la réponse de Frédéric Alliod, conseiller audio-visuel de l’ambassade…

Pourquoi ce festival et quelle programmation pour Bali ? Le Festival du Film Français a pour objectif de promouvoir la richesse de la création cinématographique française récente. Il s’agit tout d’abord d’une manifestation culturelle qui offre au public indonésien, français et à tous les amoureux du cinéma en général, la possibilité de voir des films différents qui n’auraient autrement pas la possibilité d’être projetés dans ce pays. L’enjeu n’est ni plus ni moins que celui de la promotion de la diversité culturelle.
Il s’agit ensuite d’une vitrine commerciale pour les films français grands publics. L’objectif est de tester dans les salles, en partenariat avec les distributeurs et exploitants indonésiens, des films dont ils pourraient potentiellement faire l’acquisition. Outre le simple soutien aux exportations françaises, l’exploitation commerciale d’un film permet le prolongement de sa diffusion culturelle à l’échelle nationale. Il s’agit enfin d’un outil de coopération, de partage des savoirs et des compétences. C’est pour cela que nous avons organisé différents ateliers, discussions et rencontres professionnelles (« réalisation de vues lumières », « création de costumes pour le cinéma », « discussion sur l’œuvre de Maurice Pialat »…) à Jakarta et Yogyakarta.
Le festival a eu lieu dans 7 villes : Jakarta, Lampung, Bandung, Yogyakarta, Semarang, Surabaya et Kuta (Bali). En tout, 28 films (dont deux avant-premières) ont été présentés lors de cette 13ème édition du Festival du Film Français en Indonésie. Très diversifiée, la programmation a été saluée par la presse et par le public qui est venu en masse. Organiser un tel festival en province présente, il est vrai, différents défis. Sans me perdre dans les détails, je mentionnerai cependant le défi logistique : montrer une sélection de films de qualité dans différentes villes, sans pour autant bloquer les copies en Indonésie puisque celles-ci repartent ensuite dans d’autres festivals à travers le monde. Malgré tout, nous avons fait le maximum pour présenter 4 films à Bali cette année. La sélection des films projetés en province, dont « Serko », « Mon petit doigt m’a dit », « Les témoins » et « Flandres, s’est faite parmi les acquisitions récentes du Bureau du Film du Ministère des Affaires Etrangères. Chaque année, le MAE achète les droits de projection non-commerciale de films français de qualité, jugés représentatifs de la puissance artistique de notre cinéma. « Serko », magnifique film d’aventure, offre un spectacle inédit aux spectateurs de Bali. « Mon petit doigt m’a dit », adaptation d’un roman d’Agatha Christie, est un film à la fois drôle et mystérieux, intelligent et divertissant. Dans la veine du grand cinéma d’auteur français, « Les témoins » est brillamment mis en scène et interprété : César 2008 du Meilleur Second Rôle Masculin, le film a également reçu trois autres nominations et était en compétition pour l’Ours d’or de Berlin. Le sujet peut plaire ou pas, cela n’entame en rien les qualités artistiques de ce film. Vient enfin « Flandres ». Grand Prix du Festival de Cannes 2006. Œuvre radicale, certes. Surréaliste cependant. Par sa violence sans complaisance, il concerne un public plus limité. Est-il néanmoins moins acceptable que les films d’horreur « gores » dont sont friands les adolescents indonésiens ? Nous avons offert l’opportunité au public de Bali de découvrir ce film célébré par la critique internationale. Cela a été également le cas à Jakarta et dans d’autres villes où, même si le film a été diversement apprécié, la démarche a été saluée. Au total, à Bali, le festival a attiré 830 spectateurs, ce qui est tout à fait satisfaisant.
Le Festival du Film Français en Indonésie est organisé sous le haut patronage du Ministère de la Culture et du Tourisme. Tous les films sont soumis au Comité de Censure. Nous suivons leurs recommandations. Comme dans de nombreux autres films, « Les témoins » et « Flandres » montrent des scènes intimes. Une fiche d’instruction a donc été éditée, indiquant au projectionniste les séquences pour lesquels le floutage est exigé. Spontanément, et bien que le festival en province soit gratuit, nous avons fourni des tickets à nos relais locaux leur permettant de contrôler et de filtrer les spectateurs. Le catalogue proposait un synopsis pour chaque film. L’édition 2008 du Festival, dans sa globalité, a atteint ses objectifs. C’est un succès à la fois critique et public. Nous offrons au public d’avoir le choix. Une alternative. Cela étant précisé, il convient pour nous de faire le bilan et d’en tirer les conséquences. Bien loin de nous l’idée de choquer ou de déplaire sciemment. Si ces films d’auteurs, pointus et exigeants, ne trouvent pas leur public à Bali, nous nous adapterons. Fort de cette expérience, nous composerons pour la prochaine édition un programme plus diversifié, composé de films divertissants mais également de films en phase avec la société française et la création cinématographique contemporaine. Et si possible, un festival avec plus de films, grâce au soutien que pourrait nous apporter de nouveaux sponsors.

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merapi novembre 2010

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