Votre Gazette m’a enchantée, pleine d’ironie, de pertinence, avec une petite saveur de café du commerce et un fonds culturel très fin. Elle m’est parvenue comme un billet érudit glissé par un ami. Les commentaires et analyses des lecteurs sont succulents et sentent bon le terroir. A mon tour je vous transmets un petit billet qui s’intitule « Traces de papillons et de chasseurs à Bali ». Comme des papillons ils sont superbes, paisibles, gracieux et paraissent fragiles. Doucement et à petits vols, ils se déplacent en solitaires dans les rizières ou en essaim sur la route très étroite. Quand ils s’arrêtent, ils se posent doucement et replient leurs ailes pour s’effacer. Sachant la vie trop courte, les papillons la consacrent à l’essentiel, au sacré et à la spiritualité. La nuit, point de papillon, ils s’endorment et attendent patiemment la rosée du matin pour s’abreuver d’une nouvelle journée et éviter la suée. Ils ne butinent pas les fleurs mais les sucs des petits bosquets de l’existence. Les rizières ne fleurissent jamais, elles rythment le temps qui s’y écoule comme l’eau si lentement. Sont-ils si inoffensifs ? Cachent-ils leur sensualité ? S’adonnent-ils à des plaisirs charnels ? Ce sont des secrets de papillon. Ils semblent exister par un rituel mystérieux. De grands chasseurs blancs sont venus les admirer, sans la volonté de les prendre dans leurs filets. Ils profitent de la volupté de la vie à Bali et des bienfaits généreux des papillons. Troublant le silence des rizières, les chasseurs blancs croassent comme les grenouilles qui sont avalées par les canards qui sont mangés par les Balinais. Même les plus ardents n’osent courtiser les gracieuses balinaises. Elle cheminent vers le temple, majestueuses et déployant vers le ciel leurs offrandes fruitées et colorées. Elles avancent par petits pas hiératiques dans une cérémonie permanente que nul ne saurait perturber. Même un char d’assaut ne peut tuer un papillon. Les chasseurs laissent des traces comme des chenilles métalliques. Les papillons ne deviennent-ils pas chenilles. Les battements d’ailes de papillons de Bali ne provoquent pas de tempête mais le souffle de l’harmonie.
Fabrice Fourmanoir
faaturuma@mail.pf
DU SPORT EN INDONESIE
Avec quelques mois de décalage, un lecteur réagit à un papier de Jean-Baptiste Chauvin sur le sport en Indonésie (cf. La Gazette de Bali n°58 – mars 2010) et posent certaines questions…
Bonjour à vous, toute l'équipe de la Gazette de Bali, je m'appelle Hugo, étudiant en master de management de projet à Sydney. Je vous écris après avoir lu l'article de Jean Baptiste Chauvin « L'Indonésie en mal de sport ». Si je réagis à cet article, c'est parce que ce sujet m'intéresse au plus haut point. J'aimerais vous faire part du projet qui est le mien et récolter ainsi vos avis et réactions.
Jean Baptiste décrit très bien l'état des lieux du sport de haut niveau, non seulement en Indonésie, mais dans beaucoup d'autres pays également minés par la corruption. Des pays pourtant capables de produire des sportifs excellents dans de nombreuses disciplines les font passer à la trappe, par manque d'argent et de volonté. Les Philippines, pays dans lequel j'ai travaillé un an comme coordinateur de programmes sportifs dans une ONG, rencontrent le même problème : d'excellents basketteurs, pas de gymnases, pas d'entraineurs. L'idée est simple : créer des centres de sport/études, à proximité des endroits les plus pauvres du pays. Pour permettre à la fois aux talents locaux de s'entrainer de façon professionnelle tout en bénéficiant en même temps d'une formation scolaire.
Dans son article, Jean Baptiste Chauvin décrit très clairement l'avantage qu'aurait les grandes marques de sport à financer un tel projet. Image, retombée médiatique, promotion des sportifs les plus prometteurs comme ambassadeurs de leur marque... a priori, ces firmes ont tout à gagner dans une telle aventure. Qu'en pensez-vous ? De telles structures existent-elles déjà ? Où sont-elles implantées ? Les populations les plus pauvres y ont-elles accès ? Si non, un tel projet vous paraît-il envisageable, réalisable ?
Je vous remercie d'avance de vos réponses. Bonne journée à vous et bravo à toute votre équipe
Hugo Kelberine
La réponse de la rédaction…
Hugo,
Tout d’abord merci de l’intérêt que vous portez à la Gazette de Bali et à ses articles.
Pour répondre à votre question sur les sections sport/études, non cela n’existe pas en
tant que tel en Indonésie à ma connaissance. J’entends par là, sur un modèle sport/
études tel qu’il existe en France.
Néanmoins, pour parler de deux des sports les plus populaires en Indonésie (badminton
et football), des exemples existent. Les grandes marques de cigarettes locales (Djarum,
Gudang Garam…) possèdent leur propre club de badminton (dans le centre et l’est
de Java où elles sont implantées), formant donc leurs propres joueurs de haut niveau.
A ma connaissance, le suivi scolaire n’y est cependant pas optimal. L’entrainement
sportif est professionnel, mais manque des compétences scientifiques et de suivi des
athlètes nécessaires aux sportifs de haut niveau.
En ce qui concerne le football, ces mêmes marques sont également présentes, mais
essentiellement dans le sponsoring des compétitions majeures, y injectant donc
directement de l’argent. Mais dans la ligue professionnelle de football indonésienne,
la très grande majorité des clubs est financée par les administrations locales. Il n’y
a donc pas d’aspect scolaire impliqué, et la détection est quasi inexistante, tout
comme l’apport essentiel (dans un premier temps) de savoir-faire européen dans la
formation.
Récemment, le ministère des Sports a décidé d’associer une entreprise publique
au développement d’un sport (une entreprise par sport). Des ressources
financières devraient ainsi être débloquées, mais il est trop tôt pour envisager
leurs effets.
Enfin, je sais qu’un Français installé en Indonésie est actuellement en pleines
démarches ici et en France afin de créer une structure telle que vous en parlez, mêlant
sport et études en Indonésie, concernant le football et destinée à recruter sur l’ensemble
du territoire. D’autres initiatives existent peut-être. Nous restons à votre disposition
si vous souhaitez en savoir davantage sur ce projet. Cordialement.
Jean-Baptiste Chauvin
Bonjour à vous, toute l'équipe de la Gazette de Bali, je m'appelle Hugo, étudiant en master de management de projet à Sydney. Je vous écris après avoir lu l'article de Jean Baptiste Chauvin « L'Indonésie en mal de sport ». Si je réagis à cet article, c'est parce que ce sujet m'intéresse au plus haut point. J'aimerais vous faire part du projet qui est le mien et récolter ainsi vos avis et réactions.
Jean Baptiste décrit très bien l'état des lieux du sport de haut niveau, non seulement en Indonésie, mais dans beaucoup d'autres pays également minés par la corruption. Des pays pourtant capables de produire des sportifs excellents dans de nombreuses disciplines les font passer à la trappe, par manque d'argent et de volonté. Les Philippines, pays dans lequel j'ai travaillé un an comme coordinateur de programmes sportifs dans une ONG, rencontrent le même problème : d'excellents basketteurs, pas de gymnases, pas d'entraineurs. L'idée est simple : créer des centres de sport/études, à proximité des endroits les plus pauvres du pays. Pour permettre à la fois aux talents locaux de s'entrainer de façon professionnelle tout en bénéficiant en même temps d'une formation scolaire.
Dans son article, Jean Baptiste Chauvin décrit très clairement l'avantage qu'aurait les grandes marques de sport à financer un tel projet. Image, retombée médiatique, promotion des sportifs les plus prometteurs comme ambassadeurs de leur marque... a priori, ces firmes ont tout à gagner dans une telle aventure. Qu'en pensez-vous ? De telles structures existent-elles déjà ? Où sont-elles implantées ? Les populations les plus pauvres y ont-elles accès ? Si non, un tel projet vous paraît-il envisageable, réalisable ?
Je vous remercie d'avance de vos réponses. Bonne journée à vous et bravo à toute votre équipe
Hugo Kelberine
La réponse de la rédaction…
Hugo,
Tout d’abord merci de l’intérêt que vous portez à la Gazette de Bali et à ses articles.
Pour répondre à votre question sur les sections sport/études, non cela n’existe pas en
tant que tel en Indonésie à ma connaissance. J’entends par là, sur un modèle sport/
études tel qu’il existe en France.
Néanmoins, pour parler de deux des sports les plus populaires en Indonésie (badminton
et football), des exemples existent. Les grandes marques de cigarettes locales (Djarum,
Gudang Garam…) possèdent leur propre club de badminton (dans le centre et l’est
de Java où elles sont implantées), formant donc leurs propres joueurs de haut niveau.
A ma connaissance, le suivi scolaire n’y est cependant pas optimal. L’entrainement
sportif est professionnel, mais manque des compétences scientifiques et de suivi des
athlètes nécessaires aux sportifs de haut niveau.
En ce qui concerne le football, ces mêmes marques sont également présentes, mais
essentiellement dans le sponsoring des compétitions majeures, y injectant donc
directement de l’argent. Mais dans la ligue professionnelle de football indonésienne,
la très grande majorité des clubs est financée par les administrations locales. Il n’y
a donc pas d’aspect scolaire impliqué, et la détection est quasi inexistante, tout
comme l’apport essentiel (dans un premier temps) de savoir-faire européen dans la
formation.
Récemment, le ministère des Sports a décidé d’associer une entreprise publique
au développement d’un sport (une entreprise par sport). Des ressources
financières devraient ainsi être débloquées, mais il est trop tôt pour envisager
leurs effets.
Enfin, je sais qu’un Français installé en Indonésie est actuellement en pleines
démarches ici et en France afin de créer une structure telle que vous en parlez, mêlant
sport et études en Indonésie, concernant le football et destinée à recruter sur l’ensemble
du territoire. D’autres initiatives existent peut-être. Nous restons à votre disposition
si vous souhaitez en savoir davantage sur ce projet. Cordialement.
Jean-Baptiste Chauvin
COURRIER DU CCCL DE SURABAYA
Je reçois avec plaisir et je lis avec intérêt « La Gazette de Bali » que le CCCL propose aussi dans sa médiathèque. Pour nous, les Français de Java-Est, au nombre de 40, « La Gazette » est un air de fraîcheur, original et informatif, qui nous relie, le temps de la lecture (et au-delà) à vous, Français de Bali, si nombreux, dont ici on vante l’insouciance, les soirées arrosées et les événements mondains. Je vous complimente de pouvoir chaque mois nous divertir et nous apprendre des choses.
Il faut cependant que je vous dise que le réseau culturel français en Indonésie, soutenu, malgré les crises, par l’Ambassade de France, n’est pas circonscrit à la seule Alliance française de Denpasar et au CCF de Jakarta : les centres culturels français de Bandung, de Yogyakarta et de Surabaya sont d’autres joyaux de la couronne ! Je comprends que « La Gazette » n’ait pas comme objectif de parler des CCF de province, situés sur l’austère Java, mais quand « La Gazette » a l’excellente idée de parler d’une manifestation aussi importante et aussi courageuse, pour toute l’Indonésie, que le Q ! Film Festival (cf. numéro de septembre 2010), en omettant de signaler que le festival a également lieu dans nos centres, « La Gazette » fait du tort à l’engagement quotidien de tous les CCF auprès des artistes indonésiens et des associations socioculturelles indonésiennes. C’est la deuxième année que je remarque cette omission et je voulais vous le signaler.
Il en est de même pour le festival du film français, dont les CCF et le Service culturel de l’Ambassade de France supportent les coûts, il en est de même pour le festival du film européen, il en est de même pour la plupart des artistes, des conférences, des expositions qui, sans le travail reconnu de ce réseau, ne pourraient pas venir jusqu’à Bali. Mesdames, Messieurs, ne nous oubliez pas lorsque vous parlerez de nous ! Merci. Cordialement.
Christian Gaujac
CCCL Surabaya, Jalan Darmokali 10 60265 Surabaya
Tél : +62 31 567 86 39 / 561 52 46 Fax : +62 31 567 65 29
Notre réponse…
Cher Christian,
Bien loin de nous l’idée de négliger l’action culturelle des CCF de province comme vous les appelez, nous vous présentons nos excuses pour cette omission. Il est vrai que nous envoyons depuis le premier jour la Gazette dans tout le réseau des centres culturels français en Indonésie sans avoir presque jamais eu aucun retour de la part de ses directeurs et de ses lecteurs alors, avec le temps, nous avons négligé de vous citer lors d’opérations importantes, telles le Q Festival qui a même valu des manifs anti-françaises. Merci d’être enfin sorti de l’ombre, nous serons attentifs à ne plus vous oublier.
Socrate Georgiades
Il faut cependant que je vous dise que le réseau culturel français en Indonésie, soutenu, malgré les crises, par l’Ambassade de France, n’est pas circonscrit à la seule Alliance française de Denpasar et au CCF de Jakarta : les centres culturels français de Bandung, de Yogyakarta et de Surabaya sont d’autres joyaux de la couronne ! Je comprends que « La Gazette » n’ait pas comme objectif de parler des CCF de province, situés sur l’austère Java, mais quand « La Gazette » a l’excellente idée de parler d’une manifestation aussi importante et aussi courageuse, pour toute l’Indonésie, que le Q ! Film Festival (cf. numéro de septembre 2010), en omettant de signaler que le festival a également lieu dans nos centres, « La Gazette » fait du tort à l’engagement quotidien de tous les CCF auprès des artistes indonésiens et des associations socioculturelles indonésiennes. C’est la deuxième année que je remarque cette omission et je voulais vous le signaler.
Il en est de même pour le festival du film français, dont les CCF et le Service culturel de l’Ambassade de France supportent les coûts, il en est de même pour le festival du film européen, il en est de même pour la plupart des artistes, des conférences, des expositions qui, sans le travail reconnu de ce réseau, ne pourraient pas venir jusqu’à Bali. Mesdames, Messieurs, ne nous oubliez pas lorsque vous parlerez de nous ! Merci. Cordialement.
Christian Gaujac
CCCL Surabaya, Jalan Darmokali 10 60265 Surabaya
Tél : +62 31 567 86 39 / 561 52 46 Fax : +62 31 567 65 29
Notre réponse…
Cher Christian,
Bien loin de nous l’idée de négliger l’action culturelle des CCF de province comme vous les appelez, nous vous présentons nos excuses pour cette omission. Il est vrai que nous envoyons depuis le premier jour la Gazette dans tout le réseau des centres culturels français en Indonésie sans avoir presque jamais eu aucun retour de la part de ses directeurs et de ses lecteurs alors, avec le temps, nous avons négligé de vous citer lors d’opérations importantes, telles le Q Festival qui a même valu des manifs anti-françaises. Merci d’être enfin sorti de l’ombre, nous serons attentifs à ne plus vous oublier.
Socrate Georgiades
De la difficulté d'avoir un petit ami occidental
Ces quelques mots vont à ces indonésiennes qui encaissent à longueur de journée des propos blessants, humiliants et qui souffrent de préjugés. « Sale pute ». Voilà ce que j'entends à longueur de temps quand je marche dans la rue avec mon ami français. Ma couleur de peau et mes yeux ronds me trahissent, je suis bien née ici, indonésienne et fière de l'être, même dans les bras de cet homme blanc. Et pourtant, les regards mi-jaloux mi-répugnants, les sourires mesquins et les rires à peine étouffés, je les ressens, ils me collent à la peau. Une pute, une fille qui fait le tapin, une fille de plaisir, un objet sexuel pour riche expatrié en manque de chair fraîche, jusqu'où vont les allusions ! Pourtant, je ne l'ai pas rencontré en Indonésie, mais bien en Europe, et je ne l'ai pas forcé à venir, je ne lui demande pas de me ramener des bijoux ni des parfums Dior et des sacs Louis Vuitton pour impressionner mes voisines, je ne suis pas son objet sexuel, son amante du bout du monde qu'il aime à montrer dans les bars chics de Seminyak.
Chaque apparition en publique devient une torture durant laquelle il faut affronter une pluie de remarques blessantes. Dans les galeries commerciales, les vendeuses à chaque rayon nous dévisagent et ne cessent même pas quand je me retourne vers elles. Elles m'adressent la parole en anglais, comme si j'avais définitivement perdu mon identité. A Kuta, marcher le long de la plage devient un véritable enfer quand on passe devant les vendeurs de souvenirs : « T'aimes les grosses bites », « Alors il fait bien l'amour, lui ? ». Bien sûr, lui ne comprend pas, sauf quand je me sens obligée de lui traduire, toujours 20 mn après. On ne s'adresse plus à moi, mais à lui qui a l'argent. Les couples mixtes ne sont pourtant pas rares sur Bali et les mariages toujours aussi nombreux.
Ama
Chaque apparition en publique devient une torture durant laquelle il faut affronter une pluie de remarques blessantes. Dans les galeries commerciales, les vendeuses à chaque rayon nous dévisagent et ne cessent même pas quand je me retourne vers elles. Elles m'adressent la parole en anglais, comme si j'avais définitivement perdu mon identité. A Kuta, marcher le long de la plage devient un véritable enfer quand on passe devant les vendeurs de souvenirs : « T'aimes les grosses bites », « Alors il fait bien l'amour, lui ? ». Bien sûr, lui ne comprend pas, sauf quand je me sens obligée de lui traduire, toujours 20 mn après. On ne s'adresse plus à moi, mais à lui qui a l'argent. Les couples mixtes ne sont pourtant pas rares sur Bali et les mariages toujours aussi nombreux.
Ama
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