Anne Montion, première visée par les commentaires de Gérard Luzi que nous avions publiés en avril dernier sur les agressions de plus en plus nombreuses de femmes seules à moto, a déjà répondu le mois dernier. Là, c’est un autre lecteur qui déplore ce courrier où il était expliqué que les Occidentaux de Bali n’avaient que ce qu’ils méritent…
Bonjour à vous tous. Je lis toujours avec beaucoup de plaisir la gazette de Bali et je dois avouer que j’adore le côté « polémique » que peut engendrer certains articles. Je connais Bali depuis 10 ans et je suis un nouvel expatrié, j’avais pensé trouver, à Bali, une sorte d’esprit de famille à la française, genre le village des irréductibles gaulois, mais à la lecture du courrier de Gérard Luzi, je ne peux que réagir. Si le sujet était : « les expatriés se plaignent qu’il y a trop de bruit » ou « être mal reçu dans les restaurants », on pourrait comprendre, mais là c’est juste de la misogynie et une leçon de morale que l’on a déjà lue cent fois dans les colonnes de la gazette.


Les faits : Anne, une femme donc, se plaint d’une recrudescence de la violence et de l’insécurité qu’elle perçoit. Elle vit à Sanur, à travers son expérience et celle des ces amies, elle exprime son désarroi, elle pose des questions légitimes et soulève une distorsion entre ce que peut écrire la gazette de Bali en 2011 et ce qui se passe en 2014.

Même si la réponse de Socrate ne me satisfait pas totalement, on y trouve tout de même un certain respect et une remise en question, mais la réponse de Gérard Luzi est juste hallucinante, en résumé : si vous ne voulez pas vous faire attaquer, il ne faut pas choisir des endroits « touristiques » pour s’y installer, ma bonne dame, comme des « millions » d’autres étrangers. Avec une phrase d’une stupidité sans nom :

«  Pourquoi voudriez-vous que les gens du cru se sentent tenus par des règles quand les étrangers n’en respectent aucune… » Euhhh, voyons voir… peut-être par ce que cela montrerait qu’ils sont plus intelligents que les « millions » d’étrangers qui effectivement, ont parfois des attitudes irresponsables, outrancières ou impudiques…

Cette réaction me fait penser à ces hommes qui, quand une femme se fait violer répondent : « elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça », d’où l’expression typiquement masculine : « c’est un appel au viol ». Le problème n’est pas de savoir « qui habite où » et même d’ailleurs comment vivent les Balinais, mais juste de répondre à un appel au secours, à un cri d’alerte d’une femme qui ne se sent pas en sécurité.

Nous, le sexe fort, le réservoir à testostérone, le mâle Alpha, devrions nous peut-être nous mettre un peu plus à la place des femmes, ne pas les désigner comme coupables, comme l’écrit Gérard, mais bien comme victimes et les défendre quand elles nous le demandent au lieu de donner des leçons d’adaptation à la vie balinaise dont, personnellement, je me fous royalement dans cette situation précise.

Il ne s’agit pas là uniquement du problème d’Anne, Gérard, mais de dizaines de femmes qui ont déjà connu ce traumatisme, qui ont peur de prendre leur scooter et il ne s’agit pas du problème d’une femme expatriée, Gérard, mais de femmes de toutes nationalités, y compris des Indonésiennes, qui finissent à l’hôpital car ces criminels ne se contentent pas de voler un sac mais font également tomber la conductrice et la finissent à coup de bouteille de bière ou de batte de baseball. Je fabule ? Mon amie s’est faite agresser, à scooter, sur Sanur, il y a de cela deux semaines par deux Indonésiens qui lui on volé son sac et essayé de la faire tomber, et en parlant autour de nous (et oui, il faut aussi s’intéresser aux autres), ce sont des dizaines de femmes balinaises qui ont connu la même expérience et, pour beaucoup, terminé à l’hôpital. Pour conclure, il y a seulement quelques jours, Valéria, maman du petit Marlon a été agressée et, à ce jour, est dans un état critique. Son mari appréciera certainement votre pertinente analyse de comptoir.

Il est peut-être temps de sortir du Bali authentique et de se préoccuper des autres, de la vie en « ville » car un jour ou l’autre cela arrivera à la campagne. La question n’est pas de savoir si les femmes sont coupables, si elles le méritent mais : comment faisons nous pour mettre un terme à cette situation ?


Bali n’est pas en cause, les Balinais non plus, mais une poignée d’individus nous menace, toutes nationalités confondues, et il est temps de réagir, tous ensemble, Indonésiens et expatriés, ensuite nous pourrons polémiquer sur le plaisir de vivre la porte ouverte et les joies de partager la vie balinaise.

David Mothe

PS : Pour reprendre l’expression de Gérard : « On a le Bali qu’on mérite », mais je rajouterais : « il y a aussi des expatriés dont on se passerait bien »


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motard dans la cendre

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merapi novembre 2010

face sud du merapi

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paysage de désolation après le passage des lahar