Un lecteur végétalien interpelle Socrate Georgiades sur son Banquet des Dieux consacré aux warung qui cuisinent du chien paru en avril dernier. Thierry pose beaucoup de questions relatives à la consommation de viande en Indonésie qui mériteraient une longue enquête à laquelle nous nous consacrerons peutêtre un jour. En attendant, comme les hasards de l’actu font quelquefois bien les choses, nous l’invitons à lire la rubrique média de ce mois-ci consacré au différend entre l’Australie et l’Indonésie sur le traitement des animaux dans les abattoirs de l’archipel…
Je lis la Gazette à chacun de mes séjours à Bali. Je travaille à l’élaboration d’un projet de maison d’hôtes « vegane » avec Franck Girardot de Three V à Kerobokan (Vivalavi, Three V Café), ce qui m’amène à venir régulièrement sur l’île, depuis la France. Dernièrement, votre article « Une cuisine qui a du chien » m’a interpellé. Je suis végétalien depuis 7 ans et j’ai lu que vous êtes végétarien depuis 30 ans. Ne croyez surtout pas que je vienne ici vous faire quelque reproche que ce soit quant à la nature de cet article. Je ne vous connais qu’au travers de vos écrits journalistiques et je ne suis pas à même de juger de vos motivations ni de vos raisons pour effectuer ce type de reportage. Grâce à vous j’ai appris que certains Balinais mangent du chien car je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à présent. Sur le fond cela ne me choque pas plus que le fait de manger une vache. Puisqu’il s’agit d’une réalité, il est bien de le mentionner dans la Gazette. En fait ce qui m’interpelle c’est la tournure de votre article. Vous encouragez le lecteur à se rendre à l’adresse indiquée pour y déguster du chien cuisiné. Comment arrivez-vous à faire cela en tant que végétarien ? Pourquoi ne soulevez-vous pas la question de l’origine de « la viande » ? D’où viennent les chiens, comment, où et dans quelles conditions sont-ils tués ?
Quand je suis à Bali, je suis ravi de la facilité de pouvoir manger végétarien par rapport à la France mais je vous avoue que j’avais une toute autre image en tête la première fois que je suis arrivé ici. J’avais en tête Gandhi et la tradition végétarienne dans la religion hindoue… Je trouve que cela serait intéressant que vous traitiez du sujet du végétarisme et de la condition des animaux de boucherie à Bali. Est-ce que par le passé le végétarisme était de nature plus courante ? Est-ce que les immigrants et le développement du tourisme contribuent à développer une nourriture carnée ? Est-ce que la viande consommée à Bali est issue de production locale ? Dans quelles conditions sont élevés et tués les animaux ? Existe-t-il des abattoirs, des élevages industriels ? Qu’en est-il de la pêche ? Enfin une foule de questions que je me pose mais qui ne font sans doute pas partie de la ligne éditoriale de la Gazette ou qui ne sont sans doute pas facile à traiter, j’en conviens. Je reviens avec mon épouse 15 jours en août. Nous devrions passer l’essentiel de notre temps dans l’ouest vers Negara. Quelles sont pour vous les meilleurs endroits pour manger « vegan » ? Nous avons testé dernièrement le Manik Organik à Sanur, que nous avons trouvé extra. Merci de vos réponses.
Thierry
La réponse de l’intéressé…
Cher Thierry, à la Gazette, nous sommes obligés de rendre compte de la réalité, y compris quand elle heurte notre sensibilité et nos convictions. Personnellement, je tâche alors d’y mettre un peu de distance et d’humour. D’ailleurs, je vous invite au mois d’août à lire un article sur un établissement de Kuta qui propose du serpent et de la chauve-souris ! Sinon, il y a bien évidemment un intérêt culturel, peut-être culinaire et certainement ethnologique à visiter ce warung qui cuisine du chien et à s’entretenir avec la tenancière, j’ai passé en sa compagnie un très bon moment. Pour répondre à la question que vous posez sur le végétarisme des Balinais, sachez qu’il n’y a pas si longtemps qu’ils mangent un peu de viande en dehors des cérémonies mais il n’y pas ici de « religion végétarienne » comme c’est le cas en Inde.
SG
En réponse au courrier de J et P du mois dernier qui nous racontaient la sinistre agression dont il ont été victimes dans leur maison du nord de Bali, les conseils de Papaya...
Je voudrais rebondir sur le courrier de ce couple de Français qui se sont fait cambrioler à deux reprises dans leur maison neuve - dont la deuxième fois dans des conditions si effrayantes qu’ils ont décidé de vendre et de plier bagage. Dur, dur ! Ceci dit, quel dommage qu’ils n’aient pas fait les morts ! Il ne faut jamais montrer qu’on a regardé le visage des voleurs, on risque notre vie. Et, tant qu’à faire, dommage qu’ils n’aient pas crié « Au feu ! » ( Api! Ada api!). Car ici, en Indonésie, tout comme en France, c’est le sésame si l’on veut voir apparaître ses voisins par magie ! En effet, « Au secours ! » (Tolong!) marche très moyen : qui a envie de sortir en pleine nuit risquer de se faire trucider par les cambrioleurs de la maison d’à côté et qui sont peut être des cousins ? Par contre, personne n’a envie que sa maison crame dans la même foulée que celle des voisins ! Ceci étant, certains détails du récit de ces nouveaux arrivants donne le sentiment qu’« on » a voulu leur faire passer le message qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Hélas, c’est bien possible car tous les Balinais ne se réjouissent pas de notre présence. Ca ne date pas d’hier, parait-il. Je me suis laissé dire que dans le Bali d’avant des Bule indésirables avaient été empoisonnés au bambou ! Et puis je sais qu’à Nusa Lembongan, par exemple, certains locaux mettent encore les bâtons dans les roues des Bule qui tentent d’acheter des terrains sur leur belle île. Par ailleurs, les Indonésiens sont des gens très affectifs. Ils sondent avant tout notre cœur pour sentir si on est des « orang baik » (sympas) et ils n’aiment pas qu’on les ignore. Ils peuvent nous prendre en grippe si on ne leur sourit pas, qu’on est injustes avec eux (très important !) ou qu’on néglige de faire nos courses chez eux. Et si nous les faisons, ne marchandons pas jusqu’à l’os sous prétexte qu’ils articuleront « bankrut! » lorsqu’ils seront vraiment étranglés : eux aussi méritent de vivre un peu confortablement ! En sens inverse, ne nous prenons pas non plus pour la Bank of Indonesia, au risque de nous retrouver avec « burung » marqué sur le front (oiseau, mais aussi pigeon de service). Bref, même si des gens sont peu accueillants, il y en a partout dans le monde, on peut se demander si, par le plus grand des hasards, ce couple de Français aurait froissé des gens du coin ou du banjar en donnant, par exemple, l’impression d’être en terrain conquis. Je me suis laissé dire qu’à Bali les cambriolages sont souvent liés à une vengeance suite à mauvaises relations, contrairement à chez nous où ils sont généralement le fait de professionnels du pied de biche. Comme c’est très mauvais karma de voler, ils ont besoin d’un prétexte « moral » comme celui de rendre justice. Il est donc important de soigner un minimum nos relations avec le voisinage ainsi qu’avec le banjar et d’essayer de nous intégrer surtout que ce n’est franchement pas difficile ! Il est utile de prendre un « security guard » local (jaga malam) en plus de notre roquet, surtout que les cambrioleurs sont presque toujours des locaux. Les Balinais, qui ne sont pas tendres entre eux, les lynchent sans pitié si bien qu’un voleur pris en flagrant délit aura intérêt à courir se livrer à la police plutôt que de se soumettre à la justice de ses pairs! Et je me suis laissé dire que le security guard du banjar était la meilleure garantie pour éviter de se faire cambrioler, ils font leur petite justice entre eux même si la justice en question ressemble souvent à du racket. Les Balinais craignent davantage leurs pairs que nous les Bule qui n’osons souvent pas employer les grand moyens et appeler la police, nous culpabilisant du fait qu’on a plus de moyens matériels qu’eux. De même, dans le cas des femmes de ménage prises la main dans le sac après avoir embarqué discrètement nos affaires, le mieux est d’en informer le banjar. Demander auparavant à notre « pembantu » une photocopie de sa pièce d’identité (kopi KTP). Plus d’une personne a eu la mauvaise surprise de voir sa maison vidée à un retour de week-end, son adorable femme de ménage ayant, bizarrement, disparu en même temps que les meubles. C’est là qu’on s’aperçoit que, somme toute, on ne savait rien sur cette Ketut qui, depuis, demeure injoignable sur son portable ! De plus, lui demander une copie de sa pièce d’identité a, bien entendu, un effet dissuasif ! Bref, pour en revenir à ce couple de Français, espérons qu’ils se remettront rapidement de ces évènements traumatisants et ne prendront pas trop impulsivement de décision définitive!
Nancy CAUSSE YOGYA, dite PAPAYA
Je voudrais rebondir sur le courrier de ce couple de Français qui se sont fait cambrioler à deux reprises dans leur maison neuve - dont la deuxième fois dans des conditions si effrayantes qu’ils ont décidé de vendre et de plier bagage. Dur, dur ! Ceci dit, quel dommage qu’ils n’aient pas fait les morts ! Il ne faut jamais montrer qu’on a regardé le visage des voleurs, on risque notre vie. Et, tant qu’à faire, dommage qu’ils n’aient pas crié « Au feu ! » ( Api! Ada api!). Car ici, en Indonésie, tout comme en France, c’est le sésame si l’on veut voir apparaître ses voisins par magie ! En effet, « Au secours ! » (Tolong!) marche très moyen : qui a envie de sortir en pleine nuit risquer de se faire trucider par les cambrioleurs de la maison d’à côté et qui sont peut être des cousins ? Par contre, personne n’a envie que sa maison crame dans la même foulée que celle des voisins ! Ceci étant, certains détails du récit de ces nouveaux arrivants donne le sentiment qu’« on » a voulu leur faire passer le message qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Hélas, c’est bien possible car tous les Balinais ne se réjouissent pas de notre présence. Ca ne date pas d’hier, parait-il. Je me suis laissé dire que dans le Bali d’avant des Bule indésirables avaient été empoisonnés au bambou ! Et puis je sais qu’à Nusa Lembongan, par exemple, certains locaux mettent encore les bâtons dans les roues des Bule qui tentent d’acheter des terrains sur leur belle île. Par ailleurs, les Indonésiens sont des gens très affectifs. Ils sondent avant tout notre cœur pour sentir si on est des « orang baik » (sympas) et ils n’aiment pas qu’on les ignore. Ils peuvent nous prendre en grippe si on ne leur sourit pas, qu’on est injustes avec eux (très important !) ou qu’on néglige de faire nos courses chez eux. Et si nous les faisons, ne marchandons pas jusqu’à l’os sous prétexte qu’ils articuleront « bankrut! » lorsqu’ils seront vraiment étranglés : eux aussi méritent de vivre un peu confortablement ! En sens inverse, ne nous prenons pas non plus pour la Bank of Indonesia, au risque de nous retrouver avec « burung » marqué sur le front (oiseau, mais aussi pigeon de service). Bref, même si des gens sont peu accueillants, il y en a partout dans le monde, on peut se demander si, par le plus grand des hasards, ce couple de Français aurait froissé des gens du coin ou du banjar en donnant, par exemple, l’impression d’être en terrain conquis. Je me suis laissé dire qu’à Bali les cambriolages sont souvent liés à une vengeance suite à mauvaises relations, contrairement à chez nous où ils sont généralement le fait de professionnels du pied de biche. Comme c’est très mauvais karma de voler, ils ont besoin d’un prétexte « moral » comme celui de rendre justice. Il est donc important de soigner un minimum nos relations avec le voisinage ainsi qu’avec le banjar et d’essayer de nous intégrer surtout que ce n’est franchement pas difficile ! Il est utile de prendre un « security guard » local (jaga malam) en plus de notre roquet, surtout que les cambrioleurs sont presque toujours des locaux. Les Balinais, qui ne sont pas tendres entre eux, les lynchent sans pitié si bien qu’un voleur pris en flagrant délit aura intérêt à courir se livrer à la police plutôt que de se soumettre à la justice de ses pairs! Et je me suis laissé dire que le security guard du banjar était la meilleure garantie pour éviter de se faire cambrioler, ils font leur petite justice entre eux même si la justice en question ressemble souvent à du racket. Les Balinais craignent davantage leurs pairs que nous les Bule qui n’osons souvent pas employer les grand moyens et appeler la police, nous culpabilisant du fait qu’on a plus de moyens matériels qu’eux. De même, dans le cas des femmes de ménage prises la main dans le sac après avoir embarqué discrètement nos affaires, le mieux est d’en informer le banjar. Demander auparavant à notre « pembantu » une photocopie de sa pièce d’identité (kopi KTP). Plus d’une personne a eu la mauvaise surprise de voir sa maison vidée à un retour de week-end, son adorable femme de ménage ayant, bizarrement, disparu en même temps que les meubles. C’est là qu’on s’aperçoit que, somme toute, on ne savait rien sur cette Ketut qui, depuis, demeure injoignable sur son portable ! De plus, lui demander une copie de sa pièce d’identité a, bien entendu, un effet dissuasif ! Bref, pour en revenir à ce couple de Français, espérons qu’ils se remettront rapidement de ces évènements traumatisants et ne prendront pas trop impulsivement de décision définitive!
Nancy CAUSSE YOGYA, dite PAPAYA
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