Les coulisses des nuits balinaises


Un mot d’un fêtard sur les périlleuses rencontres de la nuit. « Marchons, marchons, trainons dans la nuit / Les gens s’écartent, comme ils nous fuient / Têtes de fauves lâchées dans les rues / Couloirs glacés sur le Bienvenüe », à Kuta donc, comme dans une chanson d’Extraballe, groupe rock parisien d’un autre temps…

Un samedi soir, 3h du matin, je sors du Sky Garden. J’arrive au mémorial et vois un attroupement. Je m’approche donc et vois alors un Indonésien blessé, coincé sous sa mobylette, et à côté de lui deux autres Indonésiens apparemment énervés contre lui. Une touriste essaye de calmer les deux excités, ce à quoi on lui répond qu’elle n’est pas une locale et que ça ne la regarde pas. Après quoi, un des excités écrase violemment son casque sur la tête du blessé, puis le deuxième plein de courage, adresse un coup de pied dans la tête de l’homme à terre, qui gît maintenant sur le béton, la tête en sang. Et pendant ce temps là, tout le monde regarde et les deux militaires à l’entrée du Sky Garden fument leurs cigarettes tranquillement pendant que le responsable de la sécurité appelle ses boss pour savoir quoi faire. L’autre côté des nuits balinaises et l’hypocrisie des agents de sécurité.
Guillaume

au sujet d'une agression dans le nord de Bali

En réponse au courrier de J et P de juin dernier qui nous racontaient la sinistre agression dont il ont été victimes dans leur maison du nord de Bali, les conseils un peu sibyllins d’un lecteur qui signe anonymement P…

En réponse à votre courrier ou plutôt j’espère en solution à votre problème, voici quelques conseils d’un jeune vieux de la vieille. Vous devriez engager un jaga malam (gardien de nuit). Il se doit d’être du village ou vous avez construit, maître de famille et d’un certain âge. Vous devez lui acheter une tenue de travail, lui construire un bale (petit lieu à l’abri de la pluie) au coin du jardin, y mettre une cloche de bambou, qu’il fera retentir à intervalles réguliers d’une heure après à peu près ; lui donner une paye correcte sans exagération, car il vous fait garder une prime bonus versé au bout de l’année pour bon service ou le jour de son départ. La plupart du temps lorsqu’il décide de quitter leur employé, il ne prévient pas sauf les voleurs par qu’ils seront commissionnés pour une bonne nuit d’un sommeil profond. Vous devez mettre des relations privilégiées avec lui, le mettre au courant de ce bonus, c’est la carotte, connaître sa famille femme et enfants, petit cadeaux pour eux et son adresse proche si possible. Ce genre de sale histoire étaient fréquentes dans le Bali d’autrefois, ne cédez pas à cette espèce de chante. Logiquement les voleurs sont du village, c’est une façon de se faire de l’argent et d’éloigner les envahisseurs comme nous sommes. Montrez leur que l’on sait s’adapter envers et contre tous. Si par malheur, mes conseils n’ont pas amené leurs fruits, prévoyez le pire, laissez à disposition une belle somme d’argent dans un sac à main prévu à cet effet, assez en évidence, surtout ne sortez pas de votre lit, agitez-vous comme si vous faisiez un cauchemar. Voilà quelques conseils de quelqu’un qui n’aime pas se laisser faire et qui tâche de lutter pacifiquement. PS : Sinon, vous connaissez le dicton « courage, fuyons ! », c’est ce que vous avez fait, chose que je comprend, car il faut du courage pour s’enfuir et tout laisser derrière soi.

P

une lectrice de Nusa Dua

Une lectrice de Nusa Dua félicite l’équipe et nous pose des questions sur les animaux à Bali. Elle nous livre également son sentiment sur sa vie ici depuis quatre ans.

Je m'appelle Chantal, pour les Balinais, Chantala ! Je lis régulièrement votre gazette et merci d'exister, tout est intéressant, bravo à toute l'équipe. J'y lis que vous avez un docteur ou parfois un veto. Je voudrais savoir quels sont les animaux dangereux que je peux avoir, à part les enragés. Mes animaux sont tous vaccinés, mais un mes chats a attrapé l'an dernier des serpents (non dangereux ) qu'il rapportait dans la maison pour jouer et félicitations ! Peut-être comme les chats français ! Pas drôle car je préfère que ces serpents restent dans leur milieu extérieur et que je n'y mette pas mon pied nu la nuit. Ils n'aimeraient pas et je les comprends.

Donc je connais maintenant les geckos, les mouchetés, plus larges et plus gros, le serpent vert des manguiers, green mamba ? Nous en avons trouvé un dans le jardin, la tête écrasée, donc ramené par un chat. Darma et Bpk Agung avaient un peu peur même si morts. Inutile d'effrayer les touristes mais si pouviez m'éclairer. Je voudrais savoir si je dois courir à l'hosto, si un antipoison existe ? On doit tous mourir un jour, of course.

Je vis à Nusa Dua, Tengkulung, depuis bientôt 4 ans. J'y suis heureuse avec autour de moi seulement des Balinais et des proprio que j'adore. Je vais à toutes les cérémonies de leur village, à Tabanan et aussi à celles de mon banjar. Je ne parle qu'un peu indonésien, j'ai mal choisi, j'aurai dû apprendre directement le balinais mais entre anglais, indonésien, dico, toujours à bavarder et sourire, pas trop de problèmes, on trouve toujours un moment de rencontre. C’est pour cela que je n'ai pas voulu Kerobokan ou Jimbaran. Pourquoi rester entre Français quand on aime les Balinais et leur gentillesse ? Sinon, je serais restée en France, des Français, il y en plein les rues !

J'espère que vous oserez un début de leçon sur ces bestioles avec lesquelles je partage le terrain. Pas plus terrible que les punaises de lit qui envahissent Paris après New York ou les moustiques tigres qui infestent Nice et le Var et maintenant un canton de Suisse, Vaud ? Avec des morts… Les autorités locales et sanitaires sont longues à réagir partout, hélas. Amicalement.

Chantal
La réponse de la rédaction…

Chère Chantal, tout d’abord merci pour vos compliments, cela nous va droit au cœur, et pour ce témoignage sur votre vie à Bali. En ce qui concerne les animaux, notamment les serpents, je vous renvoie à nos articles passés sur le sujet. A savoir la Gazette n°42 d’avril 2008 et la Gazette n°66 de novembre 2010. Ces articles sont consultables sur notre site www.lagazettedebali.info et si vous tenez absolument à l’édition papier, je vous suggère alors d’acheter une « Intégrale » au bureau de la rédaction ou à la librairie Rendez-vousDoux à Ubud. Vous voyez, nous ne nous inquiétons aucunement « d’effrayer les touristes », au contraire, nous pensons qu’il est préférable de les informer. Quant à votre green mamba, nous pencherions plutôt pour une vipère arboricole. Enfin, au sujet des anti-venins, je vous renvoie également à ces deux articles de Ron Lilley car administrer une telle substance est délicat et doit être effectué par un spécialiste. Comme vous voyez, nous osons… La rédaction.

Prières

Une fois n’est pas coutume, une bonne blague de notre contributeur sportif occasionnel Michel Schmit intitulée « Prières... »
Il y avait dans un village deux hommes qui s’appelaient Martin Dupont. L’un était prêtre et l’autre chauffeur de taxi. Le destin voulut que tous deux meurent le même jour. Ils arrivent au ciel et se présentent devant le Seigneur. Martin, le chauffeur de taxi passe en premier. Dieu consulte ses registres et lui dit : - Très bien, mon fils. Tu as gagné le Paradis. Tu as droit à une tunique en fils d’or et un bâton en platine. Tu peux y aller. Quand passe l’autre Martin, Dieu lui dit : - Bien, tu as mérité le Paradis. Tu as droit à une tunique de lin et un bâton en chêne.Le prêtre est surpris : - Pardon Seigneur, mais il doit y avoir une erreur. Je suis bien Martin Dupont, le prêtre ! - Oui mon fils, tu as mérité le Paradis avec cette tunique de lin.- Non ! Ce n’est pas possible ! Je connais l’autre Martin Dupont, il vivait dans mon village. C’était une catastrophe comme chauffeur de taxi ! Il roulait sur les trottoirs, il avait des accrochages tous les jours, il roulait comme un dingue et conduisait très mal... Et moi j’ai passé 55 ans de ma vie à prêcher tous les dimanches à la paroisse. Comment est-il possible qu’on lui donne la tunique en fil d’or et à moi celle-ci ? Et Dieu lui répond : - Non, mon fils, il n’y a aucune erreur. Nous faisons maintenant des évaluations et des bilans. - Comment ?... Je ne comprends pas. - Oui... nous travaillons au résultat et avec des objectifs. Durant ces derniers 25 ans, chaque fois que tu prêchais, les paroissiens s’endormaient... Mais lui, chaque fois qu’il conduisait, tout le monde priait. Michel.

VEGETARISME A BALI

Un lecteur végétalien interpelle Socrate Georgiades sur son Banquet des Dieux consacré aux warung qui cuisinent du chien paru en avril dernier. Thierry pose beaucoup de questions relatives à la consommation de viande en Indonésie qui mériteraient une longue enquête à laquelle nous nous consacrerons peutêtre un jour. En attendant, comme les hasards de l’actu font quelquefois bien les choses, nous l’invitons à lire la rubrique média de ce mois-ci consacré au différend entre l’Australie et l’Indonésie sur le traitement des animaux dans les abattoirs de l’archipel…

Je lis la Gazette à chacun de mes séjours à Bali. Je travaille à l’élaboration d’un projet de maison d’hôtes « vegane » avec Franck Girardot de Three V à Kerobokan (Vivalavi, Three V Café), ce qui m’amène à venir régulièrement sur l’île, depuis la France. Dernièrement, votre article « Une cuisine qui a du chien » m’a interpellé. Je suis végétalien depuis 7 ans et j’ai lu que vous êtes végétarien depuis 30 ans. Ne croyez surtout pas que je vienne ici vous faire quelque reproche que ce soit quant à la nature de cet article. Je ne vous connais qu’au travers de vos écrits journalistiques et je ne suis pas à même de juger de vos motivations ni de vos raisons pour effectuer ce type de reportage. Grâce à vous j’ai appris que certains Balinais mangent du chien car je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à présent. Sur le fond cela ne me choque pas plus que le fait de manger une vache. Puisqu’il s’agit d’une réalité, il est bien de le mentionner dans la Gazette. En fait ce qui m’interpelle c’est la tournure de votre article. Vous encouragez le lecteur à se rendre à l’adresse indiquée pour y déguster du chien cuisiné. Comment arrivez-vous à faire cela en tant que végétarien ? Pourquoi ne soulevez-vous pas la question de l’origine de « la viande » ? D’où viennent les chiens, comment, où et dans quelles conditions sont-ils tués ?
Quand je suis à Bali, je suis ravi de la facilité de pouvoir manger végétarien par rapport à la France mais je vous avoue que j’avais une toute autre image en tête la première fois que je suis arrivé ici. J’avais en tête Gandhi et la tradition végétarienne dans la religion hindoue… Je trouve que cela serait intéressant que vous traitiez du sujet du végétarisme et de la condition des animaux de boucherie à Bali. Est-ce que par le passé le végétarisme était de nature plus courante ? Est-ce que les immigrants et le développement du tourisme contribuent à développer une nourriture carnée ? Est-ce que la viande consommée à Bali est issue de production locale ? Dans quelles conditions sont élevés et tués les animaux ? Existe-t-il des abattoirs, des élevages industriels ? Qu’en est-il de la pêche ? Enfin une foule de questions que je me pose mais qui ne font sans doute pas partie de la ligne éditoriale de la Gazette ou qui ne sont sans doute pas facile à traiter, j’en conviens. Je reviens avec mon épouse 15 jours en août. Nous devrions passer l’essentiel de notre temps dans l’ouest vers Negara. Quelles sont pour vous les meilleurs endroits pour manger « vegan » ? Nous avons testé dernièrement le Manik Organik à Sanur, que nous avons trouvé extra. Merci de vos réponses.

Thierry

La réponse de l’intéressé…
Cher Thierry, à la Gazette, nous sommes obligés de rendre compte de la réalité, y compris quand elle heurte notre sensibilité et nos convictions. Personnellement, je tâche alors d’y mettre un peu de distance et d’humour. D’ailleurs, je vous invite au mois d’août à lire un article sur un établissement de Kuta qui propose du serpent et de la chauve-souris ! Sinon, il y a bien évidemment un intérêt culturel, peut-être culinaire et certainement ethnologique à visiter ce warung qui cuisine du chien et à s’entretenir avec la tenancière, j’ai passé en sa compagnie un très bon moment. Pour répondre à la question que vous posez sur le végétarisme des Balinais, sachez qu’il n’y a pas si longtemps qu’ils mangent un peu de viande en dehors des cérémonies mais il n’y pas ici de « religion végétarienne » comme c’est le cas en Inde.

SG
En réponse au courrier de J et P du mois dernier qui nous racontaient la sinistre agression dont il ont été victimes dans leur maison du nord de Bali, les conseils de Papaya...

Je voudrais rebondir sur le courrier de ce couple de Français qui se sont fait cambrioler à deux reprises dans leur maison neuve - dont la deuxième fois dans des conditions si effrayantes qu’ils ont décidé de vendre et de plier bagage. Dur, dur ! Ceci dit, quel dommage qu’ils n’aient pas fait les morts ! Il ne faut jamais montrer qu’on a regardé le visage des voleurs, on risque notre vie. Et, tant qu’à faire, dommage qu’ils n’aient pas crié « Au feu ! » ( Api! Ada api!). Car ici, en Indonésie, tout comme en France, c’est le sésame si l’on veut voir apparaître ses voisins par magie ! En effet, « Au secours ! » (Tolong!) marche très moyen : qui a envie de sortir en pleine nuit risquer de se faire trucider par les cambrioleurs de la maison d’à côté et qui sont peut être des cousins ? Par contre, personne n’a envie que sa maison crame dans la même foulée que celle des voisins ! Ceci étant, certains détails du récit de ces nouveaux arrivants donne le sentiment qu’« on » a voulu leur faire passer le message qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Hélas, c’est bien possible car tous les Balinais ne se réjouissent pas de notre présence. Ca ne date pas d’hier, parait-il. Je me suis laissé dire que dans le Bali d’avant des Bule indésirables avaient été empoisonnés au bambou ! Et puis je sais qu’à Nusa Lembongan, par exemple, certains locaux mettent encore les bâtons dans les roues des Bule qui tentent d’acheter des terrains sur leur belle île. Par ailleurs, les Indonésiens sont des gens très affectifs. Ils sondent avant tout notre cœur pour sentir si on est des « orang baik » (sympas) et ils n’aiment pas qu’on les ignore. Ils peuvent nous prendre en grippe si on ne leur sourit pas, qu’on est injustes avec eux (très important !) ou qu’on néglige de faire nos courses chez eux. Et si nous les faisons, ne marchandons pas jusqu’à l’os sous prétexte qu’ils articuleront « bankrut! » lorsqu’ils seront vraiment étranglés : eux aussi méritent de vivre un peu confortablement ! En sens inverse, ne nous prenons pas non plus pour la Bank of Indonesia, au risque de nous retrouver avec « burung » marqué sur le front (oiseau, mais aussi pigeon de service). Bref, même si des gens sont peu accueillants, il y en a partout dans le monde, on peut se demander si, par le plus grand des hasards, ce couple de Français aurait froissé des gens du coin ou du banjar en donnant, par exemple, l’impression d’être en terrain conquis. Je me suis laissé dire qu’à Bali les cambriolages sont souvent liés à une vengeance suite à mauvaises relations, contrairement à chez nous où ils sont généralement le fait de professionnels du pied de biche. Comme c’est très mauvais karma de voler, ils ont besoin d’un prétexte « moral » comme celui de rendre justice. Il est donc important de soigner un minimum nos relations avec le voisinage ainsi qu’avec le banjar et d’essayer de nous intégrer surtout que ce n’est franchement pas difficile ! Il est utile de prendre un « security guard » local (jaga malam) en plus de notre roquet, surtout que les cambrioleurs sont presque toujours des locaux. Les Balinais, qui ne sont pas tendres entre eux, les lynchent sans pitié si bien qu’un voleur pris en flagrant délit aura intérêt à courir se livrer à la police plutôt que de se soumettre à la justice de ses pairs! Et je me suis laissé dire que le security guard du banjar était la meilleure garantie pour éviter de se faire cambrioler, ils font leur petite justice entre eux même si la justice en question ressemble souvent à du racket. Les Balinais craignent davantage leurs pairs que nous les Bule qui n’osons souvent pas employer les grand moyens et appeler la police, nous culpabilisant du fait qu’on a plus de moyens matériels qu’eux. De même, dans le cas des femmes de ménage prises la main dans le sac après avoir embarqué discrètement nos affaires, le mieux est d’en informer le banjar. Demander auparavant à notre « pembantu » une photocopie de sa pièce d’identité (kopi KTP). Plus d’une personne a eu la mauvaise surprise de voir sa maison vidée à un retour de week-end, son adorable femme de ménage ayant, bizarrement, disparu en même temps que les meubles. C’est là qu’on s’aperçoit que, somme toute, on ne savait rien sur cette Ketut qui, depuis, demeure injoignable sur son portable ! De plus, lui demander une copie de sa pièce d’identité a, bien entendu, un effet dissuasif ! Bref, pour en revenir à ce couple de Français, espérons qu’ils se remettront rapidement de ces évènements traumatisants et ne prendront pas trop impulsivement de décision définitive!
Nancy CAUSSE YOGYA, dite PAPAYA
L’écrivaine parisienne Papaya nous envoie un texte intitulé « Epilation du maillot à la balinaise… euh, à la brésilienne ».

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui c’est le coin des nanas. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai une collection d’anecdotes sur mes visites aux beauty salons de Bali. Je me souviens, par exemple, de la fois où je suis allée me faire épiler les jambes et où l’esthéticienne a été prise de cours en découvrant que j’avais du poil des deux côtés de chaque jambe, ce qui justifiait qu’elle double soudain le tarif. Certes, je suis un peu méditerranéenne sur les bords mais je connais beaucoup de femmes qui ont plus le look cactus que moi ! Bref, comme elle ne démordait pas sur la rareté du phénomène, je lui ai dit : « Ok, je paierai pour les 4 tranches de jambes mais vous ne me reverrez plus. » Visiblement elle s’en tapait, ce qui comptait c’était ici et maintenant.
Parmi mes anecdotes épiques, j’affectionne particulièrement celle de ma première épilation du maillot brésilien qui remonte à l’autre jour. Il faut bien dire que comme ça suppose de tout arracher, j’y suis allée un peu à reculons. L’esthéticienne, après avoir confirmé le tarif de 100 000 Rp, me montre mollement des bandes de cire. Je me méfie. « Hum, vous l’avez déjà fait ? » « - Euh…un peu… » Mouais, justement, l’épilation c’est comme l’arrachage des sparadraps : plus on hésite et plus ça fait mal ! Me voici néanmoins allongée sur la table de torture. L’employée s’exclame « Rholala, tout ça !! Mais ça va en prendre du temps !! » Ben, je ne prétends pas avoir le poil aussi timide qu’une Balinaise mais ça ne devrait pourtant pas être le bagne ! Et voici qu’elle se ravise : « Ca fera 150.000 Rp ! » En un clin d’œil, j’avais sauté sur mes pieds, enfilé ma petite culotte et filé vers la sortie avec une phrase d’explication vu son air interloqué. Ciel ! Serait-elle en passe de perdre une cliente ? Elle tente de se rattraper, le prix dégringole mais je suis déjà dans le salon de beauté d’en face où les prix affichés m’avaient, jusque là, paru dissuasifs. Une Australienne, les pieds trempant dans un baquet d’eau me regarde entrer de même que quelques spectatrices indonésiennes. Quand je mentionne discrètement un waxing la jeune employée fofolle claironne « Waxing apa ?? » (épilation de quoi ??) Pff, je vois que c’est la grande classe ici, elle veut un mégaphone, peut-être ? En tout cas, ô miracle, le maillot brésilien est à 70 000 Rp ! Moyennant quoi l’employée m’abandonne dans un coin sombre à côté de la cire qui chauffe, si bien que je commence à me faire du souci à l’idée de me retrouver à Sanglah Hospital avec la foufoune brûlée. Ouf, elle revient, mais en guise de réponse à ma question j’ai droit à « Where you stay? » « - C’est pas important where I stay, elle est pas brûlante votre cire ?? Et vous travaillez dans l’obscurité ? Ah, vous allez éclairer au dernier moment ? Je préfère… Oui, ça fait des économies, encore que les ampoules de 20 watts ça fasse un peu juste pour traquer les duvets rebelles… » A ce moment là, la boss entre et prend les choses en mains. C’est une jolie Javanaise, qui s’avère intelligente, fine et pleine d’humour. Quelle bonne surprise ! Du coup, c’est dans les éclats de rire que je me suis fait plumer, ce qui a aidé mon âme à léviter un peu pendant les moments délicats. Détail amusant, elle m’assure qu’il n’y a que des clientes françaises qui réclament le maillot brésilien ! Même pas les Brésiliennes, mais il n’y en a peut-être pas non plus des foules du côté de Legian. Et, pour clôturer ce sujet plein de piquant, cette esthéticienne m’a rappelé que les Indonésiens aiment les poils et s'étonnent qu’on s’épile. Les femmes pleines de bulu ont la réputation d'être… disons… dynamiques au lit ! Pff, j'aurais du déménager ici il y a longtemps, ça m’aurait fait des économies et j'aurais la self esteem à la hauteur du sommet des cocotiers.
Papaya
Lola, intervenante épisodique de cette page, nous raconte « Un dimanche à la plage ».

Dimanche matin, ciel bleu, brise légère, la journée s'annonce bien, je décide d'aller à la plage. Au bruit que fait la mer, je sais qu'il y a des grosses vagues, ce qui promet d’être spectaculaire. [ ], en sortant de la petite résidence que j'habite au bord de la plage de Seminyak, [ ], une planche de surf montée sur 2 roues et son maître fidèle me foncent dessus [ ]. Je ne dois mon salut qu'à un bond arrière sur mes jambes de hash(euse). [ ] je me mets à la recherche du transat idéal. [ ]. Moi qui croyais être à Bali, que nenni, le prix des transats est maintenant comme en Espagne, mais forte de ma pensée positive, je m'étale sur le skaï [ ]. Aussitôt installée, je remarque que le Concorde semble ne pas être loin car un bruit de son décollage se fait entendre par intermittence [ ]. Ne voyant rien venir, [ ] je réalise qu'il s'agit en fait des basses d'ambiance, façon Ibiza, du snack, les mêmes qui m'ont empêché de dormir hier soir, samedi oblige. [ ] je dois avoir l'air avenante car une vendeuse de sarong [ ] s'installe de son propre chef sur le coin de mon matelas pour [ ] me dévoiler ses motifs. Suivie successivement d'une manucure-pédicure, d'une masseuse, d'un vendeur de noix de coco sculptées, de coolers de bière, de chapeaux, de montres, d'arcs et flèches antiques, de peintures rares, de tatoueurs, de coiffures à perle, de cacahuètes, de happy hour salsa bar, de tee-shirts, de cartes postales, de miel, d'huile de massage traditionnelle, de glaces, de coutellerie, de maillots de bain en crochet, de sculptures en bois, de ceintures et de porte-monnaie, de lunettes de soleil, de bijoux, de magazines importés, de bananes et d’ananas. Comme je n'ai pas spécialement besoin de tout ça [ ], je décide d'aller me baigner [ ]. [ ], mais voilà que je me fait attaquer la jambe droite par quelque chose de large, légèrement visqueux et enveloppant, [ ]. La sensation de peur et de dégoût domine. Ca n'est pas urticant. [ ] je découvre un beau spécimen de Plastica Petrolum Sacacourse très répandu par ici [ ]. Après avoir constaté les conséquences du formidable pouvoir de reproduction de l'animal, je le relâche quand même et tout en regrettant la saison des méduses, je réinvesti mon transat libéré [ ]. Je me sèche au soleil un instant quand une bonne amie et son compagnon qui passaient par la viennent me saluer. [ ]. Après m'avoir donné des nouvelles alarmantes de toute la communauté, ils s'éloignent délestés d'un pas altier vers d'autres oreilles. [ ] l'heure du sport ayant sonné, je m'éloigne d'aventure pour une marche à marée basse. Au bout de quelques centaines de mètres, je tombe dans une zone dominée par le ballon rond, [ ]. Après quelques bousculades musclées [ ], j'échappe au maléfice en courant [ ]. [ ]. Je décide un repli stratégique vers mon transat. Malgré la saison sèche, un grain venu d'ailleurs s'abat et me douche, sabotant d'un coup mes velléités de bain de soleil, [ ]. Je me précipite donc chez moi [ ]. Douche et thé bien chauds, je me colle devant mon coffret Thalassa pour me livrer finalement aux joies de la mer. Que sera demain ?

Lola
Une histoire tragique comme il s’en produit quelquefois ici, qui nous rappelle que nous ne sommes que « des étrangers sans droit » et que, de toute façon, le droit ne prévaut que très rarement, pour ne pas dire jamais. Prudence donc… A défaut de recours, il nous reste toujours la possibilité de faire circuler ces témoignages dans nos communautés et d’apporter un soutien moral à ceux qui en ont besoin. C’est chose faite par le biais du journal.

Cher Monsieur, nous venons vers vous pour témoigner de notre histoire. Nous sommes un couple de Français qui est venu s'installer dans le nord de Bali, près de Lovina, dans un village de montagne, à Tchenpaga. Nous avons acheté un terrain et avons fait construire une maison. Cela fait un mois et demi que nous y vivions. Au bout de 3 semaines, nous nous faisons cambrioler pendant que nous dormions. Notre ordinateur fut volé avec effraction au niveau des fenêtres.Nous faisons intervenir la police sans résultat. Il y a une semaine, deux voleurs cagoulés s'introduisent à nouveau par cette même fenêtre et entrent dans notre chambre, pierres et bouts de bois à la main, une lampe-torche dirigée sur nous. En effroi, nous crions et sortons du lit où ils nous attrapent et nous sortent de chez nous. Ils rouent de coups mon mari nu pendant un certain temps (j'ai cru qu'ils allaient le tuer) et moi, me jettent sur le côté, me refugiant sous notre maison sur pilotis, pendant que l'un deux met toutes nos affaires sans dessus dessous. Les voleurs ferment la maison à clef afin de se laisser le temps de nous dévaliser. Curieusement, ils ne prennent pas d'argent et s'en vont avec nos clefs et appareils photo ! Nous attendons le petit matin pour rassembler quelques affaires et, comme semble dire l'événement, « partir ». Nous avons crier à l'aide et aucune personne du voisinage n'est venue à notre secours ! Aujourd’hui, après avoir fait le nécessaire auprès de la police, sans suite, nous vagabondons entre des hôtels ne pouvant plus rester chez nous car apeurés par la violence de cet acte. Il ne nous reste plus qu'à vendre et nous en aller. Nous vous remercions de votre attention.
J et P

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar