Michel Schmit, notre contributeur occasionnel sur certains dossiers sportifs, également ancien athlète français de haut niveau, revient sur les sauteurs de Nias de l’article de Thierry Robinet en novembre dernier…
Je veux juste apporter une précision sur l’article de Thierry Robinet où il nous parle notamment du fameux « mur de plus de 2 mètres de haut » que les nouveaux promus doivent sauter au pas de course, comme des athlètes aux JO. Ce mur, qui mesure effectivement 2 m de haut, est comme nous pouvons le constater sur la photo, de forme pyramidale et mesure à peu près 50 cm de large au sommet, pour près de 1,50 m à la base. Il a longtemps été en outre, l'effigie qui ornait les anciens billets de 1000 roupies.
Sauter par dessus ce mur signifie de faire également un saut d'une longueur de plus de 3 m entre la prise d'appel et la réception, qui doit se faire debout, puisque la fosse n'est que « les pavés de la route ». Le sauteur doit donc utiliser le style qui, lorsque nous étions enfants, nous permettait de sauter en courant par dessus les haies ou les branches d'arbres. Donc pas de style sophistiqué genre « rouleau californien, » ventral ou Fosbury, mais un style naturel, combinaison entre saut en hauteur et en longueur.
Il serait alors impossible, même aux meilleurs sauteurs du monde actuel, qui franchissent pourtant régulièrement plus de 2.30 m, de réaliser pareille performance. Alors quel est le secret de ces athlètes de très petite taille (en plus !) pour réaliser cet exploit, et qui doivent impérativement sauter pieds nus. ? Regardez bien la photo, et vous apercevrez derrière le mur, une pierre de quelques 50 cm de haut, sur laquelle les sauteurs prennent leur appel, ramenant ainsi la hauteur du mur à franchir à un peu moins d'1,50 m. A partir de là, cela n'est plus trop difficile. J'ai moi-même réalisé ce saut dans les années 90, devant des villageois étonnés qu'un « Bule » puisse être assez brave pour le tenter et le réussir, avec aucun entrainement préalable.
Ce qu'ils ne savaient pas, c’est que je sautais plus de 2 m en hauteur en rouleau californien. L'absence de fosse de réception surélevée de l'époque, nous obligeant à retomber sur notre jambe d'appel, nous faisant faire ainsi une sorte de saut à clochepied se rapprochant assez du style du sauteur que l'on peut voir sur la photo. Puis, les fosses de réception ont évolué et ont été remplacées par les matelas en mousse surélevés que l'on peut voir maintenant à chaque compétition, permettant des styles de plus en plus sophistiqués où les sauteurs actuels retombent carrément sur le dos. Imaginez, si ce style était employé à Nias, le nombre de blessés ou de morts. Amitiés à tous.
Michel Schmit
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