suite et fin de la polémique Nancy / femme de ménage

Nancy Causse Yogya, qui par ailleurs publie un livre (cf. ce numéro page 5), répond à Pak Made Marcel. Après ce courrier, c’est juré, on arrête avec la polémique « Nancy et sa femme de ménage ». On ne diffusera plus rien sur le sujet…
Cela fait plusieurs mois de suite que l’on remet sur le tapis ici un texte que j'ai écrit l’année dernière et qui a eu grandement le temps d’être déformé au fil du temps. Je tiens donc à repréciser que le sujet de mon courrier n’était pas « Nancy n’est pas contente de la prestation de sa femme de ménage » car on s’en tape, mais mon inquiétude du fait qu’en raison d’un nombre de cérémonies croissant, ma femme de ménage ainsi qu’un certain nombre de mes voisins, arrivent tout juste à gagner leur vie – ce qui leur pose, entre autres, des problèmes à joindre les deux bouts. Par ailleurs, solidarité féminine oblige, on se raconte nos petits malheurs avec ma femme de ménage, et ce n’est pas le couteau sous la gorge ou le cerveau lavé par mes soins qu'elle s’est plainte à moi de son épuisement et de sa difficulté à effectuer son mi-temps (je la traite tout aussi humainement que toi et n’ai pas envie de me lancer dans le concours du meilleur boss, stp). Je note cependant au passage que tu es un homme et que je n’ai encore rencontré aucune femme occidentale qui trouvait la culture balinaise si harmonieuse et si parfaite. Car nous, nous avons tendance à nous identifier à la vie des femmes et nous n’envions généralement nullement leur place. Par ailleurs, si tu es né en France, je doute que tu montres une vénération aveugle pour la société française qui t’a vu naître, et tu te sens probablement autorisé à parler des côtés que tu juges négatifs comme des positifs. Je ne vois pas pourquoi le fait de vivre à Bali me contraindrait à perdre tout sens critique ou m’empêcherait de me pencher sur les problèmes des locaux même si c’est, bien entendu, à eux d’y trouver des solutions. Bien à toi.
Nancy Causse Yogya.

Pak Made Marcel répond aussi à la lettre de Michel Schmit publiée le mois dernier…

Mea culpa Mr. Schmit, je suis bien d’accord avec vous, si je ne reviens pas sur mes propos, je reviens sur le ton de mon courrier à Nancy et lui fais mes plates excuses pour le ton du à mon exaspération ! Ce ton, en fait employé pour une communication bien maladroite, a un effet un peu spectaculaire qui a l’avantage de remplir les pages de La Gazette et d’attirer l’attention des lecteurs non directement concernés. Bref, Nancy a le droit de ne pas être contente, mais pas de remettre en question la tradition balinaise et si elle le pense, elle dit à Ketut qu’elle préfère elle aussi avoir une pembantu javanaise ! Le problème est de cracher dans la soupe, Bali est Bali parce que c’est Bali, essayez d’aller vous installer ailleurs, avec juste Idul Fitri pour vacances de vos pembantu, voyez le charme de la situation et le réel bien être de vos employées de maison !

Je pense sincèrement qu’en relativisant ce qui est important et ne l’est pas, le problème de Nancy ne doit pas être si important que cela et les avantages de Bali bien au-dessus des petits problèmes d’assiduité au travail de Ketut. Retrouvons nos esprits, nous sommes à Bali. Faites ce que vous voulez pour votre ménage, chacun est libre de ses propres jugements mais je reste convaincu que le réel danger est de rendre notre cohabitation difficile avec un peuple qui est extrêmement organisé pour éviter les problèmes de nos sociétés occidentales. Moi, je fais travailler les Balinais au rythme que la vie balinaise leurs permet de travailler. J’ai deux employés de maison, pères de 5 et 4 enfants, suffisamment payés, vivant avec frères et sœurs. Pecalang conviés aux rapat desa et banjar, plus cérémonies habituelles, et on vit tous bien avec cela ! Dans le charme du Bali des Balinais.

Le résultat de nos comportements occidentaux chez nous, dans notre « veille France » est là : nous préférons vivre à Bali ! Alors, demandons-nous pourquoi et respectons l’origine de notre bien être ici ! Ici comme ailleurs, la perfection n’est pas de ce monde, mais c’est l’équilibre qui compte, pas la recherche d’un exclusif bénéfice. Les Balinais l’on bien compris et le gèrent convenablement. Je ne suis pas Balinais, et ne le serais jamais, même devenu Pak Made, les dents remises à niveau. Les Balinais, eux, ne disent rien, mais n’en pensent pas moins. Nous, si on ne dit rien, on a plus de Gazette « reflet de notre esprit critique culturel », nous, Français, étrangers au bout monde. Notre intégration n’est qu’une tolérance de la part de la communauté balinaise, qui ne permettra à personne de remettre en question son identité profonde exprimée au travers des cérémonies traditionnelles.

Un bon nombre d’entre-eux sont prêts à défendre avec ferveur leur identité, les limites semblent lointaines mais existent. Les Hollandais sont tombés de haut face au puputan de Badung et de Klungkung. Etre Balinais ou ne pas être. Tous, nous pouvons vivre ensemble si c’est dans le respect de chacun et du lieu. Bali est Bali grâce au Balinais et les Balinais sont balinais grâce à leur extraordinaire et honorable culture balinaise ! Alors, de grâce, respect pour ceux qui sont là chez eux. C’est le message que je veux passer pour l’occasion, il y en a bien d’autres, chaque chose en son temps. Je n’ai pas employé le bon ton peut-être pour passer ce message à la personne concernée, mais d’autres l’ont reçu et compris sans aucun doute ! Avec mes respectueuses salutations, je suis toujours prêt à parler de Bali avec Nancy, Mr Smith et qui le veut bien ! Om Santi, Santi, Santi om.

Pak Made Marcel

Enième rebondissement dans le « dossier » Nancy Causse Yogya, cette fois, c’est Made Marcel, un de ses détracteurs, qui est visé par un de nos plus an

La virulence de ta réponse, je devrais même dire, de ton attaque, indispose, cher Pak Made Marcel. Qui es-tu d’abord, un Français converti à l'hindouisme balinais ? Pourquoi agresser quelqu'un qui ne fait que donner son point de vue et déplorer des faits ? Pourquoi diable des gus se sentent-ils obligés d'attaquer dès que l'on ne partage pas les mêmes idées qu'eux ?

Alors, si la culture Balinaise appelle au calme, à la sérénité et à la paix intérieure, tu as encore un long chemin à parcourir Pak Made Marcel. Ta réponse prouve que tu n'a pas encore assimilé cette culture dont tu te fais le défenseur avec tant d'acharnement. Se plaindre que sa pembantu soit très souvent absente et surtout qu'elle ne prenne même pas la peine de prévenir, me parait tout à fait logique. C'est quand même la pembantu qui est venue chercher du travail, pour lequel elle va demander un salaire à son employeur, même si à tes yeux, ce salaire est ridiculement bas (toi, tu la payes combien, la tienne ?). Et quand le salaire a été débattu, il devait bien être question, j’imagine, de travailler 5 ou 6 jours par semaine et certainement pas 3 ou 4.

Alors, même en décodant parfaitement ce que tu essaies laborieusement de nous décrire, tu es bien d'accord, cher Pak Made Marcel, que la moindre des choses et des politesses, est quand même de prévenir de sa future absence, car cette absence sera payée intégralement. Quant à ta solution de prendre 2 pembantu pour faire le boulot d'une seule, excuse-moi, mais elle est carrément farfelue. Il y aura tout au plus, 2 fois plus d'absences à déplorer. Moi, j'ai résolu le problème comme beaucoup d'autres, je me suis résigné à faire venir de la main d'œuvre javanaise et cela, de la faute à qui ? Et à force d'importation massive de main d'œuvre javanaise, les Balinais ne pourraient-ils pas perdre plus sûrement encore, leur identité culturelle ? Il te faut bien comprendre une chose, cher Pak Made Marcel et surtout que tu l'acceptes bon gré mal gré, sous peine de mourir idiot : tous les expats résidents à Bali ne sont pas venus pour les mêmes raisons que toi, sans pour cela que celles-ci soient moins valables que les tiennes.

Certains sont venus pour la culture balinaise et vont chercher à s'y fondre totalement, moyen pour eux de trouver le "sacré", la sérénité et la paix intérieure, etc. Comme toi apparemment. D'autres sont venus attirés par le paysage, sa beauté, son climat et ses mers chatoyantes gorgées de trésors coralliens et de faune aquatique. Ceux-là, très certainement, regarderont d'un œil émerveillé tous ces temples, ces traditions, ces cérémonies et ce folklore balinais, car pour eux, non mystiques ou non croyants, les cérémonies auxquelles ils assistent, sont avant tout vues comme du folklore, même si ça ne l'est pas pour toi.

Moi, je fais partie de cette dernière catégorie, étant venu prendre ma retraite à Bali, dans cet endroit merveilleux et ayant par la même découvert ces gens à la gentillesse accueillante. Mais là aussi, modulons, tous les Balinais ne sont pas forcement si pacifiques et accueillants que l'on veut bien le dire, tu en es la preuve, toi le Balinais d'adoption. Il y a ceux qui sont venus faire du business, les pionniers, pour qui tout était facile et découverte, ceux-là sont presque tous restés, tombant sous le charme de Bali, certains adoptant leur religion et prenant même la nationalité indonésienne. Ceux-là regrettent amèrement l'évolution de la vie dans l'ile, mais est-ce tout à fait désintéressé ? Il y a les nouveaux aux dents longues, cherchant à faire ici ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas faire ailleurs, ceux-là sont plus business, rentabilité, etc. Ils se fondent moins dans les traditions culturelles, mais en sont-ils coupables pour autant ?

Enfin, il y a ceux qui ont découvert Bali par hasard, ou qui en avaient entendu parler et qui s'y sont fixés définitivement adoptant ou non, les cultures locales. Comme tu vois, cher Made, il y en a donc pour tous les goûts et j'en oublie très certainement, et « l'égout et les couleurs ,ca ne se discute pas.» A ton pic de délire, tu te dis exaspéré par les expats colonisateurs. Et bien, tu vois, mon très cher Pak Made Marcel, ta façon de juger à l'emporte-pièce, m'exaspère tout autant. En effet, je suis exaspéré par ceux qui, croyant détenir la vérité, jouent les moralisateurs et les donneurs de leçons, surtout données sous forme vipérine. A+, Pak Made Marcel.et on en parle quand tu veux, hein !

Michel Schmit

Nancy se trouve un défenseur en la personne d’un habitué de la page courrier…

Aduh Nancy, qu’est-ce qu’ils vous ont mis ! Vous ne faisiez pourtant qu’exprimer un lieu commun chez les « bule ». Moi aussi, je l’avoue sans honte, tenais à peu près les mêmes propos il y a quelques années ! Et depuis, je n’ai toujours pas compris pourquoi on pouvait s’endetter pour une cérémonie, pas plus que pour un écran plasma, d’ailleurs…
En vrai, est-il plus « intelligent » de s’endetter pour une voiture ou pour une belle cérémonie ? Au bout du compte, que reste-t-il, après quelques années ? Une voiture à la casse… […]. Je pense sérieusement qu’aujourd’hui, les Balinais sont victime du même genre de snobisme dont nous souffrons en Occident. Il faut épater la galerie ! […]. Ils ont du mal à accepter que seuls les riches peuvent se payer les cérémonies grandioses […] sans se mettre en danger économiquement. Quoique, peu dépasse vraiment les limites car les banques, les amis et la famille ne prêtent pas si facilement […]… D’autant qu’il n’y a pas si longtemps, une cérémonie ne coûtait pas si cher. Et d’ailleurs, qu’est-ce qui justifie le prix ? Pas grand chose ! Quand on regarde de près, de quoi sont constituées les nombreuses offrandes ? […] aucun élément n’est coûteux […]. Serait-ce le prêtre et ses officiants ? Là est le véritable tabou… […].
Pour moi, il n’y a pas de sujet « tabou » ! Si je pense quelque chose, pourquoi ne pas pouvoir l’exprimer ? Sacré ou pas… Je ne suis pas balinais, ma femme l’est, ma fille aussi, et alors ? Je devrais la fermer à cause de mes origines ? Non, je l’ouvre en face de gens qui, à priori, peuvent m’entendre, essayer de comprendre mon point de vue, en discuter, d’où qu’ils viennent. […]. Si Nancy « se met en danger face à la communauté religieuse de Bali avec de telles attaques », alors je veux bien me les couper ! Eux même ne se prennent pas tant au sérieux, il n’y a qu’à […] écouter le prêche de ce prêtre balinais Pedande Made Gunung sur Bali TV […] qui n’hésite pas lui-même à tourner certaines pratiques religieuses en dérision !
Les règles religieuses n’ont rien de naturel, elles sont culturelles, évidement, elles maintiennent aussi l’équilibre d’un peuple que nous apprécions tant […]. Trouver ce fameux équilibre, là est le véritable problème ! […]. Pour en revenir au côté très pratique qui nous est cher en France : nous avons changé 10 fois de pembantu et piqué des crises quand elles ne venaient pas sans prévenir. Et puis je m’y suis fait, pas le choix, même si j’ai toujours les boules quand ça arrive ! […]. Moi aussi, j’en ai fait des vertes et des pas mûres, que personne n’a compris. […] Et en plus, je ne crois pas en Dieu !
Alors quoi, en conclusion ? […]. J’aime ce pays, plus à cause des gens que des paysages. J’ai encore des tas de choses à apprendre, à essayer de comprendre. […]. La vraie tolérance, pour moi, c’est d’accepter des choses que l’on ne comprend pas. Cyril Terrien.

La réponse de l’intéressée…

Cher Pak Made Marcel,
Heureusement que lorsque je me fais du souci pour leurs problèmes d'argent ainsi que pour leur futur, mes voisins et amis balinais ainsi que ma femme de ménage ne voient pas toutes sortes d'intentions mauvaises et néo-colonialistes derrière ce que je dis. Ils ne déforment pas mes propos et je trouve ça vraiment appréciable !
Ibu Made Nancy

Troisième réaction au courrier de Nancy Causse Yoga sur les Balinais et les cérémonies…

Pauvre Nancy à Bali,
Atterré en lisant le courrier de cette pauvre Nancy dans La Gazette de décembre qui, apparemment, n'a pas compris que sa façon à elle d’aborder la vie n’est pas universelle. Ou bien, elle n’est pas assez ouverte d’esprit pour être à ce point imperméable à ce qui fait que Bali est Bali et donc ce pourquoi elle est ici et non sur n’importe quelle autre île indonésienne ! A lire ses aberrations, j’imagine qu’elle n’a jamais elle-même participé aux cérémonies balinaises ! Je voudrais lui adresser ces quelques mots…

Nancy, tu sembles tout mélanger, et aurais bien besoin de chercher à comprendre un peu les intérêts des Balinais. Tu devrais comprendre que, même si ça te dépasse, effectivement, les Balinais travaillent pour pouvoir faire des cérémonies et que la vie ici, la vraie vie, c’est le temps passé ensemble en cérémonie. Le reste n’étant qu’accessoire, pour en fournir les raisons et les moyens d’existence. L’expression de la vie est ainsi faite, dans la gestion du sacré, de l’immatériel.

D’où sors tu chère Nancy ? Pour imaginer que, durant des siècles, les Balinais attendaient ta venue pour être libérés de leur magnifique identité culturelle source de leur vie ? Si Ketut (ndlr – la femme de ménage de Nancy) ne peut assumer seule ses tâches, et bien chère Nancy, engage une collègue de travail d’une autre famille afin qu’à elles deux, elles puissent assurer d’avantage d’heures de ménage à ton grand bénéfice.

Je suppose que le « budget-pembantu » n’est pas celui qui te ruine le plus dans ta vie balinaise. En général, le budget « petits plaisirs personnels » de nous autres, expatriés, est souvent cinquante fois supérieur. Le ménage des Balinais se fait avant tout, dans la tête, avec les cérémonies. Nancy, n’aurais-tu pas plus de ménage à faire que tu ne l’imagines ? As-tu déjà rencontré un autre peuple montrant autant de bien-être ? Cela transpire dans la société balinaise même pour le plus candide de nos visiteurs occidentaux ! A quoi cela est-il dû, à ton avis, Nancy ? Au temps que passent les Balinais près de nous autres ? Ou au temps qu’ils passent entre eux au temple, ou les uns chez les autres pour célébrer ce qui fait que la vie est la vie ?

Tu as parfaitement le droit de ne pas comprendre. Ca ne tombe pas du ciel ! Seulement, essaye de relativiser et de comparer, avec de bonnes valeurs, ce qui est comparable. Sans compter les bienfaits de l’économie engendrée par cette vie traditionnelle (des dizaines de millier d’emplois). La façon de vivre des Balinais n’a rien à envier à celle des Occidentaux. Le problème est toujours de vivre au-dessus de ses moyens, ici comme ailleurs. Et les cérémonies que l’on s’offre sont en relation avec son niveau de vie. Les Occidentaux, souvent, n’ont plus une minute à consacrer au sacré et à l’équilibre de leur vie, car ils travaillent trop pour consommer des objets futiles et éphémères dans le but de satisfaire leur ego.

Prendre les gens pour des cons, ça ne mène généralement pas à une bonne coexistence et je te rappelle, chère Nancy, que les Balinais sont ici chez eux, pas toi ! Le problème est grave ! La remise en question de l’identité balinaise de la pauvre Ketut lui est bien plus préjudiciable que le coût en temps et en argent que nécessite cette façon de vivre. Elle ne sera jamais de ta famille, elle a déjà une famille et une société à laquelle elle appartient, car elle en est issue et que c’est de son identité même dont il s’agit. Elle est avant tout balinaise et non la pembantu de Nancy !

Et, si sa famille tombe sur ce courrier que tu as adressé à La Gazette de Bali, elle ne viendra plus travailler chez toi car, pour les Balinais, perdre son identité culturelle, c’est mourir ! L’identité culturelle ici est à l’origine de tout. Sans ça, pas de Bali, pas d’artisans, pas de travail. L’important, c’est d’être satisfait, que se soit en remplissant sa bibliothèque de livres très chers ou en allant partager avec ses semblables une cérémonie traditionnelle. La richesse personnelle n’a que le prix qu’on lui accorde. Les Balinais ne sont pas des idiots qui attendent notre lumière pour aborder la vie comme il faut !

Je suis exaspéré par cette façon de penser des expats. Colonisateurs qui prétendent avoir les clefs d’un savoir-vivre en apportant parfois la consommation d’alcool, de drogues, de pratiques sexuelles perverties, comme étant les fruits d’une vie plus agréable. Bref, pas de leçon à donner aux Balinais et surtout, pas en ce qui concerne la tradition. Peut-être même, avons nous beaucoup à apprendre d’eux, sans qu’ils se permettent de nous le faire remarquer. A ta disposition, Nancy, pour parler de tout cela !

Pak Made Marcel

La réponse de l’intéressée

C’est vrai, finalement, pourquoi est-ce que je me fais du mouron pour les Balinais et pour ma Ketut ? Il suffit de changer de femme de ménage et hop ! C’est réglé, on n’y pense plus. Certes, si elle a du mal à faire ses heures avec un mi-temps flexible, elle aura du mal ailleurs aussi, mais chacun son karma, c’est bien ça ? Ah ! Et quant aux voisins, ils continuent de sourire, alors quelle idée néo-colonialiste de se faire un sang d’encre pour leur avenir ! Oui, la vie n’est qu’harmonie à Bali et je te souhaite une très, très bonne journée !

Nancy Causse Yoga

la loi balinaise de l'équilibre

Bonjour, j’aimerais bien faire suivre cette lettre à cette Nancy qui a écrit le courrier du mois dernier sur les fêtes balinaises. Je vis à Bali depuis 10 ans et je suis en couple avec un Balinais depuis plusieurs années. D’habitude plutôt de tempérament discret, nous avons bondi ensemble dans nos fauteuils à la lecture ce courrier et je pense que nous ne sommes pas les seuls ! De quel droit cette Nancy se permet de tels jugements au sujet des cérémonies à Bali ? Le sujet est « tabou » parce que justement il relève du sacré et qu’on ne touche pas au sacré ! C’est comme ça depuis l’aube des temps à Bali et c’est aussi comme ça que leur monde fonctionne... Alors, ce n’est pas une « bule » qui va commencer... Le courrier commence par la notion de perte d’identité chez certains Balinais. Mais c’est justement ce genre de propos qui contribue à cette perte ! Comment voulez-vous ne pas faire perdre pied à un Balinais qui vit dans un monde entièrement organisé dans la sphère du sacré depuis sa naissance en lui faisant avaler ou en lui suggérant de telles remarques ? Nous pensons que Ketut a pu avoir de telles réflexions à force de les lui avoir répétées. C’est comme ça que commencent la néo-colonisation et la perversion de tout un peuple. La communauté des expats à Bali peut grossir sans crainte à condition qu’elle garde une certaine pudeur dans ses réflexions et ses actions au sujet de la manière des Balinais de gérer leur quotidien. Tout le monde y trouvera son compte. Mon ami me dit que Nancy se met en danger face à la communauté religieuse de Bali avec de telles attaques. Ce serait tellement plus simple si Bali ressemblait à l’Europe et si le monde ressemblait au monde. Le message de Nancy peut se résumer par « arrêtez de prier et mettez vous enfin au boulot ! ».
C’est l’insulte suprême d’une « bule » qui n’a décidemment pas encore compris que si le Balinais donne autant avec les cérémonies, c est qu’il a reçu de la même manière depuis sa naissance et qu’il recevra encore, c’est la loi balinaise de l’équilibre. Alors n’allez pas chambouler cette loi naturelle et laissez les régler leurs problèmes, s’il y en a, tous seuls comme des grands. Merci.

Djamal

cérémonie et endettement

Est-ce un tabou ou quoi ? Notre Gazette bien aimée est un des organes de presse qui nous rappellent périodiquement que nous, touristes et expats, contribuons à la perte d’identité des Balinais, qui se dégrade à une vitesse vertigineuse. En ce qui me concerne, je vous rassure tout de suite, pour la culpabilité, je suis tombée dedans quand j’étais petite. Même le trou dans la couche d’ozone, c’est tout ma faute. Mais quand même, est-ce tabou de parler de ce que les Balinais se font subir à eux-mêmes avec cet esclavage des cérémonies ? Je n’ai qu’une femme de ménage, qui a des horaires légers et flexibles mais un salaire à plein temps, qui aime bosser chez nous et a besoin d’argent. Et pourtant, ces cérémonies envahissent son emploi du temps au point qu’elle ne parvient même pas à faire la moitié de ses heures. Elle a épousé un Balinais d’une grande famille de Kuta et un jour c’est enterrement, le lendemain limage de dents, puis mariage en deux fois, puis la cérémonie des 3 mois de je ne sais quel bébé, sans compter les innombrables cérémonies religieuses. Pour les funérailles, bien entendu, elle annule le boulot à la dernière minute. Je précise que ça fait un moment que je la paie à l’heure pour raison de flexibilité et pour éviter les bohong-baratins. Mais elle ne cherche même pas à tirer au flanc. Non, la communauté de Kuta grandit de jour en jour et ma Ketut n’ose pas dire « non ». Un voisin à moi a définitivement fermé boutique, beaucoup d’autres sont inquiets et extrêmement endettés, apprends-je au compte-goutte, car ici on doit faire semblant que tout va bien en toute circonstance... Pour des employeurs, comment ne pas préférer embaucher des Balinaises pas encore mariées, qui n’ont pas encore toutes ces contraintes, ou des musulmanes qui prennent peu de congés ? Ou bien, si c’est la faute de quelqu’un, c’est celle de la mondialisation, et de ce côté-là, on est tous dans la même galère… En 2008, c’est le monde entier qui bosse dur pour survivre et peu de gens sur cette planète peuvent se permettre de passer leur vie dans des cérémonies. Pour ce qui est des cérémonies religieuses, j’imagine que les grands prêtres n’ont pas grand-chose à cirer des difficultés croissantes du petit peuple à se nourrir et à se soigner. Mais les Balinais pourraient se concerter pour se dispenser mutuellement d’un certain nombre de cérémonies, qui en plus leur coûtent de véritables fortunes et les endettent. A la vitesse à laquelle la population croît, il va bien falloir faire des aménagements s’ils ne veulent pas crever la bouche ouverte. Il faudra bien que les Balinais fassent une légère entorse à leur désir de plaire à tout prix, à leur terreur de faire la moindre vague ou même de poser la moindre question. Nos sociétés n’ont jamais avancé sans un minimum de courage de la part de certains individus, si ? Euh, bon… Ce n’est peut être pas comme ça que ça marche ici… Ils ont droit à des vies de rattrapage eux ! Ca doit être ça qui les fait tenir… Mais franchement, les humains savent se rendre la vie merveilleusement compliquée tout seuls comme des grands.

Nancy Causse Yogya

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar