Retour de l’écrivaine Papaya avec un petit texte sur la corruption ordinaire…
La corruption prospère sur le terreau de toutes ces situations apparemment anodines où l’Indonésien n’ose pas s’affirmer par peur de déplaire ou de se faire remarquer : au warung où il n’osera pas renvoyer un plat infect à la cuisine ou bien au travail où il ne mouftera pas si on lui fait faire des heures sup à gogo. Hier, de retour de France, je me suis présentée au poste de police pour faire enregistrer ma présence sur le territoire indonésien. Il faut se dépêcher, on n’a que 24h pour le faire (une seule nuit, pour être précise) et il parait que de nos jours des policiers affamés rôdent autour des kost (= studio) à touristes pour vérifier que la loi est appliquée. Comme je me suis déjà fait griller une fois je me dépêche ! Les amendes sont costaudes. Moi, j’ai payé 5.000.000 rp… négociable, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais certains bailleurs ou hôtes négligents ont raqué encore bien plus que cela, parait-il. Le policier me demande pourquoi c’est moi qui vient et non mon propriétaire. « Il ne peut s’absenter de sa boutique » réponds-je. Il remplit alors un formulaire sur une machine à écrire à l’ancienne et me le tend. « C’est tout ? » demandé-je bêtement.
Zut, pourquoi lui ai-je tendu une perche ? Voici qu’il me montre deux doigts en me regardant d’un air glauque. Je fais semblant d’avoir reconnu le V de la Victoire mais il précise « 20000 rp for admin’. » « Ah bon ?? Y a des fois ou c’est payant et des fois où c’est gratis ?? » Euh, il n’avait rien dit ! Il balaye vite tout ça d’un «Tidak apa apa! » et me voilà dehors.
Plus tard, à l’occasion d’un coup de téléphone à mon propriétaire, je glisse à celui-ci que le policier a regretté son absence. « Normal ! Si c’est moi, le Balinais qui me présente, il va me soulager de 50 000 rp, c’est plus rentable pour lui.» Et il rit, selon la coutume. Nancy Causse Yogya dite Papaya
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