Les problèmes d’insécurité sont de plus en plus fréquents à Bali, nous ne pouvons le nier. Voici le témoignage d’une lectrice qui interpelle le journal sur les conseils qu’il donne en la matière, des conseils qu’elle estime inadéquats à la situation actuelle…



Bonjour à toute l’équipe, je ne sais pas si ce genre de choses se fait, mais j’aimerais vous suggérer d’aborder un sujet pour la Gazette. Je vis à Bali depuis 4 ans (Denpasar puis Sanur) et plus ça va et moins je me sens en sécurité. Je ne sais pas si c’est un sentiment partagé par beaucoup mais en tout cas, depuis 1 an, les épisodes malheureux autour de moi se répètent. J’ai trouvé un article sur Internet datant de 2011 où vous disiez : « Les agressions de touristes à Bali et en Indonésie sont rarissimes, pour ainsi dire inexistantes. C’est un pays très sûr où l’on peut sortir à toute heure du jour et de la nuit sans encombre. A noter aussi que les motos et mobylettes ne sont pas pourvues d’antivol pour la bonne raison qu’il n’y a pas de vol. On note cependant quelques cambriolages. »

Et c’était mon discours aussi jusqu’à présent, mais ça ne l’est plus. En moins d’un an, à 3 reprises des gens se sont introduits chez moi (alors que j’étais présente), et à 6 reprises des gens de mon entourage se sont fait voler leur sac à main à moto (1 Indonésienne, 5 Françaises, toujours seules). Quand on voit l’action de la police suite au dépôt de plainte… mis à part vous demander 50 000 rp et vous draguer au passage… rien n’est fait. Donc, on ne déclare même plus, on se dit que ça ne sert à rien. 

On m’avait conseillé de porter mon sac en bandoulière pour décourager les voleurs. Cela semblait une bonne idée, sauf qu’une amie à moi s’est fait trainer sur le bitume sur plusieurs mètres pas plus tard qu’avant hier (d’où mon email,  je pense être encore choquée). Donc je me dis qu’il vaut
peut-être mieux le porter sur l’épaule et je préfère que seul mon sac s’envole et non ma peau (ou pire) en plus. Pour l’instant, je ne me sens en sécurité qu’à l’arrière de mon copain car je me dis que les voleurs n’oseraient pas attaquer une femme avec un homme, de surcroit un homme Indonésien, mais peut-être suis je seulement naïve.

Savez-vous s’il existe un moyen de faire remonter ces informations afin d’espérer une action quelconque ? Existe-t-il une association qui tente de sensibiliser le gouvernement et les autorités locales à ces questions ? Je pose la question avec peu d’espoir d’une réponse, je vous avouerais…

La police s’en moque a priori, le banjar de mon quartier n’a pas l’air très réceptif non plus. Donc je me dis que si vous en parlez dans la Gazette, ça peut sensibiliser les gens à faire plus attention et donner des astuces ou conseils. Merci pour vos commentaires. Bonne journée.



Anne



La réponse de la rédaction…


Bonjour Anne, merci pour votre message. C’est vrai que ma fiche sur la sécurité date un peu, les choses changent à Bali. Je rechigne un peu à la mettre à jour parce qu’il est difficile d’admettre que le niveau de sécurité s’est dégradé, on aime se complaire dans l’idée qu’on vit à Bali loin des maux des pays développés.

Je me sens bien désolé pour votre amie victime de cette agression, j’espère qu’elle n’est pas trop gravement blessée.  Oui, il y a de plus en plus de vols à l’arraché à deux-roues avec parfois pour conséquence des chutes assez graves des victimes. Les voleurs passent un très mauvais quart d’heure quand ils se font attraper, il semble qu’il n’y ait jamais de procès… surtout quand ils viennent des îles avoisinantes.

Le conseil qui est donné aux femmes à Bali, surtout sur la zone de Kuta, c’est d’enfermer leur sac sous la selle de leur deux-roues. Quand on se fait agresser, c’est nécessaire d’aller en faire état auprès de la police, pas vraiment parce qu’ils vont se mettre aux trousses des détrousseurs mais parce que ça va entrer dans les statistiques de délinquance et ça leur permettra d’avoir des moyens supplémentaires pour lutter contre ces voleurs. C’est le sens du discours que nous avait tenu un policier en février 2013  lors d’une réunion au restaurant Métis sur ce sujet intitulée « Crimsafe Information Evening ». Un intervenant en arts martiaux et auto-défense rappelait l’importance de ne pas chercher à lutter contre l’agresseur, jamais. Enfin, c’est une Australienne, policière à la retraite, qui était à l’origine de cet événement, c’est elle qui anime et compile les témoignages recueillis sur  la page « Mugged in Bali » de Facebook. Je vous invite à y témoigner vous aussi ainsi que votre amie.

Concernant les cambriolages et autres agressions dans les maisons, il suffit d’observer les villages traditionnels balinais pour comprendre que les habitants de l’île se prémunissent contre les agressions en vivant de manière très regroupée. En cas de pépin, il suffit de taper quelques coups sur le kulkul et tout le monde sort avec sa sabit à la poursuite du voleur. Avec la dispersion de l’habitat comme on l’observe par exemple sur la zone de Canggu, les étrangers s’exposent dans leurs maisons isolées, c’est un peu l’occasion qui fait le larron. Il faut tâcher de vivre dans des gang plutôt que dans une maison isolée avec vue imprenable sur les rizières et accès direct pour voleurs de tout poil. J’ai remarqué à la réunion de l’an dernier qu’il y avait une majorité de nouveaux arrivants, plutôt aisés, plus très jeunes et ne parlant pas du tout l’indonésien. Ils ne connaissent pas du tout les us et coutumes de Bali et sont donc plus exposés que toutes les autres catégories de population aux agressions et autres indélicatesses.

Les banjar ne sont pas très réceptifs à ces problèmes. On croyait jusqu’à présent que les voleurs ne se recrutaient que dans les îles voisines mais on découvre avec effarement que les plus gros coups sont le fait d’habitants de l’île qui croient certainement à leur impunité. On m’a rapporté cette semaine qu’un couple de touristes chinois avait été détroussé sur les bords de la rivière Ayung par des jeunes du coin…  Eh oui, tout change à Bali même si on est encore bien loin du niveau d’insécurité qui règne même simplement dans les petites villes françaises. Voilà, j’espère que mes commentaires à votre courrier vous apporteront un peu d’aide. Bien cordialement,



Socrate Georgiades

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