Retour sur le détestable reportage de Pierre Monégier « Bali, l’île poubelle » diffusé il y a quelque semaines au journal du soir de France 2 (YouTube: bali ile poubelles) et qui en a étonné plus d’un par son amalgame tourisme-pollution par les ordures. Un raccourci facile et politiquement correct vu d’un certain angle, mais avant tout fallacieux, et qui dénote surtout le manque de sérieux avec lequel le sujet a été réalisé. Un lecteur nous donne son point de vue…
Bonjour à tous,
je séjourne à Bali un tiers de l’année depuis 25 ans. J’ai vu en France le document de France 2, ma position est intermédiaire entre les « deux camps ». Le reportage a le mérite de mettre au grand jour un problème qui devient effectivement critique à Bali. Il suffit de se promener un peu à l’arrière des jardins, des villages et de ce qui reste de bois et forêts dans le sud-Bali pour voir des décharges par milliers, souvent même dans la mangrove soi-disant protégée. Il est évident que l’immense majorité de ces ordures vient des autochtones, faute d’éducation dans ce domaine ou de service de ramassage public des ordures. Le tourisme pèse certainement pour très peu face à cela, en ce sens le reportage de France 2 a été démagogique en « chargeant » l’activité touristique - même s’il y avait quand même un expat sur un pont pour dénoncer les décharges créées par les habitants. La présence de milliers de sacs plastiques dans l’eau de mer est aussi une réalité, il suffit de monter sur une falaise du sud-Bali pour s’en apercevoir.
Espérons que ce reportage fondé mais trop caricatural servira, avec les autres sur le même thème, à faire prendre conscience aux acteurs du tourisme à Bali qu’ils doivent prendre à bras le corps le problème, avant que l’image de l’île soit durablement détériorée dans le monde.
B. Durand
L’écrivaine Nancy Causse Yoga nous livre également son sentiment sur le sujet de Pierre Monégier pour France 2…
Je voulais revenir sur ce sujet à sensation qui est passé aux infos françaises sur « Bali, île poubelle » (ça devait faire cet effet là étant donné les réactions de mon entourage en France). J’ai trouvé injuste la réaction de Pierre Monégier face au courrier de Socrate qui se faisait le porte-parole de ceux à qui ce sujet fait du tort, à commencer par les Indonésiens. De plus, même s’il y a de gros progrès à faire, le problème de la saleté n’a rien de balinais. Je me souviens encore de ce Mexicain qui m’a balancé sa canette de coca vide quasi sur le pied.
Nancy Causse Yoga
Je voulais revenir sur ce sujet à sensation qui est passé aux infos françaises sur « Bali, île poubelle » (ça devait faire cet effet là étant donné les réactions de mon entourage en France). J’ai trouvé injuste la réaction de Pierre Monégier face au courrier de Socrate qui se faisait le porte-parole de ceux à qui ce sujet fait du tort, à commencer par les Indonésiens. De plus, même s’il y a de gros progrès à faire, le problème de la saleté n’a rien de balinais. Je me souviens encore de ce Mexicain qui m’a balancé sa canette de coca vide quasi sur le pied.
Nancy Causse Yoga
Et puis, bien sûr, encore une fois la rédaction de la Gazette qui interpelle Pierre Monégier et France 2 sur le bien-fondé d’un tel reportage. A la suite des remarques publiées dans cette page Forum le mois dernier, Pierre Monégier nous a demandé de publier un droit de réponse, mais nous l’attendons encore…
Pierre,
Nous acceptons bien volontiers de publier un droit de réponse du service juridique de France 2, merci de nous le faire parvenir avant le 20 février. J’espère qu’il répondra avec précision et bonne foi à toutes les interrogations soulevées par ton reportage, entre autres :
Pourquoi ce sujet hors actu a-t-il été diffusé dans un journal d’actualités ?
Pourquoi avoir choisi Bali pour parler de pollution plutôt que n’importe quelle autre île de l’hémisphère sud, n’importe quelle autre ville d’Asie du Sud ?
Pourquoi l’amalgame a-t-il été fait entre croissance du tourisme et pollution par les sacs plastiques ?
Pourquoi avoir choisi d’intituler ce reportage « Bali, l’île poubelles » ?
Je voudrais te rappeler une fois de plus que tu m’as sollicité à titre gracieux et à plusieurs reprises pendant de nombreux mois pour préparer un sujet à Bali sur les entrepreneurs français, que jamais il n’a été question de ce sujet sur la pollution, j’ai donc estimé ma confiance trahie.
Si tu m’avais demandé des infos sur ce sujet de la pollution par les plastiques et des pistes pour prendre des images frappantes et sensationnelles, je t’aurais sans doute conseillé de quitter le « camp retranché des expats » pour aller à Serangan, la grande décharge de Bali qui s’étend sur des hectares et sur laquelle vivent de nombreuses familles de chiffonniers, ça se trouve à 20 mn de l’endroit où tu as enregistré ton plateau sur la plage. Je t’aurais aussi sans doute conseillé d’aller interviewer le gouverneur ou le bupati de Badung pour leur demander pourquoi il n’y a toujours pas d’incinérateur à Bali. Si tu m’avais demandé en quoi le tourisme a un impact négatif sur Bali, je t’aurais répondu sans hésiter la circulation, la ressource en eau (non-traitement des eaux usées, captages nécessaires, pollution de la nappe phréatique, surconsommation liée aux hôtels et aux piscines), le développement immobilier déjà désastreux...
Dans un autre registre plus positif, si tu m’avais demandé qui œuvre à Bali pour réduire la pollution, et les initiatives sont innombrables, je t’aurais mis en rapport avec Yuyun de WWF qui a monté une énorme opération en juin dernier de sensibilisation à la biodiversité marine, avec Charlotte Fredouille de Peduli Alam qui tend des filets à travers les rivières, avec les gamins de la Bali Eco Patrol qui tournent en ce moment des clips pour sensibiliser les enfants des écoles à la réduction des plastiques utilisés pour le lunch et les snacks.
Jamais personne ne niera qu’il y a des problèmes de pollution par les plastiques à Bali, nous y sommes confrontés tous les jours et ça nous chavire le cœur. Nous savons aussi qu’il y a moins de plastiques à Bali que dans toutes les autres villes d’Indonésie, ça ne change rien à l’image désastreuse que les plages de Bali offrent aux touristes mais c’est une réalité d’un pays qui s’enrichit et dont les habitants n’ont pas conscience de la nuisance que ça crée pour l’environnement. Il y a encore quelques décennies, ils n’avaient pour emballage que des feuilles de bananier biodégradables. Tu sais très bien tout ça parce que tu vis en Inde et que ce pays ne gère pas non plus les déchets comme le fait la Suède !
« Bali, l’île poubelles », c’est un titre qui nous a tous choqués et qui a des répercussions désastreuses sur l’image de Bali, non pas parce qu’il montrait des plastiques mais parce qu’il énonçait une contre-vérité en faisant l’amalgame entre plastiques et tourisme. Si tu avais pris le temps de rencontrer des spécialistes du sujet, tout le monde t’aurait dit que tu faisais fausse route. A présent, tu te réfugies derrière le service juridique de ton employeur et ta propre avocate, tu parles de diffamation mais pour ma part, je trouve bien étrange que tu puisses en toute impunité réaliser un sujet aussi agressif et caricatural et que tu ne supportes pas qu’on le critique. Nous nous nous estimons bafoués par ton reportage, nous francophones balinophiles et aussi tous nos amis balinais et indonésiens. A bon entendeur,
Socrate Georgiades
Pierre,
Nous acceptons bien volontiers de publier un droit de réponse du service juridique de France 2, merci de nous le faire parvenir avant le 20 février. J’espère qu’il répondra avec précision et bonne foi à toutes les interrogations soulevées par ton reportage, entre autres :
Pourquoi ce sujet hors actu a-t-il été diffusé dans un journal d’actualités ?
Pourquoi avoir choisi Bali pour parler de pollution plutôt que n’importe quelle autre île de l’hémisphère sud, n’importe quelle autre ville d’Asie du Sud ?
Pourquoi l’amalgame a-t-il été fait entre croissance du tourisme et pollution par les sacs plastiques ?
Pourquoi avoir choisi d’intituler ce reportage « Bali, l’île poubelles » ?
Je voudrais te rappeler une fois de plus que tu m’as sollicité à titre gracieux et à plusieurs reprises pendant de nombreux mois pour préparer un sujet à Bali sur les entrepreneurs français, que jamais il n’a été question de ce sujet sur la pollution, j’ai donc estimé ma confiance trahie.
Si tu m’avais demandé des infos sur ce sujet de la pollution par les plastiques et des pistes pour prendre des images frappantes et sensationnelles, je t’aurais sans doute conseillé de quitter le « camp retranché des expats » pour aller à Serangan, la grande décharge de Bali qui s’étend sur des hectares et sur laquelle vivent de nombreuses familles de chiffonniers, ça se trouve à 20 mn de l’endroit où tu as enregistré ton plateau sur la plage. Je t’aurais aussi sans doute conseillé d’aller interviewer le gouverneur ou le bupati de Badung pour leur demander pourquoi il n’y a toujours pas d’incinérateur à Bali. Si tu m’avais demandé en quoi le tourisme a un impact négatif sur Bali, je t’aurais répondu sans hésiter la circulation, la ressource en eau (non-traitement des eaux usées, captages nécessaires, pollution de la nappe phréatique, surconsommation liée aux hôtels et aux piscines), le développement immobilier déjà désastreux...
Dans un autre registre plus positif, si tu m’avais demandé qui œuvre à Bali pour réduire la pollution, et les initiatives sont innombrables, je t’aurais mis en rapport avec Yuyun de WWF qui a monté une énorme opération en juin dernier de sensibilisation à la biodiversité marine, avec Charlotte Fredouille de Peduli Alam qui tend des filets à travers les rivières, avec les gamins de la Bali Eco Patrol qui tournent en ce moment des clips pour sensibiliser les enfants des écoles à la réduction des plastiques utilisés pour le lunch et les snacks.
Jamais personne ne niera qu’il y a des problèmes de pollution par les plastiques à Bali, nous y sommes confrontés tous les jours et ça nous chavire le cœur. Nous savons aussi qu’il y a moins de plastiques à Bali que dans toutes les autres villes d’Indonésie, ça ne change rien à l’image désastreuse que les plages de Bali offrent aux touristes mais c’est une réalité d’un pays qui s’enrichit et dont les habitants n’ont pas conscience de la nuisance que ça crée pour l’environnement. Il y a encore quelques décennies, ils n’avaient pour emballage que des feuilles de bananier biodégradables. Tu sais très bien tout ça parce que tu vis en Inde et que ce pays ne gère pas non plus les déchets comme le fait la Suède !
« Bali, l’île poubelles », c’est un titre qui nous a tous choqués et qui a des répercussions désastreuses sur l’image de Bali, non pas parce qu’il montrait des plastiques mais parce qu’il énonçait une contre-vérité en faisant l’amalgame entre plastiques et tourisme. Si tu avais pris le temps de rencontrer des spécialistes du sujet, tout le monde t’aurait dit que tu faisais fausse route. A présent, tu te réfugies derrière le service juridique de ton employeur et ta propre avocate, tu parles de diffamation mais pour ma part, je trouve bien étrange que tu puisses en toute impunité réaliser un sujet aussi agressif et caricatural et que tu ne supportes pas qu’on le critique. Nous nous nous estimons bafoués par ton reportage, nous francophones balinophiles et aussi tous nos amis balinais et indonésiens. A bon entendeur,
Socrate Georgiades
De nombreux guides balinais francophones se sont émus des conséquences de ce reportage, de l’annulation de quelques réservations pour les mois à venir et ont tenu à rendre visite à notre rédaction pour s’exprimer sur ce sujet de la gestion des ordures à Bali.
Nous sommes la section francophone des guides de Bali (page FaceBook : guides francophones de Bali) et désirons vous informer de certaines actions que nous menons pour lutter contre la pollution à Bali dans le cadre de notre campagne « Bali cantik tanpa plastik ». Ce à quoi nous sommes confrontés à Bali, ce sont avant tout trois difficultés culturelles : la première, se débarrasser de l’habitude de jeter nos ordures par terre ; la seconde, de payer pour gérer les ordures ; la troisième, de convaincre la population que les ordures du monde moderne sont plus dangereuses pour la santé que les feuilles de bananier que nous utilisions traditionnellement et qu’elles n’ont pas la même durée de vie. Il y a une volonté politique de lutter contre la dissémination des plastiques dans Bali mais la difficulté est la mise en œuvre de la gestion des déchets qui ne peut se faire sans l’assentiment des populations. Voilà pourquoi nous avons monté par exemple avec les autorités de la région de Karangasem une bank sampah (banque publique d’ordures) où nous achetons les ordures aux habitants. Ces ordures sont ensuite envoyées à Java pour y être recyclées. Nous en avons aussi profité pour nettoyer avec les banjar concernés les villages touristiques de Kastala, Gumung et Tenganan où nous emmenons nos touristes faire de beaux trekkings dans les rizières. Nous espérons organiser pour le Jour de la Terre au mois d’avril une grande action de nettoyage, peut-être qu’il y aura des gens intéressés dans votre communauté pour vous joindre à nous, la Gazette de Bali nous a promis de vous tenir informés de nos actions.
Himpunan Pramuwisata Indonesia (HPI) Bali divisi Prancis
Nous sommes la section francophone des guides de Bali (page FaceBook : guides francophones de Bali) et désirons vous informer de certaines actions que nous menons pour lutter contre la pollution à Bali dans le cadre de notre campagne « Bali cantik tanpa plastik ». Ce à quoi nous sommes confrontés à Bali, ce sont avant tout trois difficultés culturelles : la première, se débarrasser de l’habitude de jeter nos ordures par terre ; la seconde, de payer pour gérer les ordures ; la troisième, de convaincre la population que les ordures du monde moderne sont plus dangereuses pour la santé que les feuilles de bananier que nous utilisions traditionnellement et qu’elles n’ont pas la même durée de vie. Il y a une volonté politique de lutter contre la dissémination des plastiques dans Bali mais la difficulté est la mise en œuvre de la gestion des déchets qui ne peut se faire sans l’assentiment des populations. Voilà pourquoi nous avons monté par exemple avec les autorités de la région de Karangasem une bank sampah (banque publique d’ordures) où nous achetons les ordures aux habitants. Ces ordures sont ensuite envoyées à Java pour y être recyclées. Nous en avons aussi profité pour nettoyer avec les banjar concernés les villages touristiques de Kastala, Gumung et Tenganan où nous emmenons nos touristes faire de beaux trekkings dans les rizières. Nous espérons organiser pour le Jour de la Terre au mois d’avril une grande action de nettoyage, peut-être qu’il y aura des gens intéressés dans votre communauté pour vous joindre à nous, la Gazette de Bali nous a promis de vous tenir informés de nos actions.
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