cérémonie et endettement

Est-ce un tabou ou quoi ? Notre Gazette bien aimée est un des organes de presse qui nous rappellent périodiquement que nous, touristes et expats, contribuons à la perte d’identité des Balinais, qui se dégrade à une vitesse vertigineuse. En ce qui me concerne, je vous rassure tout de suite, pour la culpabilité, je suis tombée dedans quand j’étais petite. Même le trou dans la couche d’ozone, c’est tout ma faute. Mais quand même, est-ce tabou de parler de ce que les Balinais se font subir à eux-mêmes avec cet esclavage des cérémonies ? Je n’ai qu’une femme de ménage, qui a des horaires légers et flexibles mais un salaire à plein temps, qui aime bosser chez nous et a besoin d’argent. Et pourtant, ces cérémonies envahissent son emploi du temps au point qu’elle ne parvient même pas à faire la moitié de ses heures. Elle a épousé un Balinais d’une grande famille de Kuta et un jour c’est enterrement, le lendemain limage de dents, puis mariage en deux fois, puis la cérémonie des 3 mois de je ne sais quel bébé, sans compter les innombrables cérémonies religieuses. Pour les funérailles, bien entendu, elle annule le boulot à la dernière minute. Je précise que ça fait un moment que je la paie à l’heure pour raison de flexibilité et pour éviter les bohong-baratins. Mais elle ne cherche même pas à tirer au flanc. Non, la communauté de Kuta grandit de jour en jour et ma Ketut n’ose pas dire « non ». Un voisin à moi a définitivement fermé boutique, beaucoup d’autres sont inquiets et extrêmement endettés, apprends-je au compte-goutte, car ici on doit faire semblant que tout va bien en toute circonstance... Pour des employeurs, comment ne pas préférer embaucher des Balinaises pas encore mariées, qui n’ont pas encore toutes ces contraintes, ou des musulmanes qui prennent peu de congés ? Ou bien, si c’est la faute de quelqu’un, c’est celle de la mondialisation, et de ce côté-là, on est tous dans la même galère… En 2008, c’est le monde entier qui bosse dur pour survivre et peu de gens sur cette planète peuvent se permettre de passer leur vie dans des cérémonies. Pour ce qui est des cérémonies religieuses, j’imagine que les grands prêtres n’ont pas grand-chose à cirer des difficultés croissantes du petit peuple à se nourrir et à se soigner. Mais les Balinais pourraient se concerter pour se dispenser mutuellement d’un certain nombre de cérémonies, qui en plus leur coûtent de véritables fortunes et les endettent. A la vitesse à laquelle la population croît, il va bien falloir faire des aménagements s’ils ne veulent pas crever la bouche ouverte. Il faudra bien que les Balinais fassent une légère entorse à leur désir de plaire à tout prix, à leur terreur de faire la moindre vague ou même de poser la moindre question. Nos sociétés n’ont jamais avancé sans un minimum de courage de la part de certains individus, si ? Euh, bon… Ce n’est peut être pas comme ça que ça marche ici… Ils ont droit à des vies de rattrapage eux ! Ca doit être ça qui les fait tenir… Mais franchement, les humains savent se rendre la vie merveilleusement compliquée tout seuls comme des grands.

Nancy Causse Yogya

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motard dans la cendre

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merapi novembre 2010

face sud du merapi

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paysage de désolation après le passage des lahar