Sous le
titre « On a le Bali qu’on merite », ce courrier d’un lecteur qui
réagit à la fois à la lettre sur l’insécurité à Bali que nous avons publié le
mois dernier et au billet « Benesari » de Romain Forsans sur l’état déliquescent
de Kuta aujourd’hui.
En lisant dans
la Gazette n°106 de mars le courrier d’Anne se plaignant amèrement d’une
recrudescence des agressions et cambriolages ainsi que le papier d’humeur
« Avocat du Diable à Kuta », il m’est venu irrésistiblement à
l’esprit cette pensée de Mao : « Les peuples ont les gouvernants qu’ils
méritent », car en paraphrasant cette pensée on pourrait dire aussi :
« On a le Bali qu’on mérite ».
Si dans le
fameux triangle d’or très prisé, Kuta-Seminyak-Legian, les agressions
augmentent, les commerçants sont à la limite de la probité, les cambriolages se
multiplient, si les gens ont perdu leur sourire en regardant le fond de leur
porte-monnaie et j’en passe, c’est bien parce qu’Anne, comme des millions
d’étrangers, subissent l’oukase de la mode selon lequel, hormis ce triangle, il
n’est point de Bali, parce que vous avez choisi de rester dans ce petit espace
sale, pollué et toujours saturé par les véhicules, parce que vous voulez faire
comme les autres en vous agglutinant là où il faut être vu, sans oser voir la
réalité en face.
Pourquoi
voudriez-vous que les gens du cru se sentent tenus par des règles quand les étrangers
n’en respectent aucune, se promènent à moitié nu dans les rues, une bouteille
de Bintang dans chaque main, sans se soucier de la pudeur traditionnelle des
Balinais et exhibent leur pouvoir d’achat effrontément alors que chez eux ils
auraient du mal à boucler le mois. Vous pourriez rétorquer que vous y êtes
obligée pour des raisons professionnelles mais là aussi vous avez choisi de
venir travailler à Bali en sachant que vous seriez prisonnier de tous les
mauvais côtés de cette société en demeurant à Kuta
Vous auriez pu,
comme moi, choisir de vivre dans le Bali authentique en faisant simplement un
petit effort car dans le village où je réside, je vous affirme qu’il n’y a
jamais d’agression, que je ne ferme jamais les portes de ma maison quand je
sors, que les commerçants me sourient et me font payer le prix normal et si
j’ai oublié mon porte-monnaie me disent de passer payer plus tard mais, évidemment,
il n’y a ni discothèque, ni soirées de m’as-tu vu et les plages sont totalement
désertes. Ce village s’appelle Pantai Balian et non Kuta Beach ou Legian Beach.
Gérard
Luzi