Enervements, enervages et enervabilité

Le rotin synthétique, objectivement, c’est moche, non ? Je ne suis pas un fan du rotin en général, mais alors, ces meubles de jardin en plastique, vraiment, c’est à chier ! Des designs tristes à mourir et cet aspect clean… Et les arguments de vente, vous avez vu ? Ecologique, protection de l’environnement !? Du plastique imputrescible qui se retrouvera tôt ou tard dans une décharge sauvage et nous empoisonnera pendant des siècles ! Recyclable, sans doute, recyclés plus tard, peu probable… Sans parler du manque à gagner subi par ceux qui cultivent le rotin, ceux qui le travaillent traditionnellement, car ces matières synthétiques sont importées ! Le prix de ces horreurs ? Exorbitant ! Décidément, tout pour plaire.
Une autre vision du luxe ! Pour soutenir Rainer, encore une fois, et bien d’autres qui dénoncent la poussée de ces villas de rêve plantées sur 2 ares de terrain, flanquées d’une piscine au raz du salon, 2 m2 de pelouse et un frangipanier rachitique, je dis : misère ! C’est ça, le rêve, le luxe ?! Vingt villas, blocs de béton sans âme, toutes pareilles, sans verdure, sans horizon. Chez moi, on appellerait ça « logement social ». Du social à 250 000 $ minimum, pas mal… Le truc, pour faire avaler la pilule ? Quelques gadgets électroniques (écran plasma, WiFi internet, etc.) dont le montant ne dépasse pas 5000 $. Et les retours sur investissement garantis par le vendeur… Sérieusement, j’en parlais hier avec un ami qui est justement en train d’en construire trois, sur 8 ares. Il me disait que, pour construire ce genre de chose, sur 2 ares et demi, il fallait compter 40 000 $ maxi ! Ca, c’est le prix pour un petit projet, imaginez sur un gros. Mais il y a mieux, celui qui plante sa demeure au beau milieu des « rice fields ». Vue imprenable pour lui, et foutue pour les autres ! Un blockhaus au milieu de la verdure, une verrue, misère encore !
Je m’intéresse un peu au sujet car je cherche actuellement à me loger, construire moi aussi la villa de mes rêves. Considérant tous ces paramètres, c’est pas facile… Une des possibilités serait de contracter, avec quelques amis, une parcelle et de nous y installer. Récemment, nous avons eu une proposition à Canggu. Un terrain de 25 ares, portion d’une magnifique rizière, en forme de cirque, dont il suffisait d’assécher une partie afin d’être chez nous pour 25 ans ! Un endroit vraiment extra, comme on n’en trouve plus beaucoup. J’ai essayé de m’imaginer le paysage, après les travaux… Un site exceptionnel ravagé par notre égoïsme, notre insouciance. En effet, ce paysage qui nous enchante disparaitrait immédiatement dès que nous y serions installés ! Et il y a fort à parier que, dans les 5 ans à venir, bien d’autres auront la bonne idée de devenir nos voisins… Adieu la vue imprenable, l’exclusivité, vive le lotissement social ! J’ai bien entendu renoncé, cherché dans le village un terrain mieux adapté. On peut bien aller admirer le paysage à pieds et vivre un peu plus près de nos hôtes, les Balinais, partager un peu la vie du village, après tout ! A suivre… Comment peut-on affirmer aimer un pays et le défigurer en même temps, apprécier ses habitants et s’en protéger par des murs de 4 mètres ?
Pour finir, un petit mot sur la culture ou plutôt la copie, la propriété artistique… Deux articles intéressants dans la Gazette du mois de juillet ! Le premier de Wayan Dewa qui explique qu’un artiste balinais est avant tout un artisan au service de la communauté, que l’idée de postérité n’existe pas. Que l’invention ou la copie font partie du travail de l’artiste. Un autre article signé Socrate Georgiades à propos de la bataille menée par Sens’O et son patron. Deux opinions qui divergent aux antipodes ! Progressisme d’un côté, conservatisme de l’autre, arrogance contre humilité ? Entre les deux, il y a Christophe Dailly qui s’exprime sur le sujet. Pour lui, la parade, c’est l’imagination, la créativité, les procédés de fabrication. Plus sain, à mon avis, comme propos. En effet, vouloir protéger son casse-croûte, rien de plus normal. En revanche, les arguments et démarches employés par M. Tenace sont un peu douteux. Prétendre vouloir défendre l’intérêt de l’artisanat indonésien, des travailleurs locaux, là, je me marre ! Paye-t-il ses employés au tarif européen pour qu’ils puissent « aller se faire bronzer sur les plages » ? J’en doute ? Ses produits sont très bons, c’est un fait, il faut simplement accepter de rentrer dans le domaine public après avoir exploité une idée, se renouveler au lieu de s’accrocher fébrilement à une cause perdue d’avance. Le monde tourne vite, très vite, il faut sans cesse innover ! En fait, peut-être dis-je cela par pure jalousie car j’aimerais bien avoir un jour une idée de génie qui puisse assurer mes vieux jours ! Là, peut-être que je m’accrocherais de la même façon ! Voila, j’ai vidé mon sac, à bientôt.

Cyril Terrien

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motard dans la cendre

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merapi novembre 2010

face sud du merapi

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paysage de désolation après le passage des lahar