Comme il arrive régulièrement depuis la création de la Gazette, un lecteur s’étonne de notre liberté de ton. C’est oublier que l’Indonésie est une démocratie depuis presque vingt ans maintenant, avec une liberté d’expression garantie, ce qui est tout à l’honneur du pays…
Bonjour à toute l’équipe du journal. Je viens de découvrir la Gazette et je suis ravi de pouvoir lire des articles en Français sur les événements de la vie à Bali, ainsi que ceux du pays en général. Je dois vous avouer qu’en tant que résident retraité, ma surprise fut grande de découvrir tout ce qui se passe en actualités, (politique, justice, etc...). Mon rêve est brisé... Je me suis même posé la question de savoir s’il n’était pas dangereux pour les journalistes et la Gazette de publier ces articles documentés, sans problème, sans censure. Je suis en admiration que ça marche. Merci pour votre excellent travail journalistique. Cordialement.
Wayan JC (Jawa)
La réponse de la rédaction…
Bonjour et merci pour votre courrier et vos félicitations. Parce que nous sommes étrangers et souvent isolés dans notre bulle linguistique et culturelle, nous sommes quelquefois un peu coupés du pays dans lequel nous avons élu domicile. C’est donc notre travail que de vous informer de l’actualité très riche de ce pays. Comme dans la plupart des pays du monde, l’actualité est souvent noire, voilà pourquoi par exemple nous avons décidé de passer les infos les plus anxiogènes uniquement sur notre fil d’actualité Twitter, nous les avons presque toutes supprimées de notre compte Facebook et du journal papier.
Relayer l’info est un métier difficile, il faut choisir et hiérarchiser. Ne pas être béni oui-oui en ne passant que des infos positives, ne pas jouer les jeux du cirque et attiser le goût du sang en ne passant que des infos anxiogènes et sanguinolentes. Pour nous qui vivons à Bali, dans la première destination touristique du pays, c’est un souci quotidien que de jouer avec cet équilibre subtil pour donner l’image la plus vraie et juste du pays sans angoisser nos visiteurs et les résidents qui ont décidé de s’y fixer. C’est une vraie responsabilité parce que les acteurs du tourisme (hôteliers, voyagistes...) et les gens de l’office du tourisme de l’Indonésie souhaiteraient bien évidemment nous voir plutôt faire rêver les touristes et relayer une image de magazine papier glacé du pays. On nous lit, on nous scrute, on nous observe en haut lieu, à Denpasar, Jakarta et Paris mais nous n’avons jamais eu de pression ni de censure ni de procès en presque 12 ans d’existence. Mais il est vrai que nous prenons les devants, nous nous auto-censurons sur quelques sujets très sensibles et nous documentons toujours nos articles en citant des sources journalistiques indonésiennes. Il est vrai aussi que notre sensibilité occidentale nous fait voir les choses d’une manière différente qui ne peut pas être exprimée publiquement ici au risque de froisser la sensibilité et la fierté nationales, nous en avons conscience et respectons les Indonésiens qui nous accueillent dans leur pays.
Les autorités ont sans doute conscience de la justesse de notre démarche et du fait que nous ne franchissons jamais les limites (disons plutôt, presque jamais). Notre action journalistique et culturelle, notre quête d’une image la plus exacte de ce pays, contribuent certainement à promouvoir et valoriser Bali et l’Indonésie plutôt qu’à noircir sa réputation... car nous sommes avant tout de vrais amoureux de l’Archipel ! Bien cordialement et bonne lecture.
Socrate Georgiades
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