Entre illusion et réalité, construire à Bali

Avec le titre « Entre illusion et réalité », Christine se confronte à la réalité d’un pays comme l’Indonésie où, quand il s’agit de construire une maison, toutes les combines et arnaques sont possibles. Un grand classique ici, eh oui, l’Indonésie, ce n’est pas la France…


Bien que ce ne soit pas l’objet de ce courrier, par association d’idées, c’est Royal de Luxe qui m’est venu à l’esprit quand il s’est agi de rédiger ce petit sujet. Royal de Luxe, c’est cette compagnie de théâtre de rue qui a pris ses quartiers à Nantes, la ville de Jules Verne, il y a de nombreuses années déjà. Un modèle de créativité, d’ingéniosité qui ne cesse de faire l’unanimité depuis près de trois décennies maintenant à travers le monde, avoir la chance de croiser un de leurs spectacles est une occasion grandiose à ne pas manquer. J’ai toujours trouvé impressionnant ces gens qui sans prétention tendent vers une sorte d’excellence quand tant d’autres avec beaucoup de prétention tendent en réalité vers l’opposé.

Mais ce n’est pas de théâtre dont je veux parler, mais d’immobilier, ici à Bali. Le sujet concerne beaucoup d’expatriés ou de candidats à l’expatriation qui choisissent de s’installer à Bali car réaliser un investissement immobilier est une option. Certains ont franchi le pas, d’autres se posent la question, tout le monde à son avis et son expérience sur la question. Avec un peu de recherche on s’aperçoit rapidement que les conseils ne manquent pas, qu’il y a un certain nombre de précautions à prendre, et que certaines entreprises promettant monts et merveilles peuvent se révéler pour le moins décevantes, très bien.

Seulement pour autant, il n’est pas facile de se faire un avis circonstancié sur les acteurs du secteur et encore moins de savoir qui est qui quand on débarque ! La loi étant très stricte concernant la dénonciation et la calomnie, de fait les retours d’expérience ne sont pas si nombreux et toujours extrêmement vagues. Le problème est, me semble-t-il, que dans ces conditions ces entreprises « planche pourrie » peuvent continuer impunément leurs pratiques qui flirtent avec l’escroquerie et surtout continuer à mettre leurs clients en difficulté avec des conséquences plus ou moins sérieuses.

Car pour qu’un investissement soit couronné de succès, mis à part la fluctuation possible du marché et les questions administratives, il faut au minimum pouvoir maîtriser le budget et être assuré de la conformité de la réalisation. C’est là que les difficultés commencent, dans mon cas après avoir signé un contrat pour un montant global déterminé, cela commence par une augmentation du budget de 40% environ. Evidemment, cela intervient après l’implantation et la réalisation des fondations, difficile de modifier le projet à ce stade (la raison qui me fait utiliser le terme « évidemment » provient du fait qu’il semblerait que ce soit une stratégie éprouvée dans l’immobilier permettant de tout passer dans la partie gros-œuvre que le client ne peut décrypter, et on tient l’information de la part de l’intéressé lui-même).

Evidemment aussi, des raisons sont avancées, étude de sol, structure, bref tout ce qui est invérifiable là aussi. Mais des solutions sont également proposées, supprimer… les portes coulissantes, le placo-plâtre, le pool deck, etc. on peut donc déshabiller la maison, c’est formidable.
D’autant plus que toutes les tentatives pour ramener le budget dans les plots par des suppressions se soldent par des augmentations, plus le temps passe plus la note monte.

Et le temps passe ! Car un facteur non négligeable est aussi celui du délai, un chantier qui s’éternise ce sont des années de lease qui partent en fumée, des frais qui s’additionnent, les prix des matières premières qui augmentent. Dans ces conditions, on est très vite tenté de remercier le constructeur et de souhaiter que le maelström l’emporte. Seulement celui-ci prend soin de rester en termes de réalisation, substantiellement en dessous des montants déjà avancés. Vient alors le temps du chantage à l’arrêt du chantier. Le seul choix restant étant de continuer à payer en espérant finir le chantier. Lorsqu’enfin on arrive tant bien que mal au stade des finitions, la déconvenue prend tout son relief et le leitmotiv « il faut réduire les coûts » conclu chaque phrase en réponse aux objections.

Pour une entreprise qui se targue de fournir un niveau qualitatif inégalé à Bali et se présente avec des références de poids, au-delà des pratiques malsaines dont il est fait usage, le précipice entre l’illusion est la réalité est considérable, digne d’une plongée à vingt mille lieues sous les mers. Raconté brièvement de cette façon cela peut sembler un peu invraisemblable mais c’est clairement le schéma sous-jacent qui est mis en œuvre. Et il n’est pas aisé de le soupçonner avant qu’il ne soit trop tard. Plusieurs s’y sont retrouvé confrontés et ne sont pas les premiers inconscients venus. Donc avis aux prétendants à l’investissement immobilier, la réalité nous rattrape toujours et de mon point de vue il est certainement préférable d’opter pour une phase d’observation en s’installant sur place afin de vérifier très concrètement les assertions florissantes qui nous sont servies sur un plateau.

Quelles que soient les précautions que l’on prend pour se prémunir de ce genre de mauvaises aventures, il faut bien se dire que ce n’est jamais suffisant. Il faut être absolument intraitable sur les termes du contrat qui doivent être extrêmement détaillés dans tous les aspects du projet et jusque dans les moindres détails d’équipement prévus. Il faut être sur place et surveiller absolument tout. Et bien sûr rester conscient que la courbe de Fibonacci ne se croise que dans la nature, l’humain est encore loin de l’avoir égalée.

Christine

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merapi novembre 2010

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