Papaya va en prison
Dans son style unique et avec l’acuité qui la caractérise, l’écrivaine Papaya, la plus parisienne des habitués des pages courrier de la Gazette, rebondit sur « le mot du Consul » de mars qui portait sur la prison de Kerobokan avec un texte intitulé « Papaya va en prison »… Le mois dernier, comme d’habitude, j’ai lu avec plaisir « le mot du Consul ». Cette fois-ci, il s’agissait d’un sujet familier : LAPAS, la prison de Kerobokan ou « l’hôtel le moins cher du coin » comme l’appellent les locaux. J’ai donc pu comparer ma petite expérience avec celle de notre consul. Bizarrement, moi je suis tombée des jours où il n’y avait pas d’enfants mais, par contre, de nombreux couples, souvent mixtes d’ailleurs, qui, assis par terre, s’embrassaient non « furtivement » mais à pleine bouche, ajoutant une touche Woodstock surprenante à l’ambiance pique-nique. Ce qui était frappant, c’était cette joie de vivre éclatante qui émanait comme toujours des Indonésiens jusque dans cet endroit a priori lugubre. Et certains, qui ne perdaient pas le nord, proposaient de me louer à l’heure un tapis en raphia en fin de vie pour m’éviter de salir mon postérieur délicat de wanita bule. Les premières fois, j’ai apporté à mon ami une cartouche de cigarettes, du gâteau, des oignons pour relever son nasi, des omega3 pour aider son moral à ne pas flancher etc. Par la suite, il m’a demandé de bien envelopper tout cela car des vautours rôdaient et le rackettaient dès son retour au bloc – plutôt pour les clopes que les oignons, d’ailleurs. Mais je m’égare un peu car ce que je voulais dire, c’est qu’une phrase de notre cher consul m’a fait sursauter : « Mais que cela ne vous empêche pas de rendre visite aux Français qui s’y trouvent. La faute n’empêche pas la compassion. » La faute, la faute ? Euh… justement l’ami que j’allais soutenir purgeait une peine de 2 ans pour avoir donné l’adresse d’un dealer de marijuana à un imbécile qui a ensuite eu la riche idée de fumer son pétard en public et de se faire attraper par la police (en Indonésie dénoncer vous rapporte des sous alors tout peut dégénérer très vite). En France, il n’aurait même pas ramassé une amende pour cela ! Quant à ses copains de cellule, ils croupissaient souvent là pour un ecstasy ou deux grammes de haschisch. Ici drogues douces et dures, c’est tout dans le même sac ! Et s’ils n’avaient pas d’argent pour monnayer leur sortie… Heureusement, la peine de mon ami a finalement été allégée car la prison est pleine. On le conçoit aisément ! En plus, maintenant, il faut payer si l’on ne veut pas être transféré à Singaraja ou Karangasem, là où personne ne viendra vous voir. Bref, si vous rendez visite à vos compatriotes à la prison de Kerobokan, il y a peu de chances que vous vous retrouviez face à des brigands de grands chemins ! Nancy Causse Yogya, alias Papaya
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire