe qui ici, donc… plus personne. Les rendez-vous professionnels se font dans des restaurants de bord de mer, en flip flop, quand ce n’est pas pieds nus.
Les rencontres sont plus simples et les opportunités d’emplois sont nombreuses. En 6 mois ici, on m’a offert spontanément cinq jobs ! On fabrique son réseau en soirée ou sur la plage plutôt que dans des afterworks parisiens rigides. Et apparemment, c’est plus efficace pour se révéler ! On est moins stressés, plus détendus, et de fait, on brille plus.
Cette ambiance permet aussi de mettre en place les projets les plus fous. Les idées les plus innovantes prennent sens dans cette petite île qui concentre à la fois des esprits brillants venus du monde entier et des portefeuilles volumineux prêt à soutenir une idée bien vendue devant un sunset au Kudeta. Et tant qu’investisseur il y a, l’administration indonésienne fait la révérence au moindre projet.
Les concepts les plus fous ont ainsi pu voir le jour : des écoles zéro déchet en bambou aux autoroutes immenses traversant les eaux. Le plus beau comme le plus sale peuvent pousser dans cette île très humide. Et la plupart du temps, c’est un mélange de bambous et d’orties entortillés étroitement que l’on retrouve : rien ne peut être tout blanc !
Pour les jeunes esprits naïfs et utopistes comme le mien, c’est un arc-en-ciel d’opportunités. Au bout de six mois de stage à Bali, j’ai trouvé un emploi sur place. Enfin, un emploi m’a trouvé plus exactement ! Je ne cherchais rien de particulier, je comptais rentrer en France finir mes études. J’avais même hâte de retrouver ma famille, mes amis, mes bottes en cuir et les bibliothèques aux odeurs d’université. Mais je suis tombée amoureuse. Un véritable coup de cœur pour un projet. Je n’ai même pas eu à demander le poste, on me l’a tendu sur un plateau. Je vais pouvoir travailler sur un projet dans lequel je crois, dans des conditions de vie paradisiaque et avec un salaire correct. Tout cela sans diplôme, sans recommandations, sans « cinq ans d’expériences dans le même domaine », uniquement grâce à une discussion sans tabou et une rencontre inattendue.
J’ai eu de la chance et la magie de Bali a opéré. Alors évidemment, on en reparle dans un an quand je serai en burn out et que je rêverai de fromage les yeux ouverts ! Mais pour l’instant, je suis sur mon petit nuage et malgré les conditions parfois très limites des stages, je continuerais à conseiller un passage prolongé sur l’île des Dieux à la jeunesse en quête d’aventure et d’occasions hors du commun.
Une ancienne stagiaire
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