L’écrivaine parisienne Papaya nous envoie un texte intitulé « Epilation du maillot à la balinaise… euh, à la brésilienne ».

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui c’est le coin des nanas. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai une collection d’anecdotes sur mes visites aux beauty salons de Bali. Je me souviens, par exemple, de la fois où je suis allée me faire épiler les jambes et où l’esthéticienne a été prise de cours en découvrant que j’avais du poil des deux côtés de chaque jambe, ce qui justifiait qu’elle double soudain le tarif. Certes, je suis un peu méditerranéenne sur les bords mais je connais beaucoup de femmes qui ont plus le look cactus que moi ! Bref, comme elle ne démordait pas sur la rareté du phénomène, je lui ai dit : « Ok, je paierai pour les 4 tranches de jambes mais vous ne me reverrez plus. » Visiblement elle s’en tapait, ce qui comptait c’était ici et maintenant.
Parmi mes anecdotes épiques, j’affectionne particulièrement celle de ma première épilation du maillot brésilien qui remonte à l’autre jour. Il faut bien dire que comme ça suppose de tout arracher, j’y suis allée un peu à reculons. L’esthéticienne, après avoir confirmé le tarif de 100 000 Rp, me montre mollement des bandes de cire. Je me méfie. « Hum, vous l’avez déjà fait ? » « - Euh…un peu… » Mouais, justement, l’épilation c’est comme l’arrachage des sparadraps : plus on hésite et plus ça fait mal ! Me voici néanmoins allongée sur la table de torture. L’employée s’exclame « Rholala, tout ça !! Mais ça va en prendre du temps !! » Ben, je ne prétends pas avoir le poil aussi timide qu’une Balinaise mais ça ne devrait pourtant pas être le bagne ! Et voici qu’elle se ravise : « Ca fera 150.000 Rp ! » En un clin d’œil, j’avais sauté sur mes pieds, enfilé ma petite culotte et filé vers la sortie avec une phrase d’explication vu son air interloqué. Ciel ! Serait-elle en passe de perdre une cliente ? Elle tente de se rattraper, le prix dégringole mais je suis déjà dans le salon de beauté d’en face où les prix affichés m’avaient, jusque là, paru dissuasifs. Une Australienne, les pieds trempant dans un baquet d’eau me regarde entrer de même que quelques spectatrices indonésiennes. Quand je mentionne discrètement un waxing la jeune employée fofolle claironne « Waxing apa ?? » (épilation de quoi ??) Pff, je vois que c’est la grande classe ici, elle veut un mégaphone, peut-être ? En tout cas, ô miracle, le maillot brésilien est à 70 000 Rp ! Moyennant quoi l’employée m’abandonne dans un coin sombre à côté de la cire qui chauffe, si bien que je commence à me faire du souci à l’idée de me retrouver à Sanglah Hospital avec la foufoune brûlée. Ouf, elle revient, mais en guise de réponse à ma question j’ai droit à « Where you stay? » « - C’est pas important where I stay, elle est pas brûlante votre cire ?? Et vous travaillez dans l’obscurité ? Ah, vous allez éclairer au dernier moment ? Je préfère… Oui, ça fait des économies, encore que les ampoules de 20 watts ça fasse un peu juste pour traquer les duvets rebelles… » A ce moment là, la boss entre et prend les choses en mains. C’est une jolie Javanaise, qui s’avère intelligente, fine et pleine d’humour. Quelle bonne surprise ! Du coup, c’est dans les éclats de rire que je me suis fait plumer, ce qui a aidé mon âme à léviter un peu pendant les moments délicats. Détail amusant, elle m’assure qu’il n’y a que des clientes françaises qui réclament le maillot brésilien ! Même pas les Brésiliennes, mais il n’y en a peut-être pas non plus des foules du côté de Legian. Et, pour clôturer ce sujet plein de piquant, cette esthéticienne m’a rappelé que les Indonésiens aiment les poils et s'étonnent qu’on s’épile. Les femmes pleines de bulu ont la réputation d'être… disons… dynamiques au lit ! Pff, j'aurais du déménager ici il y a longtemps, ça m’aurait fait des économies et j'aurais la self esteem à la hauteur du sommet des cocotiers.
Papaya
Lola, intervenante épisodique de cette page, nous raconte « Un dimanche à la plage ».

Dimanche matin, ciel bleu, brise légère, la journée s'annonce bien, je décide d'aller à la plage. Au bruit que fait la mer, je sais qu'il y a des grosses vagues, ce qui promet d’être spectaculaire. [ ], en sortant de la petite résidence que j'habite au bord de la plage de Seminyak, [ ], une planche de surf montée sur 2 roues et son maître fidèle me foncent dessus [ ]. Je ne dois mon salut qu'à un bond arrière sur mes jambes de hash(euse). [ ] je me mets à la recherche du transat idéal. [ ]. Moi qui croyais être à Bali, que nenni, le prix des transats est maintenant comme en Espagne, mais forte de ma pensée positive, je m'étale sur le skaï [ ]. Aussitôt installée, je remarque que le Concorde semble ne pas être loin car un bruit de son décollage se fait entendre par intermittence [ ]. Ne voyant rien venir, [ ] je réalise qu'il s'agit en fait des basses d'ambiance, façon Ibiza, du snack, les mêmes qui m'ont empêché de dormir hier soir, samedi oblige. [ ] je dois avoir l'air avenante car une vendeuse de sarong [ ] s'installe de son propre chef sur le coin de mon matelas pour [ ] me dévoiler ses motifs. Suivie successivement d'une manucure-pédicure, d'une masseuse, d'un vendeur de noix de coco sculptées, de coolers de bière, de chapeaux, de montres, d'arcs et flèches antiques, de peintures rares, de tatoueurs, de coiffures à perle, de cacahuètes, de happy hour salsa bar, de tee-shirts, de cartes postales, de miel, d'huile de massage traditionnelle, de glaces, de coutellerie, de maillots de bain en crochet, de sculptures en bois, de ceintures et de porte-monnaie, de lunettes de soleil, de bijoux, de magazines importés, de bananes et d’ananas. Comme je n'ai pas spécialement besoin de tout ça [ ], je décide d'aller me baigner [ ]. [ ], mais voilà que je me fait attaquer la jambe droite par quelque chose de large, légèrement visqueux et enveloppant, [ ]. La sensation de peur et de dégoût domine. Ca n'est pas urticant. [ ] je découvre un beau spécimen de Plastica Petrolum Sacacourse très répandu par ici [ ]. Après avoir constaté les conséquences du formidable pouvoir de reproduction de l'animal, je le relâche quand même et tout en regrettant la saison des méduses, je réinvesti mon transat libéré [ ]. Je me sèche au soleil un instant quand une bonne amie et son compagnon qui passaient par la viennent me saluer. [ ]. Après m'avoir donné des nouvelles alarmantes de toute la communauté, ils s'éloignent délestés d'un pas altier vers d'autres oreilles. [ ] l'heure du sport ayant sonné, je m'éloigne d'aventure pour une marche à marée basse. Au bout de quelques centaines de mètres, je tombe dans une zone dominée par le ballon rond, [ ]. Après quelques bousculades musclées [ ], j'échappe au maléfice en courant [ ]. [ ]. Je décide un repli stratégique vers mon transat. Malgré la saison sèche, un grain venu d'ailleurs s'abat et me douche, sabotant d'un coup mes velléités de bain de soleil, [ ]. Je me précipite donc chez moi [ ]. Douche et thé bien chauds, je me colle devant mon coffret Thalassa pour me livrer finalement aux joies de la mer. Que sera demain ?

Lola
Une histoire tragique comme il s’en produit quelquefois ici, qui nous rappelle que nous ne sommes que « des étrangers sans droit » et que, de toute façon, le droit ne prévaut que très rarement, pour ne pas dire jamais. Prudence donc… A défaut de recours, il nous reste toujours la possibilité de faire circuler ces témoignages dans nos communautés et d’apporter un soutien moral à ceux qui en ont besoin. C’est chose faite par le biais du journal.

Cher Monsieur, nous venons vers vous pour témoigner de notre histoire. Nous sommes un couple de Français qui est venu s'installer dans le nord de Bali, près de Lovina, dans un village de montagne, à Tchenpaga. Nous avons acheté un terrain et avons fait construire une maison. Cela fait un mois et demi que nous y vivions. Au bout de 3 semaines, nous nous faisons cambrioler pendant que nous dormions. Notre ordinateur fut volé avec effraction au niveau des fenêtres.Nous faisons intervenir la police sans résultat. Il y a une semaine, deux voleurs cagoulés s'introduisent à nouveau par cette même fenêtre et entrent dans notre chambre, pierres et bouts de bois à la main, une lampe-torche dirigée sur nous. En effroi, nous crions et sortons du lit où ils nous attrapent et nous sortent de chez nous. Ils rouent de coups mon mari nu pendant un certain temps (j'ai cru qu'ils allaient le tuer) et moi, me jettent sur le côté, me refugiant sous notre maison sur pilotis, pendant que l'un deux met toutes nos affaires sans dessus dessous. Les voleurs ferment la maison à clef afin de se laisser le temps de nous dévaliser. Curieusement, ils ne prennent pas d'argent et s'en vont avec nos clefs et appareils photo ! Nous attendons le petit matin pour rassembler quelques affaires et, comme semble dire l'événement, « partir ». Nous avons crier à l'aide et aucune personne du voisinage n'est venue à notre secours ! Aujourd’hui, après avoir fait le nécessaire auprès de la police, sans suite, nous vagabondons entre des hôtels ne pouvant plus rester chez nous car apeurés par la violence de cet acte. Il ne nous reste plus qu'à vendre et nous en aller. Nous vous remercions de votre attention.
J et P

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar